Sur le fil précédant on remettait en question l’échange Drouin/Sergachev allant jusqu’à dire qu’il était pire que l’échange McDonagh/Gomez. Je m’insurge contre cette affirmation. Ça ne se compare même pas. Gomez était un trentenaire sur le déclin et surpayé, Drouin n’avait que 22 ans au moment de l’échange et une saison de 53 points en banque. Aussi, Sergachev est tombé dans un club paqueté. Penser que son développement aurait été aussi bien à Montréal qu’à Tampa n’est pas réaliste. Tu passes d’un club qui rate les séries à un club aspirant à la coupe. Cooper a eu tout le loisir de protéger Sergachev des minutes difficiles. L’inverse est aussi vrai, Drouin est parti d’un club aspirant pour un club qui n’avait même pas encore pris la décision du « reset ». C’est tout dire.
De plus, si Sergachev reste à Montréal, le CH se lance-t-il dans le repêchage de nombreux défenseurs gauchers? Romanov, Struble, Norlinder et Harris sont-ils dans le pipeline du club? On ne le saura jamais, mais il loisible de penser que le club aurait focalisé plus sur des avants sans Drouin dans l’équipe et avec Sergachev. C’est comme la question de Radulov, si le CH le prolonge, Kotkaniemi et Suzuki sont-ils avec le CH aujourd’hui? Cette fois-ci, ce n’est pas une question de besoin positionnel qui est en jeu, c’est une question de performance de l’équipe. Avec Radulov le club ne serait pas tombé aussi bas en 2018, probablement pas assez bas pour repêcher Kotkaniemi, puis un Radulov sur le trio de Pacioretty fait peut-être en sorte que l’échange avec Vegas n’a jamais lieu. C’est bien des suppositions, je sais, mais l’important c’est de regarder la globalité des choses et voir où le club en est vraiment. Le CH entre dans une phase où il y a une relève prometteuse dans les buts et en défense. Il a aussi deux jeunes joueurs de centre comme le club n’a pas eu depuis très longtemps. La position d’ailier demeure à améliorer, tant au niveau de la qualité offensive que du gabarit physique, mais ce n’est pas un désastre non plus, et le DG du club a du matériel et la redondance potentielle à certaines positions pour travailler à régler ce problème. Aussi, Drouin n’a pas dit son dernier mot. À sa première saison à Montréal il est arrivé dans un club où les deux premiers centres étaient Plekanec et Danault. Un Plekanec au bout du rouleau et un Danault qui n’était pas celui d’aujourd’hui. On est loin de Stamkos, Point, Gourde et Johnson.
Tout ça pour dire que, dans l’absolu, le CH ne referait probablement pas la transaction Drouin/Sergachev. Mais on vit dans un monde de relativité où un geste posé aujourd’hui peut avoir une influence importante pour très longtemps. Parfois le pas de recul est ce qui mène à une prise de conscience qui permet de mieux rebondir. Moi j’ai tendance à voir l’échange de Sergachev comme un point tournant qui a changé la façon de faire de l’équipe. La saison suivant cet échange a été désastreuse, le club a fini troisième pire de la ligue, et depuis ce temps Bergevin accumule des choix et repêchage. De plus on a échangé deux joueurs importants en Pacioretty et Galchenyuk pour un très bon retour.
Moi je vois un fil d’événements qui a mené à la situation actuelle. Le refus de surenchérir pour Radulov est un peu le point de départ, car cela a mené à l’acquisition de Drouin pour compenser cette perte à l’aile, mais aussi au repêchage de Kotkaniemi par la suite et peut-être à l’échange de Pacioretty car Drouin n’a pas su remplacer l’apport de Radulov. Cela ne veut pas dire qu’il n’y arrivera pas dans l’avenir. On ne saura jamais où en serait l’équipe si Bergevin avait décidé de ne pas faire ce fameux échange, mais une chose que je sais, c’est que j’aime ce qui a suivi et j’aime la position du club à l’heure actuelle.