J’espère que tout le monde va bien au travers de cette pandémie. Oubliez la saison de la LNH. C’est terminé. Ce sera la catastrophe qui commencera pour vrai dans un peu plus d’une semaine aux États-Unis. Si cette chose est contenue d’ici l’automne prochain on sera chanceux. Dans les circonstances le sport professionnel est plus que secondaire, mais d’un autre côté pour ceux qui doivent s’isoler il y a beaucoup de temps libre et il n’est pas sain de penser coronavirus tout le temps. Je démarre donc un sujet sur le repêchage. Vous êtes libre de parler spécifiquement du CH ou du repêchage en général. Ceci dit, dans le cas du CH, il serait intéressant de faire un bilan des trois dernières années de repêchage du CH pour pouvoir ensuite analyser ce que le club devrait tenter de faire. On a beaucoup dit depuis 2017 que le club montréalais repêchait par position d’une année à l’autre, et plusieurs ont laissé entendre que ce n’était pas la voie à suivre. Est-ce le cas? Pas si sûr si on regarde le trois derniers repêchages comme un seul ensemble.
Pour bien comprendre la démarche de Bergevin il faut se reporter à la veille du repêchage 2017. Quels étaient alors les besoins les plus pressants de l’équipe? Il est clair que la position de centre était un énorme problème, un problème non résolu depuis le début des années 90. Il est clair que c’était la priorité de Bergevin. Au printemps 2017, la position de centre de l’organisation se résumait à Danault qui se voulait une belle surprise, mais qui n’avait pas encore montré tout ce qu’il allait devenir. Il progressait encore cette année. Après ça il y avait Plekanec sur ses derniers milles et l’équipe avait conclu que Galchenyuk ne serait pas un joueur de centre, encore moins le centre #1 espéré lors de son repêchage. Alors les repêchages de 2017 et 2018 doivent être analysés à cette aune. Au moment de repêcher Poehling et Kotkaniemi, le club n’avait pas acquis Domi et Suzuki par voie de transaction. Alors le club a beaucoup misé à cette position en investissant deux choix de première ronde car la priorité était de régler ce problème et il n’y avait pas alors de solution à l’interne.
L’autre chose que Bergevin voyait venir avant le repêchage 2017 était la fin de Markov et le trou que cela créerait du côté gauche de la défensive, surtout qu’il venait de décider de sacrifier Sergachev pour Drouin. Le besoin du côté gauche de la défense était donc criant. Ceci étant dit, quand on regarde le bilan des trois derniers repêchages, non pas en terme de nombre de choix, mais bien en se basant sur la valeur théorique de ces choix, on se rend compte que s’il est vrai que les positions de centre et de défenseur gaucher ont été privilégiées, le club n’a pas repêché que pour celles-ci. Le portrait est plus équilibré qu’on pense. Oui la position de centre se démarque nettement, mais ensuite ce n’est pas aussi marqué. Voici le bilan de ces trois repêchages en terme de valeur utilisée par position en se basant sur une charte qui octroie des valeurs pour chaque rangs de repêchage (voir le lien en bas de page).
2017 : C (378), AG (0), AD (0), DG (256), DD (318), G (57)
2018 : C (1464), AG (172), AD (222), DG (382), DD (0), G (0)
2019 : C (0), AG (213), AD (433 ), DG (612), DD (0), G (53 )
Total : C (1842), AG (385), AD (657), DG (1090 ), DD (318 ), G (110)
On peut voir que le résultat est plus diversifié qu’on aurait pu le croire, tout en étant cohérent avec ce que les besoins les plus criants du club étaient. Si on ajoute à cela le fait qu’un centre, contrairement à un ailier, peut facilement être transféré à l’aile, le bilan devient encore plus équilibré. Si on redistribuait une partie du capital investi au centre sur les ailes, on se retrouverait avec une distribution se situant entre environ 700 et 1200 points pour quatre des six positions à part les défenseurs droitiers et le gardien. Mais pour les défenseurs droitiers il faut se rappeler que le club comptait sur Juulsen, un ancien choix de première ronde fortement ralenti par la suite par les blessures. Aussi, Bergevin a réinvesti sur les défenseurs gauchers en 2019 car il savait déjà que deux de ses choix de 2017 à cette position, Walford et Tyszka étaient des coups d’épée dans l’eau, contrairement à Cale Fleury du côté droit qui lui est une réussite et Josh Brook qui demeurait un bon prospect..
Maintenant, qu’en est-il de l’approche que le club devrait emprunter en 2020? Avec un pipeline de bien meilleure qualité aujourd’hui, pour peu qu’on ne se trompe pas dans l’évaluation globale de ce groupe de jeunes joueurs, je pense que le CH n’a plus de trou béant à combler, si bien sûr les jeunes déjà dans le système progressent comme le club l’espère. Dans un monde idéal il y aurait un très bon défenseur droitier au rang du CH en première ronde, mais à moins de gagner la loterie, il semble bien que le choix portera sur un joueur à une autre position. Jamie Drysdale est le seul défenseur droitier prévu dans le top-10 cette année, et il devrait sortir avant le huitième rang. Donc, m’est avis que cette année le CH ne favorisera pas de combler une position précise. Il va juste tenter de frapper dans le mille en exerçant un nombre très élevé de choix. Je pense que la position et la grosseur des joueurs repêchés ne devraient pas entrer en ligne de compte. Bergevin a prouvé qu’il s’en tirait très bien sur le marché des transactions, alors si le club a besoin d’équilibrer son alignement, il pourra faire des échanges ultérieurement pour y arriver. Ce qui compte c’est d’avoir de bons actifs à échanger. Il faut donner pour recevoir et si le club se retrouve avec une abondance de joueurs de qualité, il sera en bonne position pour bouger et obtenir un alignement équilibré pouvant aspirer à la coupe d’ici deux ou trois ans.
http://statsportsconsulting.com/main/wp-content/uploads/Schuckers_NHL_Draftchart.pdf