La fin de la lune de miel

Elle aura duré longtemps pour Martin Saint-Louis, la lune de miel, mais il semble bien qu’elle soit finalement terminée. La réalité a enfin rattrapé l’ancien joueur vedette propulsé entraîneur chef depuis les rangs pee-wee. Je l’avais écrit ici lors du congédiement de Dominique Ducharme, le coach n’était pas le problème majeur du CH. Le problème qui explique le mieux la chute du CH depuis sa présence en finale de la coupe Stanley est la perte de Philippe Danault. On le voit actuellement, il y a un trou béant au poste de deuxième centre. Sean Monahan avait bien tenu le rôle de Danault en début de saison, mais depuis qu’il est à l’écart du jeu, on a vu Suzuki incapable de maintenir son niveau de jeu. Bien sûr l’absence d’un bon deuxième joueur de centre n’explique pas en totalité la chute de rendement de l’équipe, il y a eu d’autres pertes, mais c’est un facteur important et dont on ne parle pas assez. En l’absence de Danault ou Monahan à ce poste, le club n’a connu qu’un mois relativement bon, et c’est l’hiver passé après l’arrivée de Saint-Louis à la barre de l’équipe, qui a alors roulé pour une douzaine de matchs sur l’adrénaline. On avait identifié le coupable, Ducharme, les joueurs étaient ainsi dédouanés, mais après ce mois de regain, le club s’est remis à perdre jusqu’à finir dernier au classement général.

Cet automne on a vu l’arrivée de quatre défenseurs recrues qui ont surpris, et qui continuent de bien faire malgré les circonstances, mais on se rend compte de l’importance que l’arrivée de Monahan eu. Sa présence a redonné un appui nécessaire à Suzuki et son absence ne peut donc que se faire sentir. Je me répète, mais Monahan arrivait à apporter sensiblement ce que Danault apportait, soit un jeu défensif fiable et une production offensive de 50-55 points sur 82 matchs. Aussi, sa présence au centre du deuxième trio avait permis d’envoyer Kirby Dach à l’aile du premier trio. Certains pensaient que Christian Dvorak pourrait remplacer Danault et que sa faible saison l’an passé résultait du fait de s’être retrouvé sur une équipe troublée, mais on voit cette saison que Dvorak est un centre assez ordinaire de troisième trio.

Ce texte n’a pas pour but de rabaisser Martin Saint-Louis, juste de réitérer mon opinion selon laquelle Saint-Louis a été malencontreusement mis sur un piédestal par la faune médiatique depuis son arrivée. J’ai donc l’air de le rabaisser, mais ce n’est pas le cas car il est là où je l’ai toujours vu, c’est-à-dire un ancien joueur vedette avec un certain charisme, et une expérience riche du hockey professionnel, mais un gars qu’on a promu essentiellement à cause de son passé de joueur vedette qui voulait un jour devenir entraîneur chef dans la LNH. Un homme qui certainement connaît très bien le hockey, mais un coach qui apprend sur la job et qui ne peut pas à long terme rendre ce club meilleur que les joueurs qui le composent, et qui ne peut pas non plus faire maturer ses jeunes joueurs à un rythme plus élevé que leur rythme naturel. L’expérience ne s’achète pas, c’est vrai pour Saint-Louis, et c’est vrai pour ses jeunes joueurs.

Le portrait que je brosse semble bien négatif, mais il ne l’est pas. Saint-Louis, malgré son inexpérience comme entraîneur a assez de bagage et de qualités personnelles pour tenir la barre, garder le cap et permettre justement à ses jeunes de ne pas s’enliser totalement. Cette année devait en être une autre difficile et sans Monahan c’est que l’on voit. Ceci dit, Monahan est un joueur fragile de 28 ans qui ne cadre pas dans le futur à moyen terme de cette équipe. Son acquisition a été le meilleur coup de Hughes, un cadeau tombé du ciel par un concours de circonstances où le CH, avec Price qui s’en allait sur la LTIR, était une des seules équipes avec la masse salariale disponible pour conclure un échange avec Calgary. Ceci dit, Monahan devrait bientôt revenir au jeu et Hughes ne devrait pas risquer bien longtemps qu’il se blesse de nouveau avant de l’échanger pour un choix de fin de première ronde et un espoir B, ou un espoir A et un choix de 3e ronde. Vous avez le choix entre une transaction sur le modèle Toffoli ou Lehkonen.

Ce que cette saison démontre jusqu’à maintenant c’est que le CH doit s’améliorer à l’avant. Le club a déjà des espoirs intéressants, Slafkovsky, Roy, Beck, Farrell, Mesar et quelques autres. Ceci dit, il y a clairement un manque pour s’assurer d’une suite positive. Il se peut que Beck deviennent ce fameux deuxième centre et que Roy deviennent un ailier offensif de grande qualité, mais en ce moment le club ne peut pas se fier sur un tel dénouement. L’ajout d’un ou deux autres espoirs offensifs de niveau A viendrait consolider le futur du club. Une autre transaction à la Kirby Dach pourrait aussi être envisagée pour accélérer le processus. Je veux dire par là l’acquisition d’un espoir au lieu d’un choix de repêchage. Ceci dit, les clubs comme Chicago, prêts à brader des jeunes joueurs talentueux, ne courent pas les rues. Hughes doit continuer sa pratique opportuniste, comme pour Dach, Monahan et le premier choix non protégé de Floride. Il reste plusieurs vétérans de bonne valeur à être échangés d’ici le repêchage de 2023, Monahan, Dvorak, Anderson, Matheson et Edmundson, sans compter le bois mort qui partira à la fin de la saison, Drouin, Byron et Dadonov. Parmi les vétérans actuels il pourrait ne rester que Gallagher, Armia et Hoffman parce qu’ils sont tous impossibles à échanger au vu de leur situation contractuelle. Si les échanges de vétérans se concrétisent, Hughes aura la latitude salariale pour acquérir à faible prix d’autres vétérans avec une ou deux années de contrats restantes, histoire de boucher des trous à court terme.

Si on regarde l’alignement potentiel pour l’an prochain, on voit bien que les trous sont à l’avant où il manque aussi de la grosseur. Il n’y aura pas de solution miracle pour l’an prochain qui devrait aussi être une saison difficile pour le club si HuGo restent fidèles à l’idée d’être patients et de reconstruire en évitant les raccourcis. Roy, Kidney et Farrell vont passer pro, reste à voir si un ou deux d’entre eux sera prêt à faire le saut directement avec la CH. Mailloux et Struble devraient donner leurs premiers coups de patin professionnels à Laval. À terme le club pourrait avoir un surplus en défense et pouvoir faire un échange à la Romanov. Beck et Mesar devraient retourner jouer une dernière année junior. Le risque le plus important qui guette le club est la tentation du raccourci avec un gros échange de jeunes actifs contre de l’expérience. Il y a aussi le risque de répéter un échange de type Drouin-Sergachev, soit pour Pierre-Luc Dubois ou Alexis Lafrenière.

Caufield-Suzuki-XXXXX
Slafkovsky-Dach-Hoffman
Armia-XXXXX-Gallagher
Pezzetta-Evans-XXXXX
Ylonen-Richard-Heineman

Guhle-Savard
Xehkaj-Barron
Harris-Kovacevic
Wideman

Allen-Montembeault