Dominique Ducharme et Martin Saint-Louis ont joué en même temps pour l’équipe de hockey de l’université du Vermont dans leur jeune vingtaine. Un sort étrange les a reliés de nouveau cet hiver, presque 30 ans plus tard, mais cette fois ils n’étaient pas en même temps pour la même équipe. Un a succédé à l’autre, toutefois, s’ils étaient encore coéquipiers, je pense bien que Saint-Louis serait le premier à venir à la défense de Ducharme. Mais ils ne sont plus coéquipiers depuis longtemps, et il ne fait pas bon oser défendre Dominique Ducharme pas les temps qui courent. Si vous voulez passer pour un attardé, osez prendre le risque de dire ou d’écrire que Ducharme n’est la raison première, voire unique, des déboires historiques qu’a connu la Sainte-Flanelle cette saison.
Peut-être ai-je un goût pour les causes désespérées, mais je m’y lance. Pour moi, la chose la plus importante au hockey, entre équipes vaguement du même calibre, c’est l’effort au jeu. Un club moins fort en battra souvent un plus fort si la différence d’effort entre les deux équipes lors d’un matche donné est importante. Ce que je vois essentiellement depuis l’arrivée à la barre de Martin Saint-Louis, c’est un club qui travaille mieux, c’est vrai, mais surtout plus fort, et j’ai tendance à penser que l’équipe travaille mieux car elle travaille plus fort. La mollesse, la nonchalance et le désengagement collectif, ça ruine toute possibilité de bien travailler. Pour moi, ce constat est la base de tout. Après ça, il y a les circonstances particulières, et durant cette saison, elles ont toujours été à l’encontre de Ducharme. Ce n’est pas une recherche d’excuses, les faits sont là et ils sont têtus.
Selon les nouveaux dirigeants du CH, lors de leur nomination, Ducharme devait au moins terminer la saison. Cette affirmation c’est avérée fausse, même si elle n’était pas mensongère au moment où elle a été exprimée. Pourquoi? J’ai regardé les feuilles de matchs du CH lors des 10 derniers matchs de Ducharme, question de me rafraîchir la mémoire. Le pauvre était pris avec un Cayden Primeau atroce, et en même temps, laissé à lui-même, devant le filet. McNiven a agit comme substitut lors d’un match contre le Wild, sinon, après ça, un Montembault blessé au poignet a servi comme substitut et Primeau était tellement faible que Montembeault a dû finir des matchs avec son poignet blessé. J’aurais voulu voir Saint-Louis avec de telles passoires dans les buts. Après toutes les blessures survenues cette saison et les pertes de joueurs de la saison précédente, cette blessure à Montembeault a été le coup de grâce à Ducharme.
Lors de ses six dernières présences devant le filet du CH, Primeau a obtenu des pourcentages d’arrêts de 0.844, 0.667, 0.875, 0.929, 0.794, 0.714. Lors de ces six matchs, Montembeault, jouant blessé, a obtenu des pourcentages de 0.867, 0.625, 0.571, 1.000 et McNiven lors de sa seule apparition en relève à Primeau, 0.571. En d’autres mots, le CH, à la fin de l’ère Ducharme n’avait plus de gardien de calibre LNH en santé. On voit que Montembeault lors du dernier match de Ducharme n’a pas accordé de but en 31 minutes en relève à Primeau, signe que sa blessure était guérie ou proche de l’être. Après ça, Montembeault a retrouvé de bons pourcentage d’arrêts, à part deux matchs, et Hughes est allé cherché Hammond pour aider Saint-Louis à ne pas perdre à cause d’un gardien exécrable.
Difficile de ne pas voir qu’on a laissé Ducharme à lui-même. Il y a un contexte très important pour expliquer la liquidation de Ducharme, et la mise sur un piédestal de Saint-Louis. Encore une fois, je ne dénigre pas Saint-Louis. Je pense qu’il est et sera un bon coach. Je pointe juste vers le fait qu’on a laissé couler Ducharme juste avant le retour de conditions plus avantageuses pour l’arrivée Saint-Louis, l’ancien joueur vedette.
Pour moi, les dés étaient pipés, et en disant cela je ne dis pas que le club aurait connu le même regain si Ducharme était resté en poste. Cela n’aurait clairement pas été le cas. Petry et compagnie avaient décidé d’avoir la tête de Ducharme. Il était condamné malgré ses compétences. Les p’tits choux avaient décidé qu’ils voulaient la tête d’un autre coach. En plus, le congédiement de Ducharme avait l’avantage de désigner un responsable pour les déboires de l’équipe, en autant que les joueurs donnent un meilleur effort sous les ordres du remplaçant surprise. C’est ce qu’ils ont fait, et Ducharme a très mal paru aux yeux de l’observateur non averti, ou naïf. Les joueurs ont tellement travaillé plus fort que Saint-Louis s’est vu du jour au lendemain attribué toutes les vertus, le bougre d’homme pouvait transformer l’eau en vin. Saint-Louis avait beau se défendre d’y être pour rien sur bien des aspects, améliorés subitement, les journalistes n’en démordaient pas. Ils venaient de découvrir un magicien, et celui-ci, contre sa volonté, par un concours de circonstances, a fait de Ducharme le bouc émissaire par excellence.
La réalité, pourtant, c’est que Ducharme demeure un entraîneur compétent un entraineur du niveau de la LNH. Ce que l’on a vu cette saison dans son cas est une illusion négative. Tout était tout croche dans l’organisation dès le début de la saison avec un DG en sursis qui venait de commettre de nombreuses gaffes qui avaient affaibli son club. La déferlante de blessures a suivi, avec Price, Allen et Montembeault blessés, Ducharme a dû s’en remettre à un Cayden Primeau qui n’était pas prêt à jouer derrière un club qui avait démissionné. Ce qui fait qu’à la fin on a mis la tête de Ducharme au bout d’une pique et on a dit que c’était lui l’unique coupable. La preuve? Regardez le regain sous Saint-Louis le magicien, l’ancien joueur vedette de la LNH.
Voilà! J’espère que Ducharme a du soutien moral autour de lui car malgré que son avenir financier soit maintenant assuré, ce qu’il a vécu cet hiver, comme injustice professionnelle, c’est dur à battre. Le pire c’est que 99.9% des partisans, des journalistes et des commentateurs gobent la version pointant Ducharme comme l’unique responsable. Les mêmes qui applaudissaient l’octroi du contrat boulet de Gallagher aux dépends de Danault et l’offre hostile à Aho. Je sais que j’ai l’air méprisant dans mes propos, mais c’est surtout en réaction au mépris général dont Ducharme est l’objet. Je ne pense pas que Ducharme soit nécessairement un grand entraîneur. Ceci dit, il n’aura probablement pas de deuxième chance de prouver sa valeur au niveau de la LNH. Cette question n’aura donc probablement jamais de réponse. Le pauvre restera pris avec cette image trompeuse de pur incompétent, de coach qui n’est pas de calibre pour la LNH. Je n’ai trouvé personne l’ayant défendu et ayant remis les choses en contexte. J’ai donc décidé de le faire, même si sur celle-là, les événements ne pourront jamais prouver si j’ai tort ou raison. Le pauvre Ducharme a été avalé, digéré, et expulsé en morceaux, victime parfaite d’une tempête parfaite.