Le retour à la réalité sera difficile

Le repêchage est terminé. Dans le cas des Canadiens les journalistes et commentateurs ont parlé d’audace et cela a été vu de façon très positive. Peut-être est-ce le sage en moi qui parle, mais l’audace est célébrée quand elle mène à des résultats positifs, et ça on ne le sait que plus tard dans le cas du repêchage, en cas inverse, à terme, l’audacieux reçoit le bonnet d’âne. Ceci dit, même si je fais partie de la faible minorité qui n’est pas convaincue de la totalité des derniers gestes du club, je me dois de laisser la chance au coureur car il y a trop de facteurs dont je suis incertain. Slafkovsky et Dach me semblent des points d’interrogations, des paris, mais j’avoue ne pas les connaître suffisamment pour y aller d’une condamnation ferme de ces décisions. Par exemple, j’étais sûr que Bergevin avait cafouillé dans sa gestion des cas Danault et Gallagher. Je connaissais très bien ces joueurs et il n’y avait pas de doutes dans ma tête, Bergevin avait agi dans ces deux cas à l’inverse du bon sens. Dans le cas de Slafkovsky et Dach, il faudra du temps et un suivi des joueurs pour voir comment tout cela va tourner.

Donc, je vais me garder une petite gêne avant de dénoncer les gestes posés. Ceci dit, si c’est moi qui avait pris les décisions, j’aurais clairement choisi Wright et je n’aurais pas fait la transaction pour Dach. Mais, encore une fois, il se peut que ces décisions soient bonnes. Seul l’avenir le dira, et il se peut qu’au final, Slafkovsky et Wright deviennent tous deux de très bons joueurs de valeur à peu près équivalente. Pour le reste du repêchage, je préfère ma liste à celle du CH. Bien sûr, si Lane Hutson gagne deux ou trois pouces il pourrait être un vol de ce repêchage, car le talent est là. Owen Beck m’apparaît comme un choix sans beaucoup de potentiel élite. Basu et Godin dans leur balado disaient que selon leurs contacts, la plafond de Beck était celui d’un joueur de 3e trio, et pas sûr que ce soit au centre. Ça vaut ce que ça vaut, mais pourquoi prendre un tel joueur en tout début de 2e ronde? Filip Mesar est rapide et habile, il semble y avoir un potentiel offensif, mais pour un Slovaque la petite taille en première ronde n’était pas un problème, alors qu’on a passé sur Jordan Dumais en fin de 3e ronde. Il est moins rapide que Mesar, mais son hockey IQ est supérieur et on parle de deux rondes d’écart. C’est difficile à comprendre de la part d’un club du Québec. Vinzenz Rohrer, lui, était sur ma liste, alors je suis heureux de ce choix. Il est très jeune. C’est donc un pari sur 6 à 12 mois de progression supplémentaire par rapport aux joueurs nés dans la première moitié de l’année d’éligibilité. Cédrik Guindon me semble aussi un bon pari en fin de 4e ronde. 59 points en 68 matchs sur un club faible, mais 34 points à ses 30 derniers matchs. Les autres joueurs choisis me laissent froid. Il y aura peut-être une surprise parmi ceux-ci, on ne sait jamais, mais je n’y compte pas. Pour moi il n’y a que six joueurs avec, à divers degrés, une chance de faire carrière en LNH.

De toute façon, ce repêchage sera jugé en très grande partie sur le choix de Slafkovsky. S’il y a eu erreur majeure sur ce choix, le reste ne compensera pas le déficit, même si certains autres choix tournent plutôt bien. Aussi, si cette organisation est sérieuse, elle doit changer ses dépisteurs au Québec et nommer quelqu’un qui pourra être plus influent. Que le dépisteur suédois du club, qui n’a accumulé que des flops en Vejdemo, Olofsson et Norlinder ait toujours préséance sur les dépisteurs québécois n’a aucun sens. J’aurai la non sélection de Jordan Dumais sur le cœur longtemps car j’ai la conviction que ce jeune va réussir.

J’ai lu et écouté pas mal de commentaires cette semaine autour du repêchage, et il y a plusieurs choses qui me font tiquer. Je dirais que la plus importante est le mythe du « développement ». J’utilise les guillemets car pour moi, cette idée de développement est le plus grand fantasme qui existe dans le monde du hockey. L’idée qu’un club aurait des coachs avec une baguette magique pour tourner des joueurs déficients en joueurs d’impact de la LNH est ridicule. L’idée qu’un club est capable de faire ça et qu’un autre ne le pourrait pas, dans la LNH moderne, avec toutes les ressources qui existent est une vue de l’esprit. Ça n’existe pas dans la réalité.

Tous les clubs offrent un coaching et un encadrement professionnel similaires à ses joueurs. Certains clubs sont certainement un peu meilleurs que d’autres pour une période donnée, mais la différence au final n’est pas significative. Ce n’est pas cela qui fait la différence entre le succès et l’échec d’un joueur. 90% du résultat final dépend du joueur lui-même, de son talent de base, de sa marge de progression inachevée au moment de son repêchage, de sa volonté de réussir, de son engagement et de sa discipline comme athlète. 90% du résultat est dans le joueur au moment de son repêchage, et le 10% restant dépend du coaching et de l’encadrement, mais il n’y a pas de club où cet aspect sera totalement nul.

Donc, cette histoire de développement se joue à la marge, sur le 10% que je dis être extérieur au joueur lui-même. Ça laisse peu de d’espace de manœuvre aux coachs d’un club pour faire une différence. On voit que la possibilité de différence de « développement » par une équipe par rapport à une autre est au mieux marginale. Je donne des pourcentages empiriques, mais pour moi c’est proche de la réalité. Les meilleurs joueurs ne jouent pas ou jouent très peu en AHL. Après leur repêchage, la très grande majorité retournent jouer pour une équipe de calibre inférieur où les coachs ne sont pas ceux de l’équipe de la LNH. Prenez, par exemple, Jordan Harris. Il s’est écoulé quatre années depuis par son repêchage par le CH. Il n’a participé à aucun camp d’entraînement de l’équipe et n’a été coaché que par le personnel de son université. Joshua Roy qui a explosé la saison passée après avoir été repêché par le CH. Allez-vous me dire que c’est le système de « développement » du club qui est la cause de ce retournement spectaculaire de situation? Bien sûr que non, ça vient du joueur en très grande partie et un peu de son encadrement au niveau junior.

Six joueurs repêchés sur onze en 2018 par le club montréalais n’ont pas signé de contrat avec le club, et ce, sans avoir été « développés » par les coachs de l’organisation. Le club a simplement fait le constat que ces jeunes n’avaient pas ce qu’il fallait pour espérer percer un jour dans la LNH. L’idée de tenter de les « développer » était inapplicable. Le talent était simplement insuffisant. Je me répète, cette histoire de « développement » est un fantasme de dépisteurs frustrés qui veulent reporter sur des coachs leurs erreurs de repêchage. Si Slafkovsky n’a pas ce que les bonzes du CH ont vu en lui, ce n’est pas Martin Saint-Louis qui va le sauver, comme Saint-Louis n’a pas sauvé Caufield et Suzuki la saison dernière.

C’est croire que des joueurs de ce calibre sont de petites choses bien fragiles que de penser qu’un coach va faire la différence. Caufield, Saint-Louis ou pas, aurait fini par retrouver le fond du filet. Le jeune était juste pris dans un club en plein marasme qui jouait pour avoir la tête du coach. À mon avis, la crème finit le plus souvent par remonter à la surface, et si elle ne le fait pas, c’est qu’il y avait une faille ailleurs chez l’individu. Une faille qui n’a rien à voir avec son talent de joueur de hockey et sa volonté de réussir. Le seul aspect où je pense qu’une équipe peut avoir un impact négatif sur un joueur, c’est si elle le fait graduer trop vite, et ça n’a rien à voir avec un système de développement, ça dépend de la politique de gestion hockey d’une équipe. Un DG devrait toujours pencher du côté de la prudence avec un jeune joueur. Le faire graduer une année trop tard plutôt qu’une année trop tôt. C’est simple.

Bien sûr, un autre aspect qui peut ralentir la progression vers la LNH d’un jeune joueur est la question de son utilisation par l’équipe et des vraies opportunités qui lui sont données, mais encore là, ce n’est pas une question de « développement » supérieur ou inférieur. Parfois c’est simplement circonstanciel, dépendant de la situation du club, mais généralement, ces joueurs qui sont retardés pour ce genre de raisons vont finir par avoir leur chance pour l’équipe qui les a repêchés, ou pour une autre. Si Kirby Dach réussit à Montréal, il tombera dans ce cas de figure, soit celui d’un joueur talentueux qui avait juste besoin de plus de temps pour s’établir et atteindre son plein potentiel. Les circonstances comptent au hockey comme dans la vie en général, mais les vrais finissent par trouver la bonne occasion et ne la manquent pas.

Tout ça pour dire, que ce qui compte vraiment, c’est le repêchage et que c’est un art qui implique en lui-même un fort taux d’échec. Les journalistes auront beau nous bassiner avec leurs histoires de « développement », pour moi c’est n’importe quoi. Le succès ou l’échec est déjà inscrit dans chacun de ces joueurs en assumant que chacun aura droit à l’encadrement nécessaire de la part des équipes qui les ont repêchés. La plupart ne signeront jamais de contrat avec ces équipes. Dans les deux à quatre prochaines années, il n’auront pas démontrer mériter un contrat de la LNH. C’est ainsi. Ça se joue au repêchage.

Pour revenir à la réalité des Canadiens, ne vous attendez pas à ce que Slafkovsky ait un grand impact à Montréal cette année. Si j’étais DG, je lui trouverais un club junior en OHL. Slafkovsky a été repêché par les Otters d’Érié, un des pires clubs de la OHL l’an passé. Je demanderais donc à Érié de l’échanger à une équipe aspirante, et il y jouerait une saison entière en espérant le voir dominer offensivement. Ce jeune a besoin de jouer dans une ligue où il pourra accumuler beaucoup de points. Le problème, c’est que ça n’arrivera pas. HuGo ne seront jamais assez audacieux pour poser ce geste. Le CH va encore avoir une mauvaise équipe cette année, Slafkovsky n’a rien à gagner à jouer à Montréal la saison prochaine. Je lui ferais jouer le plus de matchs pré-saison possibles, je lui donnerais peut-être quelques matchs réguliers si il en avait assez montré au camp, puis je l’enverrais dans le junior. Le même plan que je prônais pour Wright. J’essaierais que Slafkovsky et Mesar se retrouvent tous les deux sur la même équipe en OHL. Les droits de Mesar appartiennent aux Rangers de Kitchener.

J’y irais de cette façon car encore une fois la prochaine saison sera difficile à Montréal et je pense que la direction devrait être très claire sur ce point dès le départ et l’envoi de Slafkovsky dans les rangs junior marquerait un grand coup. Ce serait une façon sans équivoque de bien faire comprendre que les Canadiens ne sont pas là pour le court terme. Le club n’agit pas à la façon des Hawks de Chicago, il n’est pas question de stratégie de la terre brûlée, mais la saison prochaine ne sera pas facile et le succès de cette saison ne se comptera pas en nombre de victoires. Ce qui compte sera de donner de l’expérience aux jeunes joueurs tout en maintenant une culture d’équipe basée sur une éthique de travail irréprochable.

Aussi, Martin Saint-Louis aurait intérêt à remettre les pendules à l’heure et à faire comprendre à certains journalistes énervés qu’il n’est pas un alchimiste, qu’il ne transforme pas le plomb en or. Je persiste à croire que la plus grande force de Saint-Louis, c’est sa personnalité. Il semble un très bon communicateur, et aussi un bon motivateur, mais je reste à être convaincu de ses talents de coach et de sa maîtrise d’une façon de jouer pour son club. Tout cela semblait très flou lors de son dernier point de presse l’an dernier, et pour ajouter à cela, il a perdu Luke Richardson. Je vois un danger au niveau du coaching la saison prochaine. Comme je l’ai souvent mentionné, l’an prochain, Saint-Louis sera l’homme en charge dès le départ. Si ça dérape, ce sera lui le pilote, le responsable et il sera pointé du doigt et on lui posera des questions différentes de celles de l’an passé où il agissait plus comme un préposé au nettoyage après sinistre. L’audace va faire connaissance avec la réalité du marché montréalais la saison prochaine, et le réservoir d’indulgences qui était à ras bord depuis l’arrivée de la nouvelle direction va aller en diminuant et les tensions avec les médias et les impatients en augmentant. La lune de miel semble se poursuivre, mais en réalité, elle est terminée. La vraie histoire commence pour HuGo, Saint-Louis et compagnie. Plus ça ira, plus ils auront de compte à rendre.

Mon repêchage simulé pour les Canadiens

Bon, après un léger sursaut ce blogue est toujours aussi tranquille. J’ai reçu mon courriel de renouvellement de l’hébergeur. J’ai jusqu’au 15 juillet pour me décider. Avant cela, je vais y aller d’un nouveau texte, peut-être le dernier? J’ai décidé d’y aller avec un repêchage simulé pour le CH en assumant quelques échanges étant donné que le CH regorge de choix. J’ai basé mes échanges en me fiant à une charte déterminant une valeur numérique aux différents choix en y allant avec prudence, donc, en donnant plus que ce que la charte donne comme valeur (voir le lien à la fin du texte). Je n’ai jamais fait cet exercice auparavant, car je ne suis pas un dépisteur de salon, alors prenez mes choix avec des pincettes. C’est basé sur mes lectures, mon analyse du profil du joueur et sur des visionnements limités sur internet. Ceci dit, j’ai des critères de sélection qui me sont propres, soit le talent en premier, l’âge relatif pour les choix hors du top-20, l’indice de masse corporelle du joueur (plus il est bas, plus il y a de place à progression, en théorie). Aussi, cette année je privilégie les joueurs d’avant lors des premières rondes. Je considère que le CH a déjà sa relève en défense dans son pipeline avec Guhle, Mailloux, Struble et Harris qui s’ajoutent à Romanov. Tout ça sans compter les Norlinder, Fairbrother, Xhekaj, Trudeau, Kostenko et Sobolev. Un ou deux de ces joueurs, à terme, pourraient causer une surprise. Le CH a aussi un bon pipeline de gardiens avec Primeau, Dobes, Dichow et Vrbetic. Ceci dit, je vais en ajouter un dans les rondes tardives. Donc, mon focus sera sur des attaquants talentueux parmi les plus jeunes de leur années de repêchage, à part pour le premier choix au total, ensuite j’entends prendre des défenseurs parmi les plus jeunes de leur année d’éligibilité et avec un potentiel offensif.

1 Shane Wright

Je l’ai répété, je pense que Wright souffre d’un anti-effet de récence. En d’autres mots, il est sur le radar depuis trop longtemps au goût de certains. Cela a permis de voir plus ses défauts que ses qualités et on néglige son historique comme talent élite. Un jeune qui compte 39 buts en OHL lors de sa saison 15 ans doit avoir un talent rare. Pour moi il combine l’attrait d’un choix sûr, on ne peut prendre un futur flop au #1, tout en maintenant un plafond très élevé. Je pense que cette année moyenne par rapport aux attentes est une aberration. Il va rétablir son statut de futur joueur de très haut niveau dès l’an prochain si le CH a la sagesse de le retourner dominer en OHL.

26 Gleb Trikozov

Oui prendre un russe si tôt est un pari. Bien sûr, être Kent Hughes j’aurais plus d’informations sur les intentions de ce jeune, et je pourrais prendre une décision plus éclairée. Ceci dit, Trikozov est né le 12 août 2004, il a donc encore 17 ans. Il est un des plus jeunes joueurs de cette cuvée. Il montre des statistiques en MHL (junior majeur russe) similaires à celles de Kucherov au même âge. C’est un ailer droit qui mesure 6’01 » et pèse 185 lbs. Il a donc des chances de jouer pro à 6’02 » et 205 lbs. Il est rapide, excellente vision, bonnes mains et bon marqueur. Son jeu défensif est à améliorer, mais c’est vrai pour la plupart des jeunes joueurs offensifs de son âge. Il est classé entre #8 et #66 sur les différentes listes. La liste consensus de Bob McKenzie l’avait au #64 cet hiver, mais il devrait être classé plus haut sur la liste finale. Le CH pourrait probablement aussi le prendre au #33. Ceci dit, il y a quand même une possibilité qu’il ne soit plus là au #26.

33 David Goyette

Un Québécois qui a tergiversé entre la voie de la NCAA et de la CHL. Il s’est finalement retrouvé cette année en OHL, à Sudbury, sur une mauvaise équipe, la troisième pire au classement final de la ligue. Goyette n’avait donc pas beaucoup de support pour produire cette année. Il a terminé la saison premier marqueur de son club avec 73 points en 66 matchs et le 2e marqueur de l’équipe n’a amassé que 50 points. On peut donc penser que s’il avait été mieux entouré il aurait pu amasser 85-90 points. Goyette est né en mars, il n’est donc pas parmi les plus jeunes, mais ni parmi les plus vieux. Il est né au milieu de l’année d’éligibilité. Dans son cas, c’est la faiblesse de son équipe qui me fait penser qu’il sera sous-évalué, puis lui aussi a manqué une année à cause de la covid. Il y a donc du rattrapage possible dans son cas. C’est un centre de 5’11 » et 174 lbs qui pourrait jouer à l’aile au niveau professionnel. Il est classé entre les rangs #19 et #50 sur les différentes listes.

49 Adam Sykora

Transaction. Le CH échange les choix #62, #92 et #98 au Kraken de Seattle en retour des choix #49 et #58. Ici j’y vais une autre fois avec le critère de l’âge relatif. Sykora est un ailier de 5’10 » et 170 lbs qui est né le 7 septembre 2004, ce qui en fait avec Vincenz Rohrer un des plus jeunes joueurs qui sortiront dans le top-100. Son fait d’arme cette année est d’avoir joué pour la Slovaquie au championnat du monde sénior au mois de mai et d’y avoir bien paru. Il y a obtenu deux buts et une passe en six matchs. Sykora est classé entre #38 et #100 sur les diverses listes.

58 Jordan Dumais

Jordan Dumais est né un 15 avril, alors comme David Goyette il se situe dans le milieu de son année d’éligibilité. Il jouait pour un club moyen à Halifax. C’est un petit ailier de 5’09 » et 165 lbs qui n’a pas un coup de patin au-dessus de la moyenne. Il a donc peu de choses sur papier qui militent en sa faveur, sauf une, il a accumulé des points à un rythme incroyable pour un joueur de 17 ans de sa stature. Il a une excellente vision et un sens du hockey très au-dessus de la moyenne. Avec une telle production à 17 ans (109 points en 68 matchs), Dumais montre des stats similaires à des joueurs qui sont sortis dans le top-10 au repêchage, les Huberdeau, MacKinnon, Drouin, Ehlers, Meier, Dubois, etc… Donc, je fais ce choix juste parce que je ne peux ignorer cette production élite. Ensuite, ce sera à Dumais de gagner en force et en vitesse, mais le sens du hockey ne s’enseigne pas et Dumais en a à revendre. Dumais est classé entre #48 et #95 sur les différentes listes.

66 Nicholas Moldenhauer

Malgré son nom, Moldenhauer n’est pas un Allemand ou un Autichien, c’est un Ontarien. Il a eu une histoire particulière. Il a peu joué l’an passé, alors qu’il devait jouer pour Ottawa en OHL il s’est retrouvé aux États-Unis où il a pu jouer 6 matchs en USHL et 13 matchs dans un club Midget du New-Jersey. Cette année il a décidé de continuer un USHL avec le Steel de Chicago, le club où Sean Farrell a joué. Toutefois la guigne s’est acharnée sur lui. Il a raté le début de saison à cause d’une infection virale, puis a subi une sérieuse coupure par la lame de patin d’un adversaire qui a nécessité une intervention chirurgicale. Il a finalement pu jouer 41 matchs où il a accumulé 43 points. Il est né un 25 mai, ce qui en fait un joueur relativement jeune. Il mesure 5’11 et pèse 170 lbs. C’est un des meilleurs patineurs de cette année de repêchage. Je l’ai choisi à cause des embûches qu’il a rencontré qui ont à mon avis réduit sa valeur. Je pense qu’il est une aubaine en début de 3e ronde. Il est classé entre #53 et #112 sur les différentes listes.

70 Vincenz Rohrer

Transaction, le CH échange les choix #127 et #128 au Devils en retour du choix #70. Ici je reviens à mon critère de sélection favori, l’âge relatif. Avec Adam Sykora, Rohrer sera le plus jeune joueur choisi lors des trois premières rondes de ce repêchage. Il est né le 6 septembre et s’il était né 10 jours plus tard il n’aurait été éligible que l’an prochain. L’idée ici est de repêcher à rabais un joueur de talent qui n’a pas montré tout son potentiel car il était désavantagé par son jeune âge. Rohrer est un ailier droit de 5’11 » et 170 lbs. Il a obtenu 48 points en 64 matchs pour Ottawa en OHL, une équipe assez faible située dans le dernier tiers du classement de la ligue. Rohrer n’était pas bien entouré puisque ses 48 points lui ont permis de terminer premier compteur de son équipe. Donc, s’il avait joué pour un meilleur club, il est loisible de penser qu’il aurait pu approcher un point par match à un si jeune âge. Rohrer présente donc la totale, jeune âge et équipe faible. C’est un choix basé sur le fait qu’il a beaucoup de marge de progression. Il est classé entre 59 et 126 sur les différentes listes.

75 Artem Duda

Premier défenseur choisi dans cette liste. J’ai décidé de le choisir car Duda est un défenseur offensif et avec le facteur russe cette année il pourrait être encore disponible au rang #75. C’est un gaucher de 6’01 » et 180 lbs né au milieu de l’année d’éligibilité, soit le 8 avril 2004. En MHL (junior majeur russe) il a accumulé 41 points en 52 matchs de saison régulière et 17 points en 18 matchs des séries. Pour un défenseur russe, c’est une excellente production car en Russie on ne pousse pas les défenseurs à l’attaque. Il est classé de #47 à #81 sur les différentes listes.

162 Elmeri Laakso

Un autre défenseur. Cette fois encore j’y vais avec la jeunesse relative du joueur. Laakso est né le 9 juillet 2004, il a encore 17 ans. C’est un défenseur gaucher de 6’01 » et 185 lbs. Il a joué surtout au niveau junior cette année, mais aussi en Metsis et Liiga au niveau professionnel. Il était sur l’équipe U-18 de la Finlande et a obtenu des points à tous ces niveaux. Le seul classement que j’ai trouvé pour lui est #195 par McKeens et #66 pour les joueurs européens par la centrale de recrutement de la LNH. Cela laisse croire qu’il pourrait toujours être disponible au rang #162.

194 Niks Fenenko

Un troisième défenseur parmi les plus jeunes de ce repêchage, étant né le 18 août 2004. Fenenko est originaire de Lettonie et a joué cette année pour Baie-Comeau dans la LHJMQ. C’est un gaucher de 6’01 et 180 lbs. Il accumulé 40 points en 62 matchs. C’est vraiment excellent pour un défenseur qui a joué toute l’année à 17 ans, surtout que Fenenko ne jouait pas pour une bonne équipe. Il a terminé quatrième compteur de son équipe derrière trois attaquants de 19 et 20 ans. Je ne sais pas si Fenenko sera toujours disponible au rang #194, mais il est classé #124 chez les patineurs nord-américains, donc, si on ajoute les européens, ça mène vers ce rang.

216 Jan Spunar

Un gardien Tchèque de 6’03 » et 185 lbs. Il a le physique de l’emploi et des bonnes stats dans le junior en Tchéquie. L’idée ici est d’ajouter un gardien au pipeline qui a les caractéristiques physiques du gardien moderne de la LNH. Spunar est aussi né un 30 mai, il vient donc d’avoir 18 ans et est du côté plus jeune de son année de repêchage.

Voilà. Bien sûr, le vrai repêchage du CH sera très différent, mais ça montre l’approche que je voudrais voir le CH prendre. Des attaquants dans le top-70, puis des paris sur des défenseurs à potentiel offensif parmi les plus jeunes du repêchage et un gardien en Europe ou en NCAA qu’ils pourront suivre pendant quatre ans en espérant une progression heureuse.

https://theleafsnation.com/2016/05/01/is-it-worth-it-to-trade-up-in-the-nhl-draft/

Les Canadiens obtiennent le premier choix au total pour 2022

La chance a joué en faveur du CH et ceux-ci ont remporter la loterie du repêchage 2022 et ainsi le premier choix au total. C’est évidemment une bonne occasion d’ajouter un joueur très prometteur au pipeline de l’équipe. Ceci dit, l’opinion générale des recruteurs de la LNH est qu’en 2022 il n’y a pas de joueur exceptionnel qui sera disponible, ou, à tout le moins, qui se présente comme telle de manière claire à tous. Un choix avisé pourrait donc permettre d’obtenir un joueur de très bonne qualité, mais pas un joueur qui aura un impact très rapide dans l’alignement d’une équipe.

Le joueur qui est identifié depuis trois ans déjà comme favori pour être repêché premier au total cette année est Shane Wright, un centre ontarien de 6’01 et 190 lbs qui a obtenu i.5 points par match cette année avec Kingston dans la OHL. Wright avait obtenu le statut rare de joueur exceptionnel qui lui avait permis d’évoluer dans le circuit ontarien dès l’âge de 15 ans. Wright est né le 5 janvier 2004. Il est donc du côté plus vieux des joueurs à leur première année d’éligibilité. À sa première saison, à 15/16 ans en OHL, il avait fait honneur à son statut d’exceptionnel avec une production de 39 buts et 66 points en 59 matchs. Pour un joueur si jeune, cette production laissait entrevoir un joueur au potentiel très élevé, proche de l’exceptionnel. Au même âge, Connor McDavid avait obtenu 25 buts et 66 points en 63 matchs. Malheureusement pour Wright, il n’a pas eu de saison 16/17 ans l’an passé, mais au championnat U-18 en mai 2021, il avait obtenu 14 points en 5 matchs, dont 9 buts, ce qui laissait penser qu’il était encore sur une trajectoire très élevée. Toutefois, cela ne s’est pas poursuivi au rythme anticipé cette année en OHL, non pas que Wright ait été mauvais, mais son début de saison a été lent, et il n’a pas pu atteindre les deux points par matchs qu’on attend d’un espoir de très haut niveau, d’une future vedette offensive assurée. Au lieu de cela, il a produit un cran en dessous, à 1.5 points par match. Une bonne production, mais pas celle qui était espérée de sa part. Ceci dit, tout le monde sait que la progression des espoirs n’est pas toujours linéaire, mais pour les futurs exceptionnels comme Crosby, McDavid et Matthews, il n’y a pas trop de fluctuations. Mais, encore une fois, il faut se rappeler que Wright a rater une année critique dans son processus de maturation. Pourrait-on voir un rebond plus tard et un retour à son statut de future grande vedette. Ce n’est pas impossible, mais c’est impossible à prévoir avec certitude. Ce que l’on sait avec certitude toutefois, c’est que c’est un joueur de grand talent qu’on dit mature pour son âge et dédié à réussir sa carrière. En d’autres mots, il a une bonne tête.

Voilà ce que je peux dire sur Shane Wright. À mon avis il sera le choix du CH car c’est un centre, une position à valeur ajoutée. Aussi parce que c’est un choix présentant un haut degré de sécurité. En d’autres mots, son plancher est élevé, il a donc peu de chances d’être un pur flop. L’autre raison, c’est qu’il n’y a pas un autre joueur qui se démarque pour remettre en cause la position de Wright comme favori. À mon avis, si le CH n’est pas convaincu qu’il y a un choix clair au rang #1, il pourrait peut-être se laisser tenter par un échange. C’est peu probable, à mon avis, mai pas totalement impossible. À première vue, si le CH s’en tient à échanger seulement des choix de repêchage, il y a deux scénarios qui semblent plus apparents que d’autres. Le premier serait d’échanger le premier choix à Colombus pour les choix #6 et #12. L’autre possibilité, serait de transiger avec Arizona pour le choix #3 et #30 et #34. Le CH se retrouverait donc avec les choix #3, #29, #30, #33 et #34. Si le CH pense avoir identifié des Romanov et des Ylonen dans ce repêchage, ce serait quatre tirs de qualité à la cible et le club aurait quand même le troisième choix au total. Ce scénario serait valide si le CH se sent à l’aise de manière très similaire avec trois joueurs en début de repêchage et qu’il pense qu’il y a la profondeur nécessaire pour que repêcher quatre fois entre 29 et 34 vaille la peine.

Le pion dans l’œil du cyclone (variation sur un même thème)

Ce texte a été initié comme une simple réponse sur le sujet précédant, mais il revient encore sur le traitement dichotomique, voire manichéen, des cas Ducharme et Saint-Louis. Cette façon de présenter les choses est sans nuance, sans contexte, et, ce faisant, totalement injustifiée.

On tente encore d’entretenir l’illusion que Saint-Louis serait à lui seul responsable de l’amélioration de certains jeunes joueurs. Ce n’est bien sûr pas le cas. La plus grande qualité de Saint-Louis c’est sa nouveauté, ce qui ne le diminue pas par ailleurs. Ça, et l’absence de pression dans laquelle l’équipe évolue depuis son arrivée. Le congédiement de Ducharme a dédouané tout le monde de toute critique, de toute responsabilité pour l’état lamentable du club lors du départ du coach galeux. À lire et entendre certains, Ducharme aurait été une sorte de demi-dieu qui contrôlait absolument tout et par qui tout passait, et il aurait ainsi aplati le niveau de jeu et d’engagement de tous ses joueurs. Quelle puissance il avait ce Ducharme pour un coach qu’on a décrit comme sans charisme. À son départ il est devenu le paratonnerre parfait qui a attiré tous les blâmes possibles et imaginables. C’était un dictateur qui décidait de tout, n’écoutait personne et dégradait tout ceux qui étaient en contact avec lui. Ses assistants entraîneurs sont soudainement redevenus respectables depuis son départ.

Les joueurs ont entendus tout le monde dire qu’ils étaient bons au fond, et que tout était de la faute de leur ancien coach. Saint-Louis, lui, est arrivé après un tel destructeur sans jugement, le Poutine des entraîneurs de hockey. Comment pouvait-il mal paraître? Surtout qu’en plus, tout était perdu. Lorsque Saint-Louis gagnait lors de sa bonne séquence, les blessés et les Toffoli échangés ne comptaient pas dans l’équation. Cela ajoutait à la grandeur du petit magicien maintenant à la barre du club. Aujourd’hui, après deux défaites cuisantes contre de très bonnes équipes, on invoque les échangés et les blessés, même l’horrible Jeff Petry qui a été le frondeur numéro un impliqué dans la chute de Ducharme. On oublie aussi le retour d’Edmundson en défense pour remplacer Chiarot. Ducharme a eu des alignements plus maigres que celui du CH hier soir, mais dans son cas, ça n’a jamais servi d’excuse. Il était mauvais, c’était indiscutable, comme il semble indiscutable aujourd’hui pour certains que Saint-Louis est le Midas du coaching.

Je me répète, mais lorsqu’en parfaite santé, le CH est un club de milieu de peloton, même avec les départs de Chiarot, Toffoli, Lehkonen et Kulak, des ajouts seront faits pour la saison prochaine. Ceci dit, le club était-il affaibli par les blessures et les échanges hier soir? Absolument. Mais ce club avait connu pire plus tôt en saison avec des blessures simultanées à ses trois premiers gardiens de buts.

Le vrai test pour Saint-Louis sera la saison prochaine lorsqu’il y aura un enjeu et qu’il frappera sa première séquence de défaites, quelques matchs où ses joueurs ne donneront pas l’effort nécessaire. La première fois où il devra rétrograder un vétéran qui ne travaille pas assez, ou qui n’arrive plus à suivre. En d’autres mots, le jour où Saint-Louis coachera vraiment en situation compétitive on pourra commencer à juger sa véritable valeur. Je ne suis pas en train de prédire qu’il échouera. Non. Tout ce que je dis c’est qu’alors il devra faire face au vrai travail de coach. Ce qu’on voit actuellement n’est rien d’autre qu’un long camp d’entraînement et d’évaluation. Les résultats sont secondaires, Saint-Louis l’a répété après les deux derniers matchs. C’est le temps où il est de bon ton de parler du processus car il n’y a pas de pression de gagner.

Ducharme n’a jamais eu cette période de grâce. Lorsqu’il a remplacé Julien il devait gagner pour faire les séries. Il n’y est pas arrivé seul. Ses joueurs se sont levés, en particulier Carey Price. L’automne suivant, il n’y avait plus de Price, plus de Weber, de Danault, d’Edmundson, de Perry et de Kotkaniemi. Les joueurs n’avaient pas le goût de repartir la machine si rapidement après avoir joué du hockey à très haute intensité, surtout pas après avoir perdu autant de joueurs importants. Le résultat a été une débandade collective agrémentée des blessures à la pelle. Les joueurs n’avaient pas le goût de jouer, ils ont laissé tomber Ducharme, les blessures se sont accumulées, les choses sont allées de mal en pis dans une spirale descendante parfaite. Au lieu de prendre une part du blâme les joueurs ont décidé, comme toujours, de pointer le coach du doigt, et ils ont eu sa tête, et en même temps, ils venaient de trouver leur source de motivation pour le reste de la saison, soit de montrer que c’était Ducharme le problème, pas eux. Ainsi ils justifieraient leur moitié de saison catastrophique, et le bénéficiaire de cette dynamique serait le coach remplaçant qui saurait très bien qu’il serait dans son intérêt de participer au discours de disculpation des joueurs. S’il voulait les mettre de son côté. il serait dans son intérêt de blâmer l’ancien système. Ajoutez à cela qu’il y a eu un changement de DG en cours de route, que Bergevin vivait sur du temps emprunté dès le début de saison, et vous aviez une autre raison pour les joueurs de ne rien craindre. Le nouveau DG a congédié Ducharme pour nommer un ami à sa place, alors lui aussi avait intérêt à être positif et à ne rien dire pour défendre Ducharme. Si Bergevin avait signé une prolongation de contrat l’été passé, les choses auraient été bien différentes. Bergevin aurait eu intérêt à aider et défendre Ducharme. Les joueurs auraient su qu’il était solidement en poste et qu’il serait beaucoup plus difficile de tout faire passer sur le dos du coach.

Je n’ai pas souvenir d’un coach ayant eu une première année en poste aussi rocambolesque que Ducharme. Il a remplacé Julien par interim, son club s’est rendu en finale de la coupe, une première en 28 ans. Molson qui voulait congédier Bergevin cet été a eu peur et n’a l’a pas fait. Bergevin toujours DG a donc offert un contrat de trois ans à Ducharme, et le jovialiste de Molson a accepté par lâcheté. Résultat des courses, Bergevin lui n’a pas obtenu de prolongation, contrairement à son coach, un non sens absolu. Par le fait même, ces décisions incongrues de Molson ont affaibli la chaîne d’autorité. Au-delà de ça, Bergevin avait pris deux très mauvaises décisions lors des deux années précédentes, l’offre hostile à Aho qui n’avait aucune chance de réussir. Un geste qui montrait un fort manque de jugement et qui a ultimement mené à la perte d’un récent choix, 3e au total du club, en Kotkaniemi. Ensuite, il a offert de manière beaucoup trop émotive un contrat complètement exagéré et injustifié à Gallagher. Ce contrat a frustré Danault qui voulait aussi une prolongation et qui se savait bien plus important à l’équipe que l’unidimensionnel Gallagher qui profitait en plus de jouer avec lui. Danault a donc quitté après d’excellentes séries laissant un trou béant dans l’alignement et des responsabilités fortement accrues pour Suzuki cette année. La position de Bergevin était donc légitimement très affaiblie. Oui il avait redressé le repêchage du club ces dernières années, mais au niveau de la gestion des contrats il a fait preuve de graves manques de jugement. Il vivait sur du temps emprunté et le manque de courage de Molson a permis à la situation de pourrir.

Le vrai responsable, au fond, c’est Geoff Molson et son obsession de faire les séries à chaque année. Il a décrété un « reset » en 2018, et deux ans plus tard il le déclarait terminé, ce qui était totalement insensé. De plus, l’offre à Aho allait à l’encontre de l’idée de « reset » et Molson a clairement eu son mot à dire dans cette histoire. Il a donc très mal appuyé son DG, et ça explique sûrement l’actuelle direction bicéphale du club avec Gorton qui est là pour supporter Hughes et éviter les crampes au cerveau coûteuses. Le moins que je puisse dire c’est que j’ai digressé par rapport à mon intention initiale de défendre encore une fois Ducharme et de calmer l’enthousiasme débridé par rapport à Saint-Louis. Ceci dit, ma digression montre que tout est lié dans une organisation, et que c’est une accumulation de mauvaises décisions qui mène à une catastrophe comme celle qu’on a vue cette année et que dans toute cette histoire le pauvre Ducharme n’a été qu’un pion pris dans l’œil du cyclone. Mettre le désastre qu’a été cette saison sur ses seules épaules est un pur non sens. La responsabilité est multiple et ce qu’on voit actuellement n’est que la suite de l’histoire avec de nouveaux visages, sauf l’ineffable Molson qui est toujours là, mais qui semble avoir compris qu’à la base il était le plus coupable de tous.

Le magicien qui fait apparaître un bouc émissaire malgré lui

Dominique Ducharme et Martin Saint-Louis ont joué en même temps pour l’équipe de hockey de l’université du Vermont dans leur jeune vingtaine. Un sort étrange les a reliés de nouveau cet hiver, presque 30 ans plus tard, mais cette fois ils n’étaient pas en même temps pour la même équipe. Un a succédé à l’autre, toutefois, s’ils étaient encore coéquipiers, je pense bien que Saint-Louis serait le premier à venir à la défense de Ducharme. Mais ils ne sont plus coéquipiers depuis longtemps, et il ne fait pas bon oser défendre Dominique Ducharme pas les temps qui courent. Si vous voulez passer pour un attardé, osez prendre le risque de dire ou d’écrire que Ducharme n’est la raison première, voire unique, des déboires historiques qu’a connu la Sainte-Flanelle cette saison.

Peut-être ai-je un goût pour les causes désespérées, mais je m’y lance. Pour moi, la chose la plus importante au hockey, entre équipes vaguement du même calibre, c’est l’effort au jeu. Un club moins fort en battra souvent un plus fort si la différence d’effort entre les deux équipes lors d’un matche donné est importante. Ce que je vois essentiellement depuis l’arrivée à la barre de Martin Saint-Louis, c’est un club qui travaille mieux, c’est vrai, mais surtout plus fort, et j’ai tendance à penser que l’équipe travaille mieux car elle travaille plus fort. La mollesse, la nonchalance et le désengagement collectif, ça ruine toute possibilité de bien travailler. Pour moi, ce constat est la base de tout. Après ça, il y a les circonstances particulières, et durant cette saison, elles ont toujours été à l’encontre de Ducharme. Ce n’est pas une recherche d’excuses, les faits sont là et ils sont têtus.

Selon les nouveaux dirigeants du CH, lors de leur nomination, Ducharme devait au moins terminer la saison. Cette affirmation c’est avérée fausse, même si elle n’était pas mensongère au moment où elle a été exprimée. Pourquoi? J’ai regardé les feuilles de matchs du CH lors des 10 derniers matchs de Ducharme, question de me rafraîchir la mémoire. Le pauvre était pris avec un Cayden Primeau atroce, et en même temps, laissé à lui-même, devant le filet. McNiven a agit comme substitut lors d’un match contre le Wild, sinon, après ça, un Montembault blessé au poignet a servi comme substitut et Primeau était tellement faible que Montembeault a dû finir des matchs avec son poignet blessé. J’aurais voulu voir Saint-Louis avec de telles passoires dans les buts. Après toutes les blessures survenues cette saison et les pertes de joueurs de la saison précédente, cette blessure à Montembeault a été le coup de grâce à Ducharme.

Lors de ses six dernières présences devant le filet du CH, Primeau a obtenu des pourcentages d’arrêts de 0.844, 0.667, 0.875, 0.929, 0.794, 0.714. Lors de ces six matchs, Montembeault, jouant blessé, a obtenu des pourcentages de 0.867, 0.625, 0.571, 1.000 et McNiven lors de sa seule apparition en relève à Primeau, 0.571. En d’autres mots, le CH, à la fin de l’ère Ducharme n’avait plus de gardien de calibre LNH en santé. On voit que Montembeault lors du dernier match de Ducharme n’a pas accordé de but en 31 minutes en relève à Primeau, signe que sa blessure était guérie ou proche de l’être. Après ça, Montembeault a retrouvé de bons pourcentage d’arrêts, à part deux matchs, et Hughes est allé cherché Hammond pour aider Saint-Louis à ne pas perdre à cause d’un gardien exécrable.

Difficile de ne pas voir qu’on a laissé Ducharme à lui-même. Il y a un contexte très important pour expliquer la liquidation de Ducharme, et la mise sur un piédestal de Saint-Louis. Encore une fois, je ne dénigre pas Saint-Louis. Je pense qu’il est et sera un bon coach. Je pointe juste vers le fait qu’on a laissé couler Ducharme juste avant le retour de conditions plus avantageuses pour l’arrivée Saint-Louis, l’ancien joueur vedette.

Pour moi, les dés étaient pipés, et en disant cela je ne dis pas que le club aurait connu le même regain si Ducharme était resté en poste. Cela n’aurait clairement pas été le cas. Petry et compagnie avaient décidé d’avoir la tête de Ducharme. Il était condamné malgré ses compétences. Les p’tits choux avaient décidé qu’ils voulaient la tête d’un autre coach. En plus, le congédiement de Ducharme avait l’avantage de désigner un responsable pour les déboires de l’équipe, en autant que les joueurs donnent un meilleur effort sous les ordres du remplaçant surprise. C’est ce qu’ils ont fait, et Ducharme a très mal paru aux yeux de l’observateur non averti, ou naïf. Les joueurs ont tellement travaillé plus fort que Saint-Louis s’est vu du jour au lendemain attribué toutes les vertus, le bougre d’homme pouvait transformer l’eau en vin. Saint-Louis avait beau se défendre d’y être pour rien sur bien des aspects, améliorés subitement, les journalistes n’en démordaient pas. Ils venaient de découvrir un magicien, et celui-ci, contre sa volonté, par un concours de circonstances, a fait de Ducharme le bouc émissaire par excellence.

La réalité, pourtant, c’est que Ducharme demeure un entraîneur compétent un entraineur du niveau de la LNH. Ce que l’on a vu cette saison dans son cas est une illusion négative. Tout était tout croche dans l’organisation dès le début de la saison avec un DG en sursis qui venait de commettre de nombreuses gaffes qui avaient affaibli son club. La déferlante de blessures a suivi, avec Price, Allen et Montembeault blessés, Ducharme a dû s’en remettre à un Cayden Primeau qui n’était pas prêt à jouer derrière un club qui avait démissionné. Ce qui fait qu’à la fin on a mis la tête de Ducharme au bout d’une pique et on a dit que c’était lui l’unique coupable. La preuve? Regardez le regain sous Saint-Louis le magicien, l’ancien joueur vedette de la LNH.

Voilà! J’espère que Ducharme a du soutien moral autour de lui car malgré que son avenir financier soit maintenant assuré, ce qu’il a vécu cet hiver, comme injustice professionnelle, c’est dur à battre. Le pire c’est que 99.9% des partisans, des journalistes et des commentateurs gobent la version pointant Ducharme comme l’unique responsable. Les mêmes qui applaudissaient l’octroi du contrat boulet de Gallagher aux dépends de Danault et l’offre hostile à Aho. Je sais que j’ai l’air méprisant dans mes propos, mais c’est surtout en réaction au mépris général dont Ducharme est l’objet. Je ne pense pas que Ducharme soit nécessairement un grand entraîneur. Ceci dit, il n’aura probablement pas de deuxième chance de prouver sa valeur au niveau de la LNH. Cette question n’aura donc probablement jamais de réponse. Le pauvre restera pris avec cette image trompeuse de pur incompétent, de coach qui n’est pas de calibre pour la LNH. Je n’ai trouvé personne l’ayant défendu et ayant remis les choses en contexte. J’ai donc décidé de le faire, même si sur celle-là, les événements ne pourront jamais prouver si j’ai tort ou raison. Le pauvre Ducharme a été avalé, digéré, et expulsé en morceaux, victime parfaite d’une tempête parfaite.

Début de la reconstruction rapide, un survol de la situation

La transaction impliquant Tyler Toffoli annoncée aujourd’hui marque le début du plan de reconstruction accéléré du duo Gorton-Hughes. Je dis plan de reconstruction accéléré car il me semble clair que le club montréalais a un pipeline de prospects et de choix déjà suffisamment bien garni pour que le processus n’en soit pas un de reconstruction à partir de zéro. Lu nouveau duo à la tête du CH dispose de beaucoup de matériel pour travailler au cours des 18 prochains mois. Je pense qu’ils doivent agir en assumant que la saison prochaine sera aussi difficile et que d’autres joueurs quitteront à la date limite des transactions l’an prochain. Il ne s’agit donc pas d’une ruée pour brader tout ce qui peut l’être tout de suite. Le plan doit être graduel. Toffoli est le premier à avoir été échangé, et il semble vraisemblable que Chiarot suivra pour un retour similaire. Il reste à voir si Jeff Petry pourra lui aussi être échanger contre un retour conséquent. Petry travaille fort actuellement à diminuer sa valeur. Pour les fins de mon petit exercice, je vais assumer qu’un club acceptera de donner un choix de fin de 1e ronde en retour de ses services et que la CH acceptera un mauvais contrat d’un an ou deux en contrepartie des trois années de contrats à faire de Petry. Kulak pourrait aussi être échanger contre un choix de 3e ronde. Le club se retrouverait dans la situation suivante avec de telles transactions:

Drouin-Suzuki-Caufield
Lehkonen-Dvorak-Anderson
Hoffman-Evans-Gallagher
Byron-Poehling-Armia
Harvey-Pinard-Pitlick-Ylonen
Pezzetta-Vejdemo-Belzile
Pitlick-Pitlick

Roy-Mysak-Biondi
Heineman-Kidney-Pitlick
Tuch-Kapanen-Stapley
Farrell

Edmundson-Savard
Romanov-Wideman
Clague-Norlinder

Guhle-Mailloux
Harris-Brook
Struble-Kostenko
Fairbrother-Sobolev
Trudeau-

Choix 2022

Quatre choix de 1e ronde, dont un top-3
Un choix de 2e ronde
Trois choix de 3e ronde
Deux choix de 4e ronde
Un choix de 5e ronde
Un choix de 6e ronde
Deux choix de 7e ronde
14 choix au total

À mon avis, Christian Dvorak est aussi un candidat potentiel à être échangé cette année d’ici la date limite des transactions. Cela ajouterait un autre choix de 1e ronde en 2022, plus autre chose. L’an prochain, je vois Drouin et Byron comme matériel à échange car ils seront en dernière année de contrat. Je garderais Anderson, puis Gallagher car il est inéchangeable. Les départs de Toffoli, Petry et peut-être Dvorak, libéreraient entre 11 et 16M$ sous le plafond pour l’an prochain. Cet espace pourrait servir de plusieurs façons, soit pour signer des agents libres et/ou, accepter de mauvais contrats contre des choix de repêchage. Aussi, avoir quatre ou cinq choix de 1e ronde la même année ne me semble pas la meilleure idée au cas ou 2022 soit une vraie mauvaise année. La porte devrait être ouverte à échanger un ou deux choix de 1e ronde contre des choix de 1e ronde 2023. Ces choix pourraient aussi servir à acquérir des prospects et jeunes joueurs plus avancés dans leur développement, dans un échange du genre deux choix de 1e ronde contre un vrai bon jeune joueur, un attaquant de préférence car le pipeline est meilleur en défense. Je vois idéalement Guhle à Laval pour débuter l’année, donc, comme défenseur #8. Si la carrière de Price est terminée, je vois un duo Allen-Montembeault comme viable pour l’an prochain. Si Price se retrouvait sur la LTIR, cela libérerait de la masse salariale supplémentaire, et le contrat de Weber pourrait être échangé à un club comme Arizona. Donc, sans ajouts de joueurs autonomes et de joueurs issus d’échanges à venir, ni de jeunes joueurs qui causeraient une surprise en s’imposant au prochain camp d’entraînement. L’alignement de l’an prochain ressemblerait à ceci.

Drouin-Suzuki-Caufield
Lehkonen-Poehling-Anderson
Hoffman-Evans-Gallagher
Byron-Pitlick-Armia
Ylonen

Edmundson-Savard
Romanov-Wideman
Harris-Clague
Norlinder-Guhle

Price-Allen-Montembeault

Les départs de Drouin et Byron libéreraient de la place pour des joueurs comme Ylonen et Heineman, puis selon ce que Guhle donnerait à Laval, il serait un candidat à une promotion en cours de saison. Wideman pourrait partir et le club pourrait engager un défenseur autonome droitier l’été prochain. Je serais patient avec les prospects du club. Le choix top-3 du club, même si c’est Shane Wright, ne graduerait pas l’année prochaine. Ces joueurs ont tous manqué du temps de jeu significatif au cours des deux dernières année, alors il serait impératif de ne pas précipiter leur arrivée avec le grand club. Même chose pour Roy et Mailloux. Même s’ils étaient impressionnant au prochain camp, ce serait un retour assurer pour jouer leur dernière année junior. Le club ne visera pas la coupe l’an prochain, alors la patience sera de mise. Je pense que ce petit survol de la situation montre que le club est loin d’être en position de devoir reconstruire à partir de zéro. Il y a beaucoup de bons joueurs, de bons prospects et de bons choix de repêchage dans l’organisation. Bergevin a gaffé ces dernières années avec de mauvaises décision contractuelles, mais il a aussi fait de bons coups et laisse un bel héritage à ses successeurs. C’est à eux de ne pas le dilapider et de bien jouer leurs cartes au cours des 18 prochains mois.

Mon plan si je devais passer une entrevue pour devenir le vrai DG des Canadiens de Montréal

Ce texte assume que j’aurais une expérience pertinente dans le domaine du hockey, ce qui n’est pas mon cas. J’expose ce point car pour moi un candidat se doit d’avoir de la crédibilité et de la prestance. Ceci dit, même si je n’ai pas ces pré-requis, l’exposé qui suit, peut être d’intérêt au niveau des principes. Ce petit préambule étant fait, voici ma façon de voir les choses et ce que je présenterais comme plan et vision si j’avais le pré-requis de base pour postuler au poste de DG avec les pleins pouvoirs.

Le problème dans le processus de recherche d’un adjoint à Gorton, c’est que les dés sont déjà pipés. Je veux dire par là que ce n’est pas un processus ouvert. Le gars choisi devra cadrer avec ce que Gorton veut comme adjoint. On va encore choisir un gars avec une vision qui cadre avec les manières de faire habituelles de la LNH. Oubliez l’idée d’engager un esprit original et indépendant. On va chercher quelqu’un qui va se mouler à ce qui existe déjà. Gorton a travaillé 25 ans pour des équipes de la LNH. C’est le gars de système par excellence. Ça ne fait pas de lui un incompétent, mais on peut douter que ce soit l’esprit le plus indépendant. Quand on regarde sa feuille de route, on y voit de bons coups et des moins bons, un peu comme Bergevin. Alors que pour moi le critère principal d’embauche devrait être la vision des choses du candidat et son indépendance d’esprit, tout en ayant la crédibilité et la prestance nécessaires pour occuper ce poste. Si l’argument principal du candidat est que le club n’a rien à perdre à l’essayer, comme ce qu’a avancé Patrick Roy après le congédiement de Bergevin, ce n’est pas de cette originalité là dont je parle. Roy aurait la crédibilité et la prestance pour présenter mon plan et occuper l’emploi. Dans son cas c’est autre chose qui pourrait inquiéter et lui nuire.

Si j’étais un candidat crédible au poste de DG du CH, je parle d’un DG avec les pleins pouvoirs, pas un adjoint déguisé, j’arriverais en entrevue avec une analyse détaillée de ce qui fonctionnait dans l’organisation et de ce qui fonctionnait mal. Je dirais que je veux continuer à accumuler un surplus de choix de repêchage à chaque année. Ce serait la base de ma politique de recrutement amateur, avoir plus de chances de tirer vers la cible. Mon deuxième point serait d’avoir un plan pour améliorer mon taux de succès en tirant vers la cible. Mon critère premier serait de toujours prioriser le talent au repêchage par rapport aux autres aspects. Le cas de Joshua Roy en est un flagrant exemple, mais il y en a bien d’autres. Le CH fait déjà cela pas mal depuis 2016, alors je prônerais de continuer dans cette veine. Pour les deux prochaines années, je tenterais d’échanger des vétérans pour des prospects de qualité, ou des choix, tout en gardant quelques vétérans difficilement échangeables pour servir de tuteurs aux plus jeunes. Je favoriserais toutefois, si possible, les prospects bien évalués aux choix de repêchage, histoire d’accélérer mon processus de reconstruction avec certains jeunes joueurs un peu plus âgés.

Une fois la politique de recrutement amateur bien établie. J’engagerais un directeur du recrutement amateur et avec lui je procéderais à une revue des dépisteurs pour chaque régions et j’analyserais la qualité de leurs listes de repêchage pour leurs territoires lors des années passées. Je procèderais par la suite à des changements si nécessaires. Je passerais en revue le processus de suivi des joueurs repêchés et j’offrirais un suivi serré des programmes d’entraînement, de nutrition et d’entraînement spécifique comme le « power skating ». Je me développerais un réseau d’informateurs personnels sur chaque territoires de recrutement. Pas des dépisteurs en tant que tel, mais des personnes bien au fait de ce qui se passe dans chacun de ces territoires, un Stéphane Leroux pour le Québec, par exemple. Ce n’est qu’un exemple pour illustrer le type de personne, soit quelqu’un bien au fait de ce qui se passe sur un territoire donné. Ce réseau serait confidentiel et ces personnes ne se rapporteraient qu’à moi. Je mettrais aussi sur pied un réseau de dépisteurs vidéos dédiés à certains territoires. Ce réseau serait distinct de mon département de recrutement sur le terrain. Les informations que je recevrais de ces trois réseaux distincts me permettraient de demander des informations précises à mes dépisteurs et de donner des mandats de suivi sur des joueurs en particulier. Ces trois réseaux me permettraient de faire des croisements de données et d’informations. Deux sources venant du terrain, et la source vidéo qui aurait l’avantage d’un plus grand échantillon de matchs visionnés. Je pourrais aussi demander à mes dépisteurs vidéo des rapports avec montage de séquences pertinentes que je pourrais visionner, avec argumentaire du dépisteur vidéo à l’appui des séquences choisies. Bien sûr il faudrait faire le tri de toute cette information et être prudent au début, mais à la longue la compétence des dépisteurs sur le terrain et des dépisteurs vidéo pourrait être validée ou infirmée par les résultats, même chose pour les informateurs. Je n’hésiterais pas à payer pour pouvoir engager les meilleurs dépisteurs.

Pour ce qui est du Rocket de Laval, je tenterais de faire en sorte que le club soit un club gagnant. Ça me semble important pour favoriser le développement. Le coach serait choisi en fonction de pouvoir devenir entraîneur chef du grand club un jour. Par exemple, Joel Bouchard aurait cadré avec ma philosophie, mais pas Jean-François Houle qui n’a aucune chance de devenir entraîneur chef du CH un jour. Le club école aurait un entraîneur spécialisé dans l’amélioration du coup de patin, car la faiblesse de plusieurs joueurs de la AHL est justement le coup de patin. Ce serait un point important en plus de tout le reste.

Pour ce qui est du grand club et du recrutement professionnel. Il me faudrait un directeur qui bien sûr partage mon approche et ma vision. Là aussi j’aurais des dépisteurs vidéos dédiés. Deux qui couvriraient la AHL en regardant beaucoup de matchs de toutes les équipes. Au niveau de la LNH, j’aurais quatre dépisteurs vidéos qui couvriraient chaque division et regarderaient chaque match de chaque club et qui produiraient des rapports périodiques sur chaque équipe, avec des joueurs d’intérêts pour des échanges potentiels. Bien sûr, j’aurais un dépisteur par division sur le terrain pour voir des matchs en personne et ramasser de l’information de première main sur la situation de chaque équipe. Là aussi je pourrais croiser l’information des recruteurs de terrain et de ceux vidéos. L’avantage des recruteurs de terrain est bien sûr de voir des matchs sur place et accumuler de l’information de première main, par exemple, savoir pourquoi certains joueurs jouent moins, conflits à l’interne, avec le coach, ce genre de choses. Alors que les recruteurs vidéos, eux, ont l’avantage de voir tous les matchs. Pour le DG, le croisement de cette information permet de voir les convergences et les divergences et de donner des mandats précis à propos de certains joueurs d’intérêt. Si un joueur d’intérêt, bien coté par mes dépisteurs, sous-performe, je dois comprendre pourquoi si jamais je veux tenter de l’acquérir.

Le département de recrutement professionnel est bien entendu crucial pour aider le DG à prendre de bonnes décisions pour effectuer des transactions, réclamer des joueurs au ballottage, et offrir des contrats à des agents libres. Le département de recrutement amateur a aussi un rôle pour élaborer certaines transactions ou des choix et des prospects sont inclus. Avec toute cette information, la prise de décision pour les échanges et les offres de contrats (à des joueurs du club ou des agents libres), serait faite de la façon la plus objective possible et en offrant un contrat en se basant strictement sur ce qu’on pense qu’un joueur peut encore offrir sur la glace durant la durée d’un éventuel nouveau contrat. Il serait strictement proscrit de bonifier une offre pour des raisons émotives et d’attachement personnel au joueur concerné, pour services rendus et choses du genre. Toutes les décisions seraient prises en se basant sur l’évaluation de ce qu’un joueur pourra donner sur la durée d’un éventuel contrat offert. L’approche serait de toujours tenter d’obtenir la meilleure valeur pour la portion de la masse salariale investie.

Il n’y aurait pas de joueurs intouchables. En cas de négociations difficiles avec un joueur gourmand, une évaluation de sa valeur d’échange serait faite à chaque fois, et si l’échange semble plus favorable, en tenant toujours compte du plafond salarial, le joueur serait échangé, à moins qu’au final il n’accepte un contrat qui cadre avec l’évaluation que l’équipe fait de lui et de la situation salariale du club. Si j’étais DG, ma politique générale serait d’identifier les joueurs avec un potentiel à long terme pour l’équipe le plus tôt possible et de les mettre sous contrat à long terme dès ce moment. Cela permet en général d’obtenir un meilleur rapport qualité/prix. Les contrats de Pacioretty et Gallagher au début du mandat de Bergevin étaient de bons exemple de réussites en ce sens. Le gestion de Subban et Danault furent des exemples de mauvaises gestion de cas similaires. Même si on avait fini quand même par échanger Subban, celui-ci aurait eu une bien meilleure valeur d’échange à 6 M$ par année qu’à 9 M$ par année. Puis si on avait offert un contrat à long terme à Danault il y a trois ans, au lieu d’un contrat pont, il serait encore avec le club à environ 4.75 M$ par année pour encore quatre ou cinq ans et là aussi sa valeur d’échange serait supérieure à ce qu’elle est pour les Kings actuellement avec un Danault à 6 M$ par année.

En complément à mon personnel de recrutement amateur et professionnel, j’aurais aussi un un petit groupe d’analyse en statistiques avancées qui partagerait ses données avec tous les dépisteurs de l’organisation selon leurs territoires. Cela viendrait en appui à l’appréciation visuelle et pourrait orienter les dépisteurs sur certains aspects à observer en particulier chez certains joueurs. Aussi, à partir des archives du club, j’ordonnerais une rétro analyse des repêchages du club lors des 20 dernières années. Les listes finales de repêchage de l’équipe seraient analysées et comparées aux rapports de dépistage de chaque joueur sur ces listes, tout cela à la lumière des résultats réels de chacun de ces joueurs au cours de leur carrière par la suite. Le but serait de comprendre le plus possible la source des erreurs, et la source des bonnes évaluations et d’ajuster les critères d’évaluation courants des jeunes joueurs. Le but serait de détecter des tendances car les erreurs sont inévitables en évaluant des joueurs de 17-18 ans.

Certains pourraient critiquer mon plan en disant que ça ferait bien du personnel à engager, que ça coûterait cher et qu’il serait difficile de démêler tant d’information. C’est vrai, mais dans une ligue à plafond salarial ferme, l’avantage des clubs riches est de pouvoir dépenser plus. Aussi, avec tous ces dépisteurs sur le terrain, dépisteurs vidéos et informateurs, on pourrait dire qu’il y aurait trop d’informations qui remonteraient vers le DG et qu’à lui seul il ne pourrait traiter toute cette information. C’est vrai, et c’est pourquoi je m’entourerais de deux bons adjoints, qui partagent ma façon de voir les choses, pour pouvoir m’aider à bien traiter toute cette information. Bien sûr, un tel plan ne pourrait être mis en place du jour au lendemain, et ce serait un processus évolutif et dynamique. Un rôle important du DG serait de bien identifier, à l’embauche, le talent dans son personnel de dépisteurs et de directeurs, mais aussi par la suite, lorsque nécessaire. Le DG devrait pouvoir identifier et corriger ses erreurs d’embauche rapidement dans son personnel hockey car c’est la base pour ultimement prendre les meilleures décisions concernant les joueurs. Un tel plan ne s’établirait pas en un jour, mais ce serait l’inverse d’un « boys club ». Ce serait une méritocratie basée sur une solide éthique de travail ou la rigueur et la rationalisme régneraient.

Du manque de jugement de Geoff Molson, et de ses autres travers…

La conférence de presse qu’a donné Geoff Molson ce matin a confirmé mes craintes à son sujet. Cet homme n’est motivé que par une seule chose comme président de son équipe, les revenus de l’organisation, et pour s’assurer le maximum de revenus, année après année, il donne le mandat aux dirigeants hockey de son club de gérer à court terme pour mettre le meilleur alignement possible sur la glace à chaque année, un groupe de joueurs qui peut faire les séries, et si ce but n’est pas atteint avec grande régularité, c’est la porte. La coupe? On en parle, on l’évoque, impossible de faire autrement avec le passé glorieux et les 24 bannières, mais au fond, on s’en fout. La coupe c’est bon pour vendre le mythe. La gagner dans une ligue à 32 équipes? Si ça arrive, par un heureux concours de circonstances, on va le prendre, mais on ne peut pas baser l’entreprise commerciale sur ce but. Ça coûterait vraiment trop cher réellement tenter de bâtir un club champion et c’est trop hasardeux. Vaut mieux gérer pour seulement entretenir l’espoir chez le client, car au fond, ce qui compte ce n’est pas le partisan, c’est le client.

Molson a été très clair, la cause du congédiement de Bergevin est la piètre performance du club cette saison. Au diable les blessures, les cures de désintox et la fatigue mentale momentanée des joueurs. Monsieur Molson juge son DG à l’aune des résultats des vingt derniers matchs, c’est ce qu’on appelle gérer à la petite semaine, et il fout tout par terre sur cette base. Je fais un cauchemar ou quoi? Ces conneries viennent du même homme qui pensait que son fameux « reset » était terminé après seulement deux ans, deux années au cours desquelles il a demandé, ou à tout le moins appuyé le fait que son DG fasse une offre hostile à Sebastian Aho. Un geste stupide qui a coûté au club la pièce maîtresse du fameux supposé « reset ». Cette offre hostile était en contradiction totale avec la stratégie qu’il avait décrétée seulement un an avant. Toute cette incohérence est le fruit du proprio, et aujourd’hui c’est Marc Bergevin qui paie le prix de ce délire. Il y a quelque chose de pourri au royaume du club de hockey « Les Iroquois de Montréal ».

Je dis Iroquois car pour M. Molson, le français c’est important. C’est pour ça qu’il vient de créer une structure de gestion hockey où le vrai DG sera Jeff Gorton, mais on engagera un francophone de service pour le seconder, et le bon Geoff a le culot de penser que tous vont avaler cette couleuvre. Le pire c’est qu’il n’a peut-être pas tort, à quelques exceptions près… Mais au-delà du mépris larvé, c’est encore une façon de tenter de faire taire la critique, car M. Molson n’aime pas la critique. Il est prêt à presque tout M. Molson pour éviter la critique. En sacrifiant Bergevin et Timmins, il pense s’être acheté la paix pour un temps.

L’autre aspect pathétique de sa conférence de presse c’est quand il a dit être ouvert à une reconstruction complète si c’était ce qui lui était proposé par M. Gorton. Il n’aime pas la critique M. Molson, mais en même temps, il n’a pas peur de rire au visage des gens. Son fameux « reset » a été une farce. Il l’a prouvé par ses actions et ses déclarations, comme je l’ai démontré plus haut, et là, il voudrait qu’on croit qu’il est prêt à souffrir pendant au moins cinq ans et courir le risque de devenir les Oilers ou les Sabres des quinze prochaines années? Il nous prend vraiment pour des cons M. Molson.

Soyons clairs, le futur de ce club est dans les mains de Jeff Gorton. Tout dépendra de lui pour un an ou deux. Tout dépendra de jusqu’à quel point il pourra influencer son patron et l’amener à accepter la médecine qui est nécessaire pour redresser son équipe. Si Gorton pose le bon diagnostic et a la colonne vertébrale pour imposer le bon remède à son mollasson de proprio, alors, peut-être y a-t-il un espoir. Mais si Gorton veut absolument faire plaisir le plus rapidement possible à son nouveau patron, ce sera la catastrophe.

Molson doit se remettre en question avant de remettre en question son DG

Les choses continuent d’aller très mal pour le CH, et, sans surprise, on peut lire des journalistes écrire que si les choses ne se replacent pas rapidement, le couperet devrait tomber sur Bergevin et autres haut placés dans la direction de l’équipe. À mon avis, cette solution est celle de la facilité, et surtout, pour faire image, elle maintiendrait une sorte d’éternel recommencement.

Vous le savez, à part du CH au hockey, mon autre équipe favorite, que je suis aussi de très près, sont les Patriots de la Nouvelle-Angleterre au football de la NFL. On s’entend, le CH de Bergevin n’a jamais même frôlé l’excellence des Pats de Bill Belichick. Ceci dit, les Pats ont vécu récemment un processus qui me rappelle ce que vit le CH actuellement. Durant une période de cinq saisons, entre 2015 et 2019, les Pats ont participé à quatre Super Bowls, en ont perdu un, gagné trois, avec comme leader incontesté sur le terrain, le quart-arrière Tom Brady. Durant cette période, Bill Belichick a fait des échanges et a joué avec les règles du plafond salarial pour maximiser la force de son équipe pendant ce qu’il croyait être les dernières années de Brady. Toujours est-il que rendu à la saison 2020, même avec Brady toujours en poste, le club a montré des signes clairs de déclin. Brady avait l’air plus vieux, mais on sentait aussi qu’il était moins bien entouré, avec moins de joueurs de talent pour l’aider. Néanmoins le club a fait les séries, mais s’est fait sortir au premier tour. La fiche intéressante de 12-4 du club cette année-là était trompeuse. Sans Brady les Pats aurait été un club de 0.500, au mieux. Brady voulait une prolongation de contrat de deux ans qui l’aurait mené à 45 ans. Belichick n’a pas voulu la lui donner car il savait qu’il n’avait plus le talent nécessaire pour entourer son quart vieillissant. Il a donc laissé partir Brady comme joueur autonome en sachant que ça signifiait une forte baisse de régime pour son équipe et que le salut futur passerait par l’acquisition d’un quart capable de succéder à Brady, sans que ce quart soit nécessairement aussi bon que Brady. Il lui fallait trouver un successeur viable avec plusieurs des qualités du jeune Brady d’il y a 20 ans.

Belichick a donc eu la lucidité de s’apercevoir que son club après un niveau de succès inégalé devait passer à l’après Brady. Pas parce que Brady était fini, mais parce que les Pats n’avaient plus le talent nécessaire pour aspirer au grand honneur, même avec lui, et que la présence de Brady ne faisait que masquer la réalité du déclin du club. En laissant partir Brady, Belichick assumait que le niveau de performance de son club allait reculer, mais cela ne l’a pas arrêté, même s’il n’y avait rien de garanti pour la suite. Sans un quart élite dans la NFL d’aujourd’hui, il n’y a pas de succès réel qui est possible. Belichick se lançait donc dans l’inconnu, et l’étape cruciale pour espérer obtenir du succès sans Brady était de trouver un bon quart. Belichick est encore dans ce processus actuellement. Il a repêché un jeune quart en milieu de première ronde cette année et il lui donne de l’expérience actuellement. Il ne sera pas Brady, mais il montre de bons signes et son club a une fiche de 4-4 actuellement. Rien n’est assuré pour la suite, mais Belichick a fait ce qu’il devait faire. Il a assumé que son club avait atteint la limite avec un Brady encore bon, mais vieillissant. Il devait trouver une successeur au poste de quart et améliorer la performance globale de l’équipe au repêchage, élément qui avait fortement décliné durant la période glorieuse de 2015-2019. Le grand club dominait, mais les performances au repêchage piquaient du nez. Ce qui a contribué à l’impasse de 2020 pour les Pats.

Cette histoire nous ramène au CH, avec tous les bémols nécessaires. Le CH ne se compare pas aux Pats ces 20 dernières années. Deux mondes. Ceci dit, il y a quand même une similitude. Le CH vient de perdre les deux vétérans élites qui les avaient mené en finale la saison passée en Price et Weber. Ni l’un ni l’autre de ces joueurs ne se compare à Brady en terme d’excellence. Ceci dit, à l’échelle du CH, la perte de ces deux joueurs peut se comparer, jusqu’à un certain point, au départ de Brady pour les Pats. Ça laisse un grand vide.

Sur ce blogue j’avance depuis un bon bout de temps que le CH doit passer à l’après Price/Weber. Le club doit faire comme Belichick a fait par rapport à Brady. Price reviendra probablement au jeu cette saison, mais on sait qu’il a peu de chances de redevenir un facteur déterminant dans la performance de l’équipe. Le gars est hypothéqué. Molson doit tirer la conclusion de cet état de fait. L’observateur averti savait depuis un bon bout de temps que le CH n’était pas un vrai club aspirant. Le printemps passé il ont été plus loin qu’il était logique d’espérer, et on a vu que le club ne pouvait pas rivaliser avec Tampa Bay. La saison dernière, dans des circonstances particulières, Price a mené ce club plus loin qu’il était réaliste d’espérer. La limite des limites a été atteinte. À partir de ce constat, seul un recul brutal était possible et on le vit présentement. Ce n’est pas la faute de Bergevin, ni la faute de Ducharme. C’est la réalité des choses. Comme Belichick, Molson doit encaisser le réel et partir de là. Je parle de Molson par rapport à Belichick car à Montréal présentement, celui qui a l’avenir du club entre ses mains, c’est Molson et non son DG en fin de contrat, alors qu’en Nouvelle-Angleterre, Belichick est solidement en poste pour ce qui est des décision stratégiques au niveau football.

Donc, Molson doit être réaliste et bien lire la situation. Le club a eu sa ballade très improbable jusqu’en finale, contre toute attente, mais maintenant c’est le retour à la dureté du réel. Les journalistes évoquent le couperet pour les dirigeants du club si l’équipe ne se met pas à mieux jouer. Pour moi l’enjeu n’est pas là. Cette baisse de régime de l’équipe était prévisible, tellement que je l’avais moi-même anticipée, et il n’y avait pas besoin d’être un devin pour le faire. Tous les indicateurs pré-saison pointaient vers ça.

Selon moi, la question que Molson doit se poser c’est de savoir ce qui est le mieux pour l’avenir de son équipe. La continuité de la direction actuelle, ou tout foutre par terre et repartir à neuf. À moins qu’une solution mitoyenne soit possible. La première question est de savoir où en est Marc Bergevin dans sa tête. A-t-il encore les ressources psychologiques pour bien poursuivre son travail, ou bien est-il trop usé mentalement? Si Bergevin a encore les ressources nécessaires pour continuer à 100%, je le garderais car il est un meilleur DG aujourd’hui qu’en 2012. Ceci dit, je ne le garderais pas sans un recadrage de son mandat et de ses manières de procéder. J’aurais une longue réunion avec lui pour faire le bilan de ses 10 premières années en poste et tout serait passée en revue. Ses forces seraient mises en exergue, mais aussi ses faiblesses, en insistant que si je lui donne une prolongation de contrat, c’est qu’il a plus de forces que de faiblesses. Ce qui n’empêche pas qu’il devra corriger ses faiblesses. Ces faiblesses sont essentiellement son émotivité mal contrôlée face à certains de ses joueurs. Ses prises de décisions doivent être aussi objectives que possible. Son autre grande faiblesse, et elle découle en partie de son émotivité mal contrôlée, c’est au niveau de ses offres de contrats pour des prolongations de joueurs déjà avec l’équipe, ou à des joueurs autonomes. Autant Bergevin négocie bien pour des échanges avec d’autres DG, autant il négocie souvent mal avec les agents de joueurs. Un DG ne peut être parfait au niveau des contrats qu’il octroie, mais Bergevin s’est trompé beaucoup plus souvent qu’il n’a eu raison, et a parfois été sauvé de lui-même par des joueurs qui ont refusé ses offres. Voilà pour le cas Bergevin.

Toutefois, dans l’éventualité où Bergevin serait au bout du rouleau mentalement, ou qu’il refuserait la critique justifiée de certains aspects de son travail, alors Molson devrait décider de la suite à donner à la direction hockey de son club. La première question qu’il devrait poser, c’est à lui-même. Faire la critique des faiblesses de Bergevin, c’est une chose, mais faire son autocritique c’est plus difficile. Je reviens souvent avec cet élément d’analyse, mais Molson devra se demander s’il est temps de mettre un terme à la politique du « tenter de faire les séries à chaque année ». Cette doctrine semi-officielle empoisonne la gestion de cette équipe depuis toujours. Dans le temps de la ligue à six clubs elle allait de soi, même chose à 12 clubs ou quand 16 clubs sur 21 faisaient les séries. Toutefois, dans une ligue où maintenant un club sur deux fait les séries, cette façon de voir les choses ne peut plus être systématique. Le proprio du club doit être réaliste et avoir de la perspective. La plupart des gagnants de la coupe des 20 dernières années ont eu à payer le prix d’un séjour hors des séries avant de connaître du succès. C’est pratiquement un passage obligé. Le piège qu’il faut éviter s’est de s’enliser dans la médiocrité.

Donc, pour revenir à Molson, il doit renoncer à ce mandat qu’il donne à ses DG, et s’il doit nommer un nouveau DG, il doit renoncer à le choisir en fonction d’un plan de retour rapide en série. Au contraire, si un nouveau DG devait être nommé, il devrait l’être en fonction de son plan d’ensemble pour arriver à construire un club champion à terme, et un club qui pourra se maintenir dans le premier tiers de la ligue sur une longue période avec un solide plan de gestion des actifs. Un plan pouvant permettre un afflux régulier de jeunes talents couplé à une politique d’échange au moment propice des joueurs vieillissants. Si je devais engager un nouveau DG pour le CH, je voudrais quelqu’un qui pourrait remplacer Bergevin dans la structure de direction actuelle du club sans tout foutre par terre. Ceci dit, amener quelqu’un de l’extérieur comme DG, sans faire plusieurs jaloux ou frustrés à l’interne, ne serait pas facile. À moins que le successeur soit déjà dans l’organigramme actuel.

Je ne sais pas ce que Molson va faire, mais baser sa décision sur les performances actuelles de l’équipe n’aurait aucun sens. Il doit voir plus large et voir plus loin et il doit se remettre en question lui-même dans son approche. Décréter la fin du « reset » comme il l’a fait en septembre 2020, juste deux ans après avoir annoncé le début de celui-ci était complètement ridicule. Je lisais Mathias Brunet l’autre jour qui écrivait qu’il faudrait lancer un deuxième « reset » après celui de 2018. Voyons donc! La réalité c’est que le « reset » de 2018 n’est même pas terminé. Bergevin n’a pas touché à ses jeunes actifs de valeur depuis l’échange de Sergachev contre Drouin. Tous les autres choix et prospects de qualité ont été gardés. Il n’y a que Kotkaniemi qui a été perdu à cause de la stupide offre à Aho, et aussi un choix de premier tour 2022 qui devra aller en Arizona en retour de Dvorak, mais tout ça découle de la stupide offre à Aho. Autrement, le reset de 2018 ne s’est jamais arrêté et le pipeline est bien plus garni qu’il ne l’était en 2018. Alors Molson a vraiment un examen de conscience à faire avant de porter le blâme sur les autres. Et pour l’offre à Aho, de l’extérieur on ignore qui est responsable de cette connerie. Est-ce que ça vient de Bergevin ou de Molson, car n’oubliez pas que la prémisse supposée de cette offre était que la situation financière de Dundon, le proprio des Canes, était chancelante. Donc, ça relèverait, en principe, plus de Molson que de Bergevin. Ceci dit, on l’ignore.

Au final, dans la situation actuelle du club, le personnage important n’est pas Bergevin, c’est Molson. C’est lui qui détient le pouvoir et c’est lui qui est en poste depuis le plus longtemps. C’est lui qui pousse pour que le club fasse les séries à chaque année au détriment d’une stratégie à plus long terme. C’est lui aussi qui a perdu en crédibilité en pensant qu’une réinitialisation pouvait ne durer que deux ans. C’est peut-être aussi lui qui est derrière la stupide offre hostile à Sebastian Aho. À tout le moins, il a entériné ce geste débile. Donc, changer de DG, ou garder Bergevin, sans changer la philosophie de base de l’organisation ne changera pas grand chose. Avec la fin de Price et Weber, obtenu pour Subban, le CH sort en réalité de l’ère Bob Gainey, et il faut en profiter pour revoir les façons de faire car le fil rouge qui relie ses 20 dernières années a été une quête continuelle pour avoir un club respectable, mais jamais un club champion. L’organisation n’a jamais eu cette patience et cet engagement. Ces 20 années ont été une suite de coups tactiques sans vision stratégique. Cela doit changer, et celui qui a le pouvoir de changer cela est Geoff Molson. Le temps des bouc émissaires devrait prendre fin. Le regard devrait se porter vers le siège réel du pouvoir dans cette organisation, celui du président et copropriétaire.

Organisation en déroute

Je le sais, mon titre peut paraître alarmiste. Disons que c’est plus une impression qu’autre chose. Je pense qu’il y a encore une possibilité pour que les choses ne tournent pas si mal, mais le rayon d’espoir est mince. Il y a beaucoup plus de faisceaux qui pointent du côté négatif, voire même vers une saison désastreuse. L’indication la plus inquiétante pour la saison qui vient est le statut contractuel du DG du club, Marc Bergevin. Ça sent la fin de régime. Comme si toute l’action de Bergevin comme DG avait culminé la saison dernière avec une présence en finale, à court de l’objectif ultime, et qu’après cet échec objectif, bien qu’une victoire morale, il ne pouvait y avoir qu’un recul marqué car pour en arriver là, trop d’énergies ont été sollicitées.

Quand on fera le bilan définitif de l’ère Bergevin à Montréal le nom de joueur qui sera au haut de la liste sera celui de Carey Price, un joueur dont Bergevin a hérité, mais sur lequel il a tout misé. La présence en finale a montré pourquoi Bergevin a tellement cru en ce joueur, mais en même temps, Price est un joueur fragile qui symbolise bien l’état actuel du club. Je dis du club, car l’organisation dans son ensemble, elle, est plus solide que le club qui sera sur la glace cette année. Je l’ai souvent répété, j’aime le pipeline créé ces dernières années par l’organisation et j’aime le fait que Bergevin a évité pour l’essentiel de toucher à ce pipeline, même si une l’offre hostile et inconsidérée à Aho a mené à la perte d’un très bon jeune joueur. Bergevin ces dernières années a déclaré que s’il devait partir il laisserait à son successeur une banque de bons jeunes joueurs. Pour le moment, c’est vrai.

Ceci étant dit, malgré tout le crédit que je donne à Bergevin pour la création et la préservation d’un bon pipeline, il n’empêche que pour ne pas toucher à cet actif précieux, il a accumulé les décisions malheureuses, surtout au niveau des décisions d’offres de contrats, et sa lecture de la situation de son organisation a souvent été erronée et parfois il a été plus chanceux que compétent. Ajoutez à cela son émotivité à fleur de peau qui constitue son principal handicap décisionnel. Un DG ne peut pas laisser ses sentiments pour ses joueurs l’affecter, et il semble clair que Bergevin n’a jamais su en faire complètement abstraction.

Le deuxième joueur derrière Price dans la liste des joueurs les plus importants de l’ère Bergevin a été Shea Weber, et aujourd’hui les deux ne peuvent pas être là pour aider l’équipe. Pour moi ça symbolise la situation précaire de l’alignement actuel de l’équipe, et ce pourquoi Bergevin est probalement sur ses derniers milles comme DG du club. Le reflux risque d’être sévère et il faudra un coupable. Toutefois, si tel est le cas, je ne comprends pas pourquoi Bergevin est toujours en poste. Pour moi il y a deux choix possibles à ce moment-ci pour Molson à propos du poste de DG. Soit il offre une prolongation à Bergevin avec un vote de confiance fort et le mandat d’amener le club dans l’après Price, ou bien il en fait le bouc-émissaire de la situation actuelle, en vantant ce qu’il a accompli de positif, mais en disant du même souffle qu’il faut quelqu’un de nouveau pour une nouvelle étape. Le problème c’est qu’il ne semble pas y avoir de dauphin dans l’organisation si on veut un DG qui parle français. Le seul candidat est Martin Lapointe et je doute qu’il ait la prestance pour occuper ce poste. Peut-être est-ce que je me trompe à son sujet.

Une chose est sûre, la situation actuelle est bizarre. Bergevin vient de donner un contrat de trois ans à Ducharme, mais lui-même est sur sa dernière année de contrat. Le club a eu une entre-saison très courte et ne semble pas avoir la fraîcheur mentale pour entamer une nouvelle saison. Le club ne semble pas affamé, il semble plutôt fatigué mentalement. Price, Weber et Danault laissent des trous énormes. Un des remplaçants, David Savard, s’est lui aussi rendu en finale et a lui aussi cette fatigue mentale. Drouin est de retour, mais on ignore sa solidité réelle. Le club commence l’année avec une liste de blessés importante. Disons qu’après l’euphorie de la présence en finale, le contraste risque d’être très marqué. Le club actuel est clairement moins bon que le club qui s’est rendu en finale. Rappelez-vous du sort de Dallas après leur présence en finale dans la bulle. Ils ont raté les séries l’an passé tout en étant eux aussi affectés par des blessures à des joueurs importants (Séguin, Radulov, Bishop). Je pense que c’est le sort qui attend le club montréalais cette année. J’entrevois une année pénible, des vétérans qui partiront à la date limite des échanges et un choix de repêchage top-10 l’été prochain.