L’organisation des Canadiens de Montréal vient de confirmer qu’elle est comparable à un joueur compulsif. Elle avait pourtant été en thérapie et se tenait loin du casino depuis quelques années. L’observateur naïf que je suis pensait qu’elle était finalement guérie de cette maladie, du moins, je l’espérais. En fait, je voyais venir la rechute depuis un certain temps, mais j’espérais que les circonstances sauvent la direction du CH d’elle-même, et quand je parle de direction, j’inclus Geoff Molson au premier chef. J’espérais donc le refus de certains joueurs de signer à Montréal, ou des demandes beaucoup trop élevées de leur part qui freinerait le « gambler » tricolore. Malheureusement, la pulsion du jeu et du risque a été plus forte que tout. L’organisation montréalaise est bel et bien en rechute.
En entrevue en septembre 2019, Geoff Molson avait pourtant parlé d’une équipe qui deviendrait très compétitive dans trois ans. Voilà qu’un an plus tard il joue à la roulette comme s’il n’y avait pas de lendemain. Le club n’a pas agit ces derniers jours comme un club qui vise le succès réel dans deux ans. Il a agit comme un club qui vise les grands honneurs tout de suite et qui ramassera les pots cassés plus tard si ça ne fonctionne pas.
Dans toute cette histoire, pour le moment, il n’y a qu’un point positif, mais il est fondamental, Molson et ses employés n’ont parié qu’avec l’aspect salarial de l’équipe. Ils n’ont pas touché au pool de jeunes joueurs prometteurs, mais en mettant à risque la capacité salariale de l’équipe pour l’avenir, ils mettent à risque leur capacité à garder certains de ces jeunes joueurs dans le futur. Le risque inconsidéré du club est donc au niveau de la capacité salariale, c’est-à-dire la capacité future du club à avoir l’espace salarial nécessaire pour payer de très bons jeunes joueurs émergents. Les contrats de Price et Weber étaient déjà risqués à moyen terme, là le club vient d’ajouter Anderson à long terme et devrait doubler sa mise bientôt avec une prolongation de contrat à Gallagher. Ça fera environ 30 M$ immobilisés dans quatre joueurs qui auront beaucoup de difficultés à justifier la ressource salariale qu’ils accapareront.
Le CH a donc encore tous ses jeunes joueurs prometteurs, mais pourra-t-il les garder tous, ou sera-t-il forcé d’en échanger certains simplement par incapacité salariale? Peut-être, aussi, devra-t-il se servir de certains d’entre eux dans le futur en les ajoutant à des transactions de débarras de mauvais contrats? Le club a préféré miser sur les deux ou trois années potables que peuvent peut-être encore donner Carey Price et Shea Weber, plutôt que d’aller jusqu’au bout de la logique du plan de renouveau entrepris en 2018. En plein milieu du processus la direction du club a renoncé, malgré le fait que cette nouvelle approche semblait apporter des résultats prometteurs. Il fallait juste avoir la discipline et la patience nécessaires, mais ces notions sont étrangères au joueur compulsif en pleine rechute. Maintenant, ce sont les partisans comme moi, ceux qui croyaient au processus de rajeunissement, qui doivent se croiser les doigts et espérer que l’organisation aura de la chance, car c’est maintenant en bonne partie à la chance qu’elle semble vouloir s’en remettre pour gérer cette équipe.