Garder le cap

Le Presse a de la misère avec ses journaliste qui suivent le CH, après Labée, c’est au tour de Lefrançois d’y aller d’un article difficile à comprendre et qui contredit d’une certaine façon celui de Labée.

Guillaume Lefrançois, généralement pas mauvais, rapporte que selon une analyse statistique de son journal le CH aurait un mauvais club école lorsqu’on compare le nombre de matchs joués en AHL par les 12 attaquants et huit défenseurs les plus utilisés du CH en séries et ceux des huit clubs qui ont passé au deuxième tour des présentes séries. Important à noter, les matchs joués en AHL qui sont comptés n’incluent que ceux joués avec l’équipe actuelle des joueurs impliqués. Donc, par exemple, les nombreux matchs en AHL de Danault ou Tatar ne comptent pas.

Au yeux du journaliste de LaPresse, cet exercice alambiqué est supposé rendre compte de la qualité du club école du CH. C’est totalement ridicule et ça ne tient absolument pas la route. Cet exercice révèle plus la façon dont une équipe a été construite et la qualité de son repêchage de profondeur il y a plusieurs années. Si un club a été bâti par des transactions, UFA, ballottage et qu’il contient plusieurs joueurs qui n’ont pas ou peu joué en AHL, il est clair que ce club paraîtra mal dans une telle compilation.

Si on fait le compte chez le CH des joueurs issus d’échanges, agent libres, du ballottage ou qui ont peu ou pas joué en AHL pour le CH on arrive à ceci: Domi, Drouin, Danault, Tatar, Armia, Byron, Weber, Petry, Chiarot, Kulak, Ouellet, Suzuki, Kotkaniemi, Lehkonen, Mete. Ajoutez à cela Gallagher qui a joué une demie saison en AHL seulement à cause du lock-out, et Price qui a joué le gros de ses matchs en AHL en séries alors qu’il était toujours d’âge junior.

Au final, ce que cet exercice montre vraiment est que le CH a été un club impatient qui a négligé le repêchage pendant 10 ans (2008 – 2017) dans le but de faire les séries à chaque année. Les joueurs qui jouent assez longtemps en AHL sont généralement des choix de fin de première ronde et des rondes suivantes et le CH a donné plein de choix de 2e et 3e ronde, et il a raté son coup avec ses choix tardifs de 1e ronde. Il a raté son coup lors de la sélection des Leblanc, Tinordi, Beaulieu, Collberg, Thrower, Fucale, DeLaRose, Scherbak, pas dans leur développement. 2012 et 2013 ont été des années atroces en 2e ronde où le CH avait concentré ses choix. Lehkonen est l’unique bon choix et il est passé directement avec le grand club.

Je ressasse tout ça pour montrer que tout ça n’a rien à voir avec le club école d’aujourd’hui. En plus, dans le même journal, un journaliste écrit un jour que le futur c’est maintenant et appelle de ses vœux l’échange de jeunes actifs pour du renfort immédiat pour ne pas “gaspiller” Price, et le lendemain son collègue publie ce texte qui dénonce l’efficacité du club école de l’organisation. Donc, on demande une chose dans un texte, et on dénonce l’effet secondaire de cette chose dans un autre texte. Ça n’a pas d’allure car c’est contradictoire et les deux ont tort.

Labée a évidemment tort car il appelle le club à continuer d’y aller à court terme par voie d’échange de jeunes actifs et de signature d’agents libres, et Lefrançois a tort car il fait semblant d’ignorer l’histoire des 15 dernières années du club. Il ne parle pas du “reset” et du fait qu’il est bien trop tôt pour en mesurer les effets par le biais du club école, et même là, le “reset” peut donner de bons résultats et cela ne passera pas nécessairement, ou peu, par ce qui sortira du club école. Par exemple, si Romanov fait le club cet automne, il sera un fruit du “reset”, mais ça ne paraîtrait pas plus tard dans un calcul du nombre de matchs joués à Laval.

En conclusion, malgré le contenu contradictoire des papiers de Labée et Lefrançois, ils se rejoignent sur un point qui est une caractéristique fondamentale du journaliste québécois qui s’intéresse au CH, l’impatience. Labée est prêt à brûler tout de suite une partie de la récolte du “reset”, alors que Lefrançois, lui y va d’une analyse bancale qui n’attend pas le plein résultat du fameux “reset”, du changement de philosophie de repêchage et du renouveau du club école à Laval. Quand un changement de philosophie de repêchage commence en 2018, il est illusoire d’attendre des résultats à Laval deux ans plus tard. Donc, l’impatience, encore et toujours l’impatience, même si tous les signes précoces du changement de philosophie semblent indiquer que le CH est finalement sur la bonne voie. Le papier que ces journalistes devraient écrire en est un qui appellerait au maintient du cap actuel axé sur l’accumulation de jeunes actifs et la patience de voir le résultat.

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https://www.lapresse.ca/sports/hockey/2020-08-25/l-apport-du-rocket-est-encore-inferieur.php

Kotkaniemi et Suzuki, ou quand le futur devient soudainement le présent du club

Oui Price a retrouvé son niveau des beaux jours, mais on savait déjà qu’il pouvait jouer à ce niveau. Weber offre un rendement surprenant pour un gars qu’on disait en perte de vitesse, mais ces séries inorthodoxes permettent à des vétérans comme lui de jouer reposés, ça s’applique aussi à Price. On savait déjà que Danault pouvait museler les meilleurs centres de la ligue à 5 contre 5. On savait que Suzuki venait de connaître une excellente saison recrue, mais on ne savait pas qu’il pouvait déjà jouer comme un vétéran contre de la très forte opposition. Mais surtout, plusieurs avaient relégué Kotkaniemi au rang des point d’interrogation. Même ceux qui n’ont jamais douté de son potentiel et du fait qu’il deviendrait un jour un très bon centre dans la LNH sont surpris d’un rebond si rapide et spectaculaire. Ce jeune est l’exemple parfait pour illustrer que la courbe de développement d’un très jeune joueur professionnel n’est pas toujours linéaire. Le rendement actuel de Suzuki et Kotkaniemi dans les deux sens du jeu, allié au jeune vétéran Danault permet actuellement au CH d’aligner son meilleur trio de centres depuis des décennies. Pour moi c’est l’élément qui permet d’expliquer le bond en avant que montre actuellement l’équipe. La faiblesse de très longue date de l’équipe est devenue une force. L’entraîneur peut rouler ses trois premiers trios avec beaucoup moins de soucis en tête et l’attaque est ainsi mieux répartie. L’équipe adverse ne peut pas se contenter de neutraliser un seul trio.

Le CH a joué aujourd’hui son meilleur match depuis très longtemps. Regarder ce feu roulant maintenir la pression sur l’adversaire durant presque tout le match était un plaisir. De quoi se réconcilier avec le hockey et avec cette équipe, et surtout, de quoi s’enthousiasmer pour son futur, même si il ne faut pas trop s’emballer. Il faut se souvenir des circonstances particulières actuelles. Comme mentionné ci-haut, il faut se rappeler que le fait d’être bien reposé favorise des vétérans comme Weber, Price, Byron et Petry. Aussi, j’en viens à me demander si le fait de ne pas jouer au Centre Bell n’aide pas l’équipe à jouer de manière plus relaxe sans la pression de la foule souvent impatiente de Montréal. Une chose m’apparaît sûre toutefois, ce club est sur la bonne voie et Bergevin et Molson doivent impérativement garder le cap. La plus grande nouvelle de la dernière année c’est que le club a misé juste avec Kotkaniemi et Suzuki. Il faut maintenant découvrir qui sont les autres perles du pool de prospects de l’équipe.