Texte signé Demongris
Les semaines du repêchage et des joueurs autonomes sont une période charnière pour mettre en place les pièces pour la construction d’une équipe. Essayons de voir où en est le processus de reconstruction du CH.
Plusieurs évaluent les joueurs en fonction de leurs habiletés et leurs statistiques offensives pour comparer la qualité des équipes de la LNH et identifier celles qui peuvent aspirer à gagner la coupe Stanley.
Comme en cuisine où la qualité d’un plat dépend de la qualité et de la diversité des ingrédients, il faut à mon avis rechercher diverses compétences élites et regrouper le tout dans un fort concept d’équipe pour bâtir une équipe championne.
C’est une analyse à parfaire mais voici ce qui, à mon avis, est idéalement requis, et qui est acquis ou qui manque encore au CH, pour devenir une équipe aspirante aux grands honneurs:
Un gardien #1. Le discours à la mode est qu’on a juste besoin d’un gardien « hot » dans les séries éliminatoires. Impossible, sinon extrêmement difficile, à planifier sans la découverte d’une drogue de performance pour gardiens de but. À défaut d’un Price ou d’un Vasiliesky, on doit au minimum avoir un gardien qui est constant et qui ne fait pas perdre de matchs à son équipe. J’ai le pressentiment que le CH a déjà ce gardien en Montembeault. À suivre.
Un Top 3 en défense. Idéalement, un défenseur #1 élite qui peut jouer 25 minutes par partie dans toutes les situations, un défenseur spécialiste de l’offensive et un défenseur spécialiste de la défensive. Le CH n’a probablement pas le premier, a potentiellement le deuxième (Mailloux ou Hutson) et probablement pas encore le troisième (Struble?). Ce troisième pilier, souvent oublié et sous-évalué, est le défenseur que tu choisis toujours d’envoyer sur la glace pour préserver ton avance d’un but quand le feu est pris avec une pénalité à écouler en fin de partie. Le type de défenseur qui semble bloquer plus de tirs que son gardien, qui est robuste, qui coupe les passes, qui semble toujours trouver les retours et être celui qui dégage son territoire. Un David Savard à remplacer éventuellement par un profil comparable mais plus rapide pour le hockey moderne. Même s’il n’est pas garanti que le CH a dans son organisation tous ces profils élites, la qualité générale des prospects à la défense laisse croire que le CH pourrait avoir à terme, soit par des transactions ou du développement, l’équilibre requis entre l’efficacité en défensive et en offensive pour être une équipe aspirante à la coupe.
Un joueur de centre élite de premier trio. On n’a pas de joueur de centre actuellement étiqueté clairement #1 élite mais on a du potentiel de ce côté avec un centre 1A et 1B (Suzuki et Dach) et peut-être un autre prospect avec ce potentiel au repêchage 2023 (Smith?).
Un scoreur élite. Celui qui est un poison sur l’attaque massive et qui est en mesure de compter des buts de toutes les façons et de tous les endroits sur la patinoire. Celui qui demeure dangereux à 1-0 dans une partie dominée par la défensive. Le CH vient de sécuriser cette pièce avec la signature de Caufield à long-terme. Espérons que les Slafkovsky et Roy sauront apporter le complément de buteurs requis pour une offensive équilibrée.
Un joueur de centre élite en défensive. Celui qui joue systématiquement contre le premier trio adverse. Qui est sur la glace pour protéger une avance d’un but. Qui est spécialiste des mises en jeu. Et qui peut compter des buts importants en séries éliminatoires. Un genre de Carbonneau. Le CH l’avait en Danault. On l’a stupidement laissé aller pour une différence salariale de 500K$. Est-ce que Beck peut être ce genre de joueur? Faudrait au moins se donner le temps de le voir au niveau de la LNH avant de l’échanger. Un constat ici: les fans n’ont aucun problème à échanger un prospect comme Beck qui annonce cette excellence en défensive avec un plafond limité en offensive mais on refuse de transiger un Mailloux qui excelle en offensive mais que certains évaluent faible en défensive.
De la robustesse. On a vu lors des dernières séries éliminatoires qu’une équipe championne doit pouvoir résister à l’intimidation pour performer. Le CH a ce qu’il faut en défensive avec Xhekaj, Edmunston et Mailloux. Mais pas à l’avant, sauf Anderson et… dans une moindre mesure Pezzetta. C’est la raison pour laquelle je n’échangerais pas Anderson avant de l’avoir remplacé par un joueur régulier en mesure de répondre aux tentatives d’intimidation.
De la rapidité. Lorsqu’il a été nommé, HuGo Boss disait vouloir assembler une équipe rapide. Bien qu’il y ait des joueurs avec ce profil (Matheson, Guhle, Barron, Anderson, Caufield, Dach et Ylonen), il y a encore trop de joueurs qui sont lents (Armia, Gallagher, Dvorak, Pezzetta). Il faudra pallier à ce problème au fur et à mesure de la transformation de l’équipe.
De la profondeur. Le CH n’annonce pas une équipe qui pourra se fier à quelques vedettes pour gagner. Ce qui n’est pas une mauvaise nouvelle en soi. Compte tenu que deux de ses joueurs élites potentiels (Caufield et Hutson) sont petits, le CH devra s’assurer de compléter son équipe avec des joueurs ayant de bons gabarits, de la rapidité, de la hargne, une bonne conscience défensive et de bonnes habiletés générales. C’est bien parti à la défense mais c’est à travailler à l’avant. Il faudrait plus de joueurs avec le profil d’Emil Heineman. Je n’en vois pas beaucoup dans l’organisation. Il faudra probablement combler ce besoin par des transactions et, éventuellement, sur le marché des joueurs autonomes.
Le CH est avancé dans sa reconstruction mais il arrive à une étape où il doit aller chercher les ingrédients qui lui manquent et ils sont à mon avis nombreux. C’est pourquoi la patience est encore de mise afin d’éviter les raccourcis qui pourraient faire régresser l’équipe.