Je le sais, mon titre peut paraître alarmiste. Disons que c’est plus une impression qu’autre chose. Je pense qu’il y a encore une possibilité pour que les choses ne tournent pas si mal, mais le rayon d’espoir est mince. Il y a beaucoup plus de faisceaux qui pointent du côté négatif, voire même vers une saison désastreuse. L’indication la plus inquiétante pour la saison qui vient est le statut contractuel du DG du club, Marc Bergevin. Ça sent la fin de régime. Comme si toute l’action de Bergevin comme DG avait culminé la saison dernière avec une présence en finale, à court de l’objectif ultime, et qu’après cet échec objectif, bien qu’une victoire morale, il ne pouvait y avoir qu’un recul marqué car pour en arriver là, trop d’énergies ont été sollicitées.
Quand on fera le bilan définitif de l’ère Bergevin à Montréal le nom de joueur qui sera au haut de la liste sera celui de Carey Price, un joueur dont Bergevin a hérité, mais sur lequel il a tout misé. La présence en finale a montré pourquoi Bergevin a tellement cru en ce joueur, mais en même temps, Price est un joueur fragile qui symbolise bien l’état actuel du club. Je dis du club, car l’organisation dans son ensemble, elle, est plus solide que le club qui sera sur la glace cette année. Je l’ai souvent répété, j’aime le pipeline créé ces dernières années par l’organisation et j’aime le fait que Bergevin a évité pour l’essentiel de toucher à ce pipeline, même si une l’offre hostile et inconsidérée à Aho a mené à la perte d’un très bon jeune joueur. Bergevin ces dernières années a déclaré que s’il devait partir il laisserait à son successeur une banque de bons jeunes joueurs. Pour le moment, c’est vrai.
Ceci étant dit, malgré tout le crédit que je donne à Bergevin pour la création et la préservation d’un bon pipeline, il n’empêche que pour ne pas toucher à cet actif précieux, il a accumulé les décisions malheureuses, surtout au niveau des décisions d’offres de contrats, et sa lecture de la situation de son organisation a souvent été erronée et parfois il a été plus chanceux que compétent. Ajoutez à cela son émotivité à fleur de peau qui constitue son principal handicap décisionnel. Un DG ne peut pas laisser ses sentiments pour ses joueurs l’affecter, et il semble clair que Bergevin n’a jamais su en faire complètement abstraction.
Le deuxième joueur derrière Price dans la liste des joueurs les plus importants de l’ère Bergevin a été Shea Weber, et aujourd’hui les deux ne peuvent pas être là pour aider l’équipe. Pour moi ça symbolise la situation précaire de l’alignement actuel de l’équipe, et ce pourquoi Bergevin est probalement sur ses derniers milles comme DG du club. Le reflux risque d’être sévère et il faudra un coupable. Toutefois, si tel est le cas, je ne comprends pas pourquoi Bergevin est toujours en poste. Pour moi il y a deux choix possibles à ce moment-ci pour Molson à propos du poste de DG. Soit il offre une prolongation à Bergevin avec un vote de confiance fort et le mandat d’amener le club dans l’après Price, ou bien il en fait le bouc-émissaire de la situation actuelle, en vantant ce qu’il a accompli de positif, mais en disant du même souffle qu’il faut quelqu’un de nouveau pour une nouvelle étape. Le problème c’est qu’il ne semble pas y avoir de dauphin dans l’organisation si on veut un DG qui parle français. Le seul candidat est Martin Lapointe et je doute qu’il ait la prestance pour occuper ce poste. Peut-être est-ce que je me trompe à son sujet.
Une chose est sûre, la situation actuelle est bizarre. Bergevin vient de donner un contrat de trois ans à Ducharme, mais lui-même est sur sa dernière année de contrat. Le club a eu une entre-saison très courte et ne semble pas avoir la fraîcheur mentale pour entamer une nouvelle saison. Le club ne semble pas affamé, il semble plutôt fatigué mentalement. Price, Weber et Danault laissent des trous énormes. Un des remplaçants, David Savard, s’est lui aussi rendu en finale et a lui aussi cette fatigue mentale. Drouin est de retour, mais on ignore sa solidité réelle. Le club commence l’année avec une liste de blessés importante. Disons qu’après l’euphorie de la présence en finale, le contraste risque d’être très marqué. Le club actuel est clairement moins bon que le club qui s’est rendu en finale. Rappelez-vous du sort de Dallas après leur présence en finale dans la bulle. Ils ont raté les séries l’an passé tout en étant eux aussi affectés par des blessures à des joueurs importants (Séguin, Radulov, Bishop). Je pense que c’est le sort qui attend le club montréalais cette année. J’entrevois une année pénible, des vétérans qui partiront à la date limite des échanges et un choix de repêchage top-10 l’été prochain.