Je reviens sur ma façon de voir la situation actuelle du CH. Ce club est actuellement en phase de construction. En d’autres mots, ce n’est pas un club à maturité, ce n’est pas un aspirant réaliste à la coupe. Il y a un problème toutefois, et celui-ci réside dans le double discours de l’organisation. D’un côté on se targue d’avoir un plan pour ultimement ramener la coupe à Montréal, et de l’autre, on s’entête à répéter qu’on veut absolument faire les séries à chaque année. Vous me direz que la direction du club ne peut pas dire qu’elle ne vise pas les séries. C’est vrai. Mais elle pourrait moduler son message autrement et sur un autre ton. L’emphase devrait être mise, au niveau de la communication, sur le but ultime, soit de gagner une 25e coupe. Faire les séries devrait être présenté comme un objectif subordonné à l’objectif principal. Cela impliquerait que les décisions stratégiques du club seraient toujours prises dans le but d’atteindre l’objectif principal. En des termes plus simplistes, Bergevin pourrait dire que les séries demeurent un objectif à court terme de l’organisation, mais qu’il ne fera rien pour nuire à l’objectif à moyen terme, soit de gagner la coupe.
Je rêve sûrement en couleurs en pensant que le CH pourrait présenter les choses de la façon dont je viens de le faire, mais je pense vraiment qu’à l’interne cette vision devrait être adoptée, et elle l’est peut-être. Il faut se rappeler qu’en août 2019, M. Molson avait déclaré être enthousiaste à propos de ce qui allait arriver à l’équipe au cours des trois à huit prochaines années. Donc, il y a un an déjà, M. Molson voyait le début de la fenêtre d’aspirant à la coupe commencer en 2022/23. Cela laisse encore deux ans à faire pour achever la construction et les plans de l’équipe devraient être axés sur cette fenêtre.
Cela m’amène à la marche à suivre d’ici la saison 2022/23. Si telle est ta fenêtre tu dois dès aujourd’hui déterminer qui parmi les joueurs actuels tu vois comme des membres de cette édition du CH, et la planification salariale doit être faite en conséquence. Donc, dans le cas de Domi, Danault, Gallagher, Tatar, Petry et Armia, les décisions prises cet automne, à la fin de l’actuelle saison, doivent l’être en pensant à 2022/23. C’est pour ça que je pense que des échanges sont inévitables. Si des joueurs parmi ceux-ci veulent accepter des contrats raisonnables et sans clauses de non mouvement ou de non échange complète, certaines décisions pourraient être repoussées, mais il est clair que le club ne peut s’embarquer dans une séries de contrats blindés à long terme.
Personnellement, je garderais Danault et Petry. Six ans et 36 M$ pour Danault et cinq ans et 30 M$ pour Petry. Pas de clause de non mouvement, seulement une clause non échange limitée où ils pourraient choisir 15 clubs où ils ne voudraient pas être échangés. Pour les autres, je les garderais seulement si ils acceptaient des contrats très raisonnables. Par exemple, si Tatar voulait prolonger pour deux ans à 5.5 M$ par année, je le garderais, même chose pour Armia, deux ans à 3.5 M$ par année. Pour ce qui est de Domi, ce n’est pas une question de contrat. Le gars veut jouer au centre et il n’y a pas de place pour lui à cette position à Montréal. Donc il devrait être échangé. Finalement, pour Gallagher, j’ai déjà donné mon avis. À moins d’un contrat du genre quatre ans pour 20 M$, il serait aussi échangé.
Le but de ces échanges ne serait pas d’affaiblir le club pour repêcher plus haut, mais plutôt de viser la fenêtre débutant en 2022/23 avec une masse salariale saine et sous contrôle. Dans un tel processus de construction, tu dois avoir confiance dans ta capacité de bien évaluer le talent. Ça veut dire avoir confiance dans le fruit de ton repêchage et dans ta capacité de conclure de bons échanges. Un bon échange ne veut pas dire d’avoir complètement le dessus sur l’autre équipe. Vegas ont obtenu un bon joueur encore très productif en Pacioretty, mais Tatar est un bon remplaçant, alors que dans cinq ans Suzuki et peut-être Norlinder contribueront à une équipe aspirante à la coupe. Il y a des échanges ou tu donnes une valeur sûre pour du très bon potentiel, souvenez-vous de l’échange Inginla pour Nieuwendyk. Dallas a gagné la coupe l’année de l’échange, et Calgary ont obtenu un joueur élite avec toute sa carrière devant lui. L’échange Pacioretty pourrait ressembler à ça dans 10 ou 15 ans. Comme je l’ai déjà dit, il sera impossible de répéter cet échange à l’identique, mais c’est la voie à suivre. Il faut essayer de conclure des échanges qui suivent cette ligne directrice. C’est la situation actuelle du CH et les deux ans avant la fameuse fenêtre qui commandent cette façon de faire. Le jour où le CH sera un réel aspirant, il sera temps de s’ajuster.