Après un début de saison époustouflant, le CH se retrouve aujourd’hui en plein marasme, comme si le prince charmant s’était transformé en grenouille du jour au lendemain. Que s’est-il donc passé pour en arriver là de manière si brusque? À mon avis, le club est retombé dans un de ses travers habituels lors du premier match de l’année contre Ottawa. Ne craignant pas un adversaire qui en arrachait jusque là, l’équipe n’a pas mis la même ardeur au travail et la même concentration sur l’exécution lors de ce match. Résultat? Ils l’ont perdu, et à partir de là, tout a déboulé. Le doute était semé et les fissures dans la construction de Bergevin sont apparues et ne cesse de grossir. Le hockey est un sport rapide où la confiance individuelle et collective est essentielle. Quand cette confiance diminue, tout devient plus pénible et la synergie du groupe disparaît. On ne voit plus que des individus et leurs limites. C’est ce qui se passe actuellement.
Pour cette saison, Marc Bergevin a décidé de miser une dernière fois, je pense, sur ses deux joueurs les plus âgés et les mieux payés, Carey Price et Shea Weber. Il a fait des ajouts qui, sans contredit, améliorent l’équipe, mais il avait assumé que ses deux vétérans, ragaillardis par cette aide et par cette marque de confiance, seraient à la hauteur. Le problème c’est qu’ils ne le sont pas, en particulier Price. Je ne veux pas m’éterniser sur le cas du gardien vedette. Ceci dit, une chose est sûre dans mon esprit, un bon niveau de performance à la position de gardien de but est essentielle pour maintenir élevée la confiance des joueurs devant lui, et actuellement, c’est là où le jeu faible de Price coûte le plus à l’équipe car cela induit un cercle vicieux. Plus le gardien est faible, moins ses coéquipiers ont confiance, moins bien ils jouent devant lui et le gardien qui en arrache devient encore plus exposé.
Tout le monde savait qu’avec le trio Weber, Chiarot et Edmundson, le club allait être vulnérable en terme de mobilité, mais cette faiblesse ressort plus actuellement car le jeu collectif s’est dégradé. L’idée de Bergevin était que cela allait être un avantage en séries, mais si les choses ne changent pas, cela pourrait empêcher le club de faire les séries. Une autre chose que tous les observateurs le moindrement avisés savaient, avant même le début de la saison, c’est que Bergevin prenait un pari à la position de centre. Il voulait faire grandir trois jeunes centres en pensant que son équipe, dans l’ensemble, était assez bonne pour palier aux difficultés de croissance de Suzuki, Kotkaniemi et Evans. Il était tellement convaincu de cela, qu’il n’a pas hésité à jouer de rudesse avec Danault, son meilleur joueur de centre des dernières années. Le problème le plus aigu dans le jeu de Suzuki et Kotkaniemi, c’est leur faiblesse au cercle des mises en jeu. C’est à mon avis un problème énorme qui nuit beaucoup à l’équipe. Cela nuit à l’avantage et au désavantage numérique où le club n’a que rarement la possession de la rondelle dès le départ. Pour les mêmes raisons ça nuit aussi au jeu à forces égales. À cause de cette carence manifeste, le club montréalais perd un temps fou à courir après la rondelle et s’épuise à le faire et cela met de la pression supplémentaire sur la défensive.
Ce qu’on a vu hier, c’est un club plus intense en première période, mais qui s’est écroulé par la suite. Il faut dire que deux énormes erreurs d’arbitrage (coups sur Anderson et Perry non appelés) ont joué contre eux et auraient pu altérer le cours des choses si les arbitres avait fait leur travail correctement. L’arbitrage en défaveur du CH est un autre élément qui nuit à l’équipe, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’amélioration à apporter au niveau de la discipline, combien de punitions justifiées cette année pour avoir lancer la rondelle directement dans les gradins ou pour bâton élevé? Beaucoup trop. Sinon, hier, Ducharme a voulu établir sa ligne de base avec les vétérans du club. Price est revenu dans les buts, c’est Evans qui a été rayé de l’alignement. Le nouvel entraîneur a voulu remettre les compteurs de tout ce beau monde à zéro. Il a voulu leur démontrer de la confiance et tenter de bâtir là-dessus. À mon avis il n’avait pas d’autre choix. On a changé le coach car on ne pouvait pas changer 23 joueurs. Ducharme n’a pas le choix de faire avec ce qu’il a entre les mains et la suite ne sera pas facile. Ce n’est qu’à la fin de la saison que de réels changements à la structure fondamentale de cette équipe pourront être apportés. Je continue de croire que cette équipe est prise avec un problème d’âge. Ses joueurs les plus talentueux ont 12 à 15 ans d’écart en âge. Les plus vieux sont sur le déclin, et les plus jeunes ne sont pas encore prêts pour les grandes responsabilités. Il n’est pas difficile de savoir à quelle extrémité du spectre la solution se trouve.