Les Canucks ont bien repêché, vraiment?

Pour faire changement j’ai décidé d’écrire un texte sur une autre club que les Canadiens. Ce qui m’a donné l’envie d’écrire ce texte est un article du journaliste de La Presse, Alexandre Pratt, qui traite de ce qu’il appelle la dérive des Canucks de Vancouver. Ce n’est pas l’aspect dérive de la direction qui a piqué ma curiosité, c’est l’affirmation de Pratt voulant que les Canucks avaient bien repêché et ne devraient donc pas se retrouver dans leur marasme actuel. Cela a piqué ma curiosité car sans avoir regardé de près, je n’avais pas l’impression que Vancouver faisait partie des meilleurs clubs au repêchage. J’ai donc vérifié ça de plus près et ça me semble intéressant, surtout dans la situation actuelle du CH. Je sais, je ne peut m’empêcher de ramener ça au club montréalais, mais vous allez voir où je veux en venir.

Premièrement, établissons que de 2007 à 2012, le repêchage des Canucks a été un désert complet. Ils n’ont repêché aucun vrai bon joueur. C’était le temps des jumeaux Sedin et cela menait à des choix tardifs de 1e ronde, à part en 2008, où ils avaient le choix #10 et ont floppé en choisissant Cody Hodgson. Ils n’ont pas non plus frappé un bon joueur hors de la première ronde. Ça fait donc six années de dèche complète, et en 2005 et 2006, ils n’avaient pas cassé la barraque non plus, en récoltant seulement Michael Grabner (#14) en 2006 et Mason Raymond (#51) en 2005. À noter toutefois qu’ils ont eu la malchance de perdre tragiquement le défenseur Luc Bourdon, choisi 10e en 2005, juste devant Anze Kopitar. Donc, en ajoutant ces deux très faibles années, ça donne huit ans avec seulement Garbner et Raymond comme joueurs moyens de calibre LNH. Les deux ont à peine jouer plus de 500 matchs en LNH et Grabner n’en a joué que 20 pour les Canucks. Cette séquence 2005-2012 est pire que la séquence 2008-2015 du CH où le club montréalais a tout de même réussi repêcher Gallagher, Galchenyuk et Lehkonen comme vrais bons joueurs de la LNH.

Le décor d’arrière-plan étant établi, voyons ce que les Canucks ont fait depuis 2013. Cette année-là, ils avaient le choix #9 et ont jeté leur dévolu sur Bo Horvat. Très bon choix, mais rien d’autre, et flop avec Hunter Shinkaruk au rang #24, juste avant Michael McCarron du CH. En 2014, Vancouver a les mains pleines encore une fois avec deux choix de première ronde, mais contrairement à l’année précédente ils ratent leur coup avec Jake Virtanen au rang #6 et ont choisi un bon joueur en Jared McCann au rang #24, juste avant David Pastrnak, mais McCann n’a joué qu’une saison à Vancouver avant d’être échangé. Pour une rare fois ils ne font pas chou blanc après la première ronde en repêchant le gardien Tatcher Demko en deuxième ronde. Celui-ci est leur gardien #1 actuellement. Ils ont aussi frappé dans les rondes tardives en repêchant Gustav Forsling, mais celui-ci n’a jamais joué pour les Canucks étant lui aussi échangé très rapidement. Forsling fait aujourd’hui partie du top-4 en Floride.

En 2015, très bonne année de repêchage en général, Vancouver s’en sort bien en repêchant Brock Boeser au rang #23, mais on reprend la tradition du chou blanc hors de la première ronde. En 2016, repêchage catastrophique, les Canucks ont le 6e choix et trouve le moyen de choisir Olli Juolevi juste devant Matthew Tkachuk, mais aussi devant d’autres défenseurs comme Sergachev, McAvoy et Chycrun, tous trois sortis entre les rangs #9 et #14. Puis, sans surprise, ils n’ont pu compenser leur erreur par un bon choix plus tardif, zéro encore une fois hors de la première ronde. En 2017, ils ont encore un haut choix de repêchage, cette fois il frappe dans le mille avec Elias Pettersson, mais encore une fois ils n’obtiennent rien de bon dans les rondes subséquentes, et ce malgré le fait qu’ils avaient deux choix de deuxième ronde et un choix au début de la troisième ronde et quatre autres choix plus tardifs ensuite. Les Canucks frappent et ratent avec des choix top-10, deux en quatre à ce stade-ci depuis 2013, et chou blanc ou presque par la suite. Arrive 2018 et un autre choix top-10. Au rang #7 ils font un bon choix avec Quinn Hughes, mais absolument rien ensuite. 2018 est la dernière année, à ce stade-ci, où on peut juger avec pas mal de certitude les choix tardifs, et le moins que l’on puisse dire, c’est que de 2005 à 2018, les Canucks ont été tout simplement abominables hors du top-10 où ils ont repêché très peu de bons joueurs, et les rares qu’ils ont obtenus, pour la plupart ils se sont dépêchés de les échanger avant de connaître leur vraie valeur. Le dernier en lice qui devrait y passer est Brock Boeser.

Donc, c’est bien beau de regarder Horvat, Pettersson, Boeser et Hughes et de se dire que les Canucks ont bien repêché, mais c’est oublier Virtanen et Juolevi, et surtout, c’est oublier la médiocrité sans nom de l’équipe lorsqu’elle repêche hors du top-10. Pour ajouter au problème, même s’il est encore tôt pour porter un jugement définitif sur les années à partir de 2019, ça ne semble pas meilleur. En 2019, avec le choix #10, les Canucks ont choisi Vasili Podkolzin, un joueur qui n’a rien montré à date pour justifier son rang de sélection. Cette année-là, Nils Hoglander semble un bon choix, sans plus, en deuxième ronde, mais il n’y aura probablement rien d’autre par la suite car ce sont six choix très tardifs. En 2020, ça risque d’être un chou blanc complet, le club avait son premier choix en troisième ronde. On était déjà en mode achetez maintenant, payez plus tard, avec l’échange pour JT Miller. Même chose en 2021, le premier choix en est un de fin de deuxième ronde. Là aussi les probabilités sont très faibles d’obtenir un joueur de la LNH, même un joueur moyen. Non, Vancouver n’a pas choisi Joshua Roy en cinquième ronde. Ils avaient pourtant deux choix juste avant que le CH ne le prennent. Finalement, en 2022, ils avaient gardé leur choix de première ronde, le #15, et ils ont choisi Jonathan Lekkerimaki qui ne casse rien en SHL cette année.

Donc, comme vous avez pu le voir, Vancouver est loin d’être un club qui a bien repêché. C’est un club qui a été très mauvais après les jours de gloire des frères Sedin, ce qui leur a donné six choix top-10 en sept ans entre 2013 et 2019 et qui frappe seulement pour 50% avec ces six choix, si on assume que Podkolzin ne renversera pas la vapeur. Ajoutez à cela la catastrophe absolue qu’a été leur repêchage hors du top-10 depuis 2005, puis leurs tentatives de raccourcis des dernières années en échangeant des choix de première ronde pour de l’aide immédiate. Il est donc facile de comprendre pourquoi ce club est là où il est actuellement, c’est-à-dire en plein marasme.

La plupart des clubs champions des 25 dernières années ont profité de très haut choix de repêchage pour acquérir des pièces maîtresses pour leur future équipe championne, mais ils ont aussi connu un certain succès dans les rondes suivantes. Bien sûr, le taux de succès baisse rapidement après les 20 premiers rangs, mais un club doit être capable d’y repêcher au moins une couple de très bons joueurs en quelques années. C’est vrai pour Vancouver, mais c’est vrai pour toutes les équipes. Regardez combien les Oilers peinent à émerger comme aspirants légitimes malgré McDavid, Draisatl et RNH. Edmonton est un autre exemple de médiocrité au repêchage hors du top-10, alors que des clubs comme Chicago, avant leurs trois coupes, Boston, Tampa Bay ou plus récemment Caroline, y ont excellé.

Ça nous ramène au CH. Le club a bien repêché dans le top-10, Galchenyuk, Sergachev, Kotkaniemi et Slafkovsky, mais a très mal géré par la suite. Ce qui fait qu’il ne restera bientôt que Slafkovsky comme résultat concret de ces quatre choix, Josh Anderson ultimement obtenu pour Galchenyuk pourrait être échangé pour un bon retour. Le CH pourrait recycler cet actif un peu comme ils ont fait avec Pacioretty qui donne aujourd’hui Suzuki. Sergachev sera une perte sèche car Drouin ne rapportera rien, ou si peu. Kotkaniemi c’est maintenant Dvorak. Ça pourrait éventuellement donner un choix de fin de première ronde. Puis, pour Slafkovsky, il faut espérer. Il ne sera pas un pur flop à mon avis, mais il est difficile de se faire une idée claire de son plafond à l’heure actuelle.

Ce qui pourrait sauver le CH si on compare à l’exemple de Vancouver, c’est son repêchage hors du top-10 qui est bien meilleur pour ce qu’on en sait actuellement, Lehkonen (Barron), Romanov (Dach), Harris, Guhle, Caufield et Ylonen. Puis le pipeline repêché hors du top-10, Primeau, Mailloux, Struble, Hutson, Trudeau, Farrell, Roy, Beck, Mesar, Kidney et Kapanen. Sans oublier Xhekaj mis sous contrat comme joueur junior non repêché. Puis il y a les deux repêchages à venir où le CH a déjà deux choix de première ronde et en ajoutera probablement d’autres. Ils ne réussiront pas tous, certains seront échangés pour cause de redondance, comme Romanov, mais il est clair que le CH ces dernières années a globalement bien repêché, sans être parfait, et que le club a une profondeur dans son pool de jeunes joueurs qui vient d’un bon repêchage hors du top-10. Donc, le CH a ce que Vancouver n’a jamais réussi à obtenir, bien repêcher hors du top-10, et l’histoire montre que c’est très important pour bâtir un club aspirant à la coupe.

https://www.lapresse.ca/sports/chroniques/2023-01-24/canucks-de-vancouver/une-equipe-a-la-derive.php

La fin de la lune de miel

Elle aura duré longtemps pour Martin Saint-Louis, la lune de miel, mais il semble bien qu’elle soit finalement terminée. La réalité a enfin rattrapé l’ancien joueur vedette propulsé entraîneur chef depuis les rangs pee-wee. Je l’avais écrit ici lors du congédiement de Dominique Ducharme, le coach n’était pas le problème majeur du CH. Le problème qui explique le mieux la chute du CH depuis sa présence en finale de la coupe Stanley est la perte de Philippe Danault. On le voit actuellement, il y a un trou béant au poste de deuxième centre. Sean Monahan avait bien tenu le rôle de Danault en début de saison, mais depuis qu’il est à l’écart du jeu, on a vu Suzuki incapable de maintenir son niveau de jeu. Bien sûr l’absence d’un bon deuxième joueur de centre n’explique pas en totalité la chute de rendement de l’équipe, il y a eu d’autres pertes, mais c’est un facteur important et dont on ne parle pas assez. En l’absence de Danault ou Monahan à ce poste, le club n’a connu qu’un mois relativement bon, et c’est l’hiver passé après l’arrivée de Saint-Louis à la barre de l’équipe, qui a alors roulé pour une douzaine de matchs sur l’adrénaline. On avait identifié le coupable, Ducharme, les joueurs étaient ainsi dédouanés, mais après ce mois de regain, le club s’est remis à perdre jusqu’à finir dernier au classement général.

Cet automne on a vu l’arrivée de quatre défenseurs recrues qui ont surpris, et qui continuent de bien faire malgré les circonstances, mais on se rend compte de l’importance que l’arrivée de Monahan eu. Sa présence a redonné un appui nécessaire à Suzuki et son absence ne peut donc que se faire sentir. Je me répète, mais Monahan arrivait à apporter sensiblement ce que Danault apportait, soit un jeu défensif fiable et une production offensive de 50-55 points sur 82 matchs. Aussi, sa présence au centre du deuxième trio avait permis d’envoyer Kirby Dach à l’aile du premier trio. Certains pensaient que Christian Dvorak pourrait remplacer Danault et que sa faible saison l’an passé résultait du fait de s’être retrouvé sur une équipe troublée, mais on voit cette saison que Dvorak est un centre assez ordinaire de troisième trio.

Ce texte n’a pas pour but de rabaisser Martin Saint-Louis, juste de réitérer mon opinion selon laquelle Saint-Louis a été malencontreusement mis sur un piédestal par la faune médiatique depuis son arrivée. J’ai donc l’air de le rabaisser, mais ce n’est pas le cas car il est là où je l’ai toujours vu, c’est-à-dire un ancien joueur vedette avec un certain charisme, et une expérience riche du hockey professionnel, mais un gars qu’on a promu essentiellement à cause de son passé de joueur vedette qui voulait un jour devenir entraîneur chef dans la LNH. Un homme qui certainement connaît très bien le hockey, mais un coach qui apprend sur la job et qui ne peut pas à long terme rendre ce club meilleur que les joueurs qui le composent, et qui ne peut pas non plus faire maturer ses jeunes joueurs à un rythme plus élevé que leur rythme naturel. L’expérience ne s’achète pas, c’est vrai pour Saint-Louis, et c’est vrai pour ses jeunes joueurs.

Le portrait que je brosse semble bien négatif, mais il ne l’est pas. Saint-Louis, malgré son inexpérience comme entraîneur a assez de bagage et de qualités personnelles pour tenir la barre, garder le cap et permettre justement à ses jeunes de ne pas s’enliser totalement. Cette année devait en être une autre difficile et sans Monahan c’est que l’on voit. Ceci dit, Monahan est un joueur fragile de 28 ans qui ne cadre pas dans le futur à moyen terme de cette équipe. Son acquisition a été le meilleur coup de Hughes, un cadeau tombé du ciel par un concours de circonstances où le CH, avec Price qui s’en allait sur la LTIR, était une des seules équipes avec la masse salariale disponible pour conclure un échange avec Calgary. Ceci dit, Monahan devrait bientôt revenir au jeu et Hughes ne devrait pas risquer bien longtemps qu’il se blesse de nouveau avant de l’échanger pour un choix de fin de première ronde et un espoir B, ou un espoir A et un choix de 3e ronde. Vous avez le choix entre une transaction sur le modèle Toffoli ou Lehkonen.

Ce que cette saison démontre jusqu’à maintenant c’est que le CH doit s’améliorer à l’avant. Le club a déjà des espoirs intéressants, Slafkovsky, Roy, Beck, Farrell, Mesar et quelques autres. Ceci dit, il y a clairement un manque pour s’assurer d’une suite positive. Il se peut que Beck deviennent ce fameux deuxième centre et que Roy deviennent un ailier offensif de grande qualité, mais en ce moment le club ne peut pas se fier sur un tel dénouement. L’ajout d’un ou deux autres espoirs offensifs de niveau A viendrait consolider le futur du club. Une autre transaction à la Kirby Dach pourrait aussi être envisagée pour accélérer le processus. Je veux dire par là l’acquisition d’un espoir au lieu d’un choix de repêchage. Ceci dit, les clubs comme Chicago, prêts à brader des jeunes joueurs talentueux, ne courent pas les rues. Hughes doit continuer sa pratique opportuniste, comme pour Dach, Monahan et le premier choix non protégé de Floride. Il reste plusieurs vétérans de bonne valeur à être échangés d’ici le repêchage de 2023, Monahan, Dvorak, Anderson, Matheson et Edmundson, sans compter le bois mort qui partira à la fin de la saison, Drouin, Byron et Dadonov. Parmi les vétérans actuels il pourrait ne rester que Gallagher, Armia et Hoffman parce qu’ils sont tous impossibles à échanger au vu de leur situation contractuelle. Si les échanges de vétérans se concrétisent, Hughes aura la latitude salariale pour acquérir à faible prix d’autres vétérans avec une ou deux années de contrats restantes, histoire de boucher des trous à court terme.

Si on regarde l’alignement potentiel pour l’an prochain, on voit bien que les trous sont à l’avant où il manque aussi de la grosseur. Il n’y aura pas de solution miracle pour l’an prochain qui devrait aussi être une saison difficile pour le club si HuGo restent fidèles à l’idée d’être patients et de reconstruire en évitant les raccourcis. Roy, Kidney et Farrell vont passer pro, reste à voir si un ou deux d’entre eux sera prêt à faire le saut directement avec la CH. Mailloux et Struble devraient donner leurs premiers coups de patin professionnels à Laval. À terme le club pourrait avoir un surplus en défense et pouvoir faire un échange à la Romanov. Beck et Mesar devraient retourner jouer une dernière année junior. Le risque le plus important qui guette le club est la tentation du raccourci avec un gros échange de jeunes actifs contre de l’expérience. Il y a aussi le risque de répéter un échange de type Drouin-Sergachev, soit pour Pierre-Luc Dubois ou Alexis Lafrenière.

Caufield-Suzuki-XXXXX
Slafkovsky-Dach-Hoffman
Armia-XXXXX-Gallagher
Pezzetta-Evans-XXXXX
Ylonen-Richard-Heineman

Guhle-Savard
Xehkaj-Barron
Harris-Kovacevic
Wideman

Allen-Montembeault

L’héritage de Bergevin

J’ai répété ici que depuis 2016, le repêchage du CH s’était nettement amélioré, surtout depuis 2018 et l’adoption d’une stratégie d’accumulation de choix. Tout le monde est d’accord pour dire que Bergevin a erré à plusieurs reprises dans l’octroi de contrats, mais du côté des échanges il a aussi été très bon. Je persiste à croire que son bilan ne justifiait pas un congédiement, même chose pour Trevor Timmins, mais il est clair que l’usure du temps avait fait son œuvre. Bergevin était usé au niveau émotif à cause de la pression du marché de Montréal et ses gaffes contractuelles prenaient le dessus sur ses bons échanges et la qualité du repêchage car les résultats de celui-ci n’étaient pas encore apparents.

Presqu’un an après son départ, on se rend compte de la qualité de son héritage. J’ai souvent vanté la qualité du pipeline du club en défense, et maintenant que certains de ces joueurs ont gradué, cette qualité est confirmée, Harris, Guhle et Xhekaj sont passés directement avec le grand club, sans besoin de jouer dans la ligue américaine. Voilà qui confirme mes vues sur le fameux développement. Ces trois défenseurs n’ont pas été poussés trop rapidement vers la LNH. Harris a gradué à presque 22 ans, Xhekaj à 21 ans et demi et Guhle à 20 ans et demi. Les trois font tellement bien que HuGo devront se demander ce qu’ils feront de Edmundson et/ou Matheson d’ici la date limite des transactions. Xhekaj semble pouvoir jouer à droite, ce qui pourrait permettre d’échanger un seul vétéran. Si Edmundson reste en santé, la demande pour lui devrait être forte car il a le profil parfait pour le jeu des séries. Ça laisserait le CH avec cet alignement en défense:

Guhle-Savard
Matheson-Xhekaj
Harris-Kovacevic
Wideman

Kovacevic est une belle trouvaille du département de dépistage professionnel du CH. Puis il y a Barron qui mature à Laval. En voilà un que Colorado a fait graduer top tôt l’an passé. Barron aurait dû jouer sa dernière année junior, comme Guhle. Barron n’est que deux mois plus vieux que Ghule, mais étant né en 2001, il avait le droit d’aller en AHL l’an passé, alors que Guhle né en janvier 2002 n’avait pas ce droit. Ajoutez à ce portrait Mailloux, Struble et peut-être Lane Hutson dans trois ans. L’avenir en défense semble assuré. Il manque peut-être le fameux défenseur super élite à la Makar ou Hedman, mais la qualité des trois paires pourrait compenser ce manque, puis rien ne dit que le CH n’a pas déjà ce futur #1.

Pour revenir spécifiquement à Bergevin, de l’alignement actuel du CH il laisse Suzuki, Caufield, Dvorak, Anderson, Drouin, Gallagher, Hoffman, Evans, Armia, Pezzetta, Edmundson, Savard, Guhle, Harris, Xhekaj, Wideman, Allen et Montembeault. À cela il faut noter que Dach a été obtenu essentiellement contre Romanov, un bon échange de Hughes, mais rendu possible grâce à la profondeur du pipeline à gauche en défense. Il y a aussi Matheson obtenu pour Petry et Poehling. Donc, de l’alignement actuel du club, il n’y a que Slafkovsky, Monahan, Dadonov et Kovacevic qui sont des acquisitions de Hughes. Ajoutez à cela Barron obtenu contre Lekhonen, Mesar et Heineman obtenus contre Toffoli, le 1er choix de Floride en 2023 contre Chiarot et tout le reste du pipeline du CH repêché sous Bergevin entre 2017 et 2021 (Primeau, Struble. Mailloux, Ylonen, Roy, Farrell, Tuch, Kidney, Kapanen, RHP, etc…)

HuGo ont fait un bon travail par la suite avec de bons échanges et un bon premier repêchage effectué essentiellement avec l’équipe de dépisteurs de Bergevin et Timmins. Bergevin avait fait son temps à Montréal, mais il est faux de dire que ça c’est terminé en catastrophe. Il est clair que la saison passée a été déraillée par l’accumulation de blessures et la fatigue mentale après un très court été et une défaite en finale. Cela a coûté à Ducharme son poste, mais cette année, à tête reposée, avec un influx de bonne jeunesse, on voit que l’organisation n’était pas en mauvaise santé. Des gaffes comme la contrat de Gallagher et la perte pour rien de Danault ont beaucoup nui à Bergevin, mais les observateurs perspicaces savaient qu’une relève de qualité s’amènerait bientôt en renfort. Ceux qui continuent de voir un génie, ou un magicien en Martin Saint-Louis sont déconnectés de la réalité. MSL n’a rien à voir avec la tenue des jeunes défenseurs cette année. Il a juste hérité de bons jeunes joueurs. Comprenez-moi bien, MSL fait un bon travail malgré son inexpérience, mais les jeunes sont bons car ils ont le talent nécessaire et n’ont pas été montés trop vite.

La prochaine étape pour Hugo est de ne pas se laisser aveugler par le succès relatif du club actuellement. Le travail de rajeunissement doit être complété. Le pire scénario serait de tout tenter pour faire les séries cette année et de ne pas échanger les vétérans qui doivent l’être et de finir trop haut au classement pour rien. Le club doit ajouter des choix et des jeunes joueurs et il doit repêcher dans le top-10 en 2023. Le club semble avoir quatre jeunes joueurs top-6 pour l’avenir en Suzuki, Caufield, Dach et Slafkovsky. il en manque deux. un choix top-10 ne serait pas de refus pour combler un de ces postes. Pour le futur 3e trio, il y a beaucoup de candidats déjà dans l’organisation et peut-être un futur top-6. L’organisation possède la fameuse masse critique de talent. Maintenant, il s’agit seulement d’en rajouter une couche en échangeant des vétérans et en acceptant de souffrir une autre année pour obtenir un autre haut choix de repêchage. Le bateau est presqu’arrivé à bon port. il reste juste à garder le cap encore un peu.

Hughes et Gorton auront-ils la vision et la patience?

J’ai moi aussi regardé le match d’hier, parfois d’un seul œil tellement c’était plate. On commence à entendre l’excuse que Slaf ne joue pas avec d’assez bons joueurs pour vraiment se faire valoir. C’est drôle, Mesar et Beck ne jouent pas avec de meilleurs joueurs et paraissent mieux. Malgré cela, je n’ai pas entendu ou lu un seul journaliste ou commentateur connu évoquer l’idée d’envoyer Slaf dans le junior.

Je parlais de Draisatl hier comme joueur élite qui a joué junior à 18 ans. Deux autres me sont venus en tête, deux Québécois, et deux 3e au total, comme Draisatl. Je parle de Huberdeau et Dubois. Huberdeau a même joué la première moitié de la saison 2012/13 dans le junior à 19 ans à cause du lock-out de 2012. Je ne comprends pas pourquoi personne n’évoque cette possibilité pour Slaf. Ça dégonflerait la balloune médiatique, ça sortirait le jeune de Montréal et de l’analyse quotidienne de ses performances.

Il pourrait enfin jouer une saison complète avec des joueurs de son âge dans une bonne ligue (OHL), et le CH pourrait s’assurer qu’il soit échangé pour un bon club et joue avec Mesar sur le même trio. Il est là le meilleur chemin pour laisser ce jeune gagner en maturité et en confiance, tout en s’adaptant au jeu nord-américain et au mode de vie.

Je lisais Mathias Brunet aujourd’hui, et il en est rendu à prôner de garder Slaf à Montréal pour donner un bonbon aux partisans impatients. Si c’est ce qui se passe, ça voudra dire que rien n’aura changé dans l’organisation du CH. Le club n’a pas besoin de Slaf cette année, ni de Beck, Mesar ou Roy. Retournez-moi tous ces jeunes dans le junior et laissez-les maturer. Le club a déjà un surplus de joueurs d’avant sous contrats de la LNH. M. Brunet suggère ces trios sans Slaf:

Caufield-Suzuki-Hoffman
Dadonov-Dvorak-Gallagher
Pitlick-Dach-Anderson
Drouin-Evans-Armia

Monahan, Pezetta, Byron

Après les échanges de la date limite, le club pourra rappeler Harvey-Pinard et Ylonen. Il y a aussi Belzile et Richard qui pourraient venir combler des trous en fin de saison. Le club ne fera pas les séries. Un autre très haut choix en 2023 serait souhaitable. Le but du CH cette saison est de faire progresser ses jeunes tout en perdant honorablement la plupart du temps. Cette saison devrait être la saison des victoires morales pour le grand club, complémentées par une bonne progression du bassin d’espoirs du club.

L’an prochain, Dobes, Dichow, Mailloux, Struble, Trudeau, Slaf, Heineman, Mesar, Beck, Roy, Farrell, Kidney, Smilanic, Tuch, et Biondi vont passer pro, ou pourraient le faire. Le Rocket de Laval sera finalement la pépinière espérée. Tous ne réussiront pas, certains seront échangés, mais on voit qu’il y a de la qualité et de la profondeur. Ce qui reste à prouver pour cette organisation c’est de montrer qu’elle peut avoir la patience requise pour laisser ce groupe d’espoirs maturer. Dans l’alignement d’avants cité précédemment, il n’y a que Suzuki, Caufield et Dach qui représentent le futur du club. Tous les autres sont là pour assurer la transition. C’est la même chose pour Edmundson, Savard et Wideman. Matheson, Ghule, Harris et Barron sont, en théorie, dans le portrait à plus long terme. Dans les buts Primeau et Montembeault pourraient être dans le portrait à plus long terme. Ça dépendra de leurs performances lors de la saison à venir.

Cette revue rapide des ressources en joueurs du CH montre bien que cette année doit en être une où on travaillera sur les bases en vue des saisons à venir. Il n’y a rien qui appelle la promotion rapide de jeunes joueurs. Encaisser une autre année difficile au classement est la chose à faire d’un point de vue de gestion des effectifs. Bien sûr le coach et les joueurs tenteront de gagner tous les matchs, mais il revient à Hughes et Gorton de voir au-delà et de bien gérer le message et les attentes. Cela peut être fait même dans le marché impatient de Montréal. La nouvelle administration bénéficie encore d’un énorme capital de sympathie. Plusieurs journalistes et commentateurs boivent leurs paroles et s’ébaubissent devant chacun des gestes qu’ils posent. HuGo peuvent se permettre de dépenser une partie de ce capital de sympathie pour s’assurer que le club pourra encore une fois repêcher très haut en juin prochain, tout en laissant maturer leur jeunesse.

Continuez la discussion

On m’a réclamé un nouveau sujet car le précédant commençait à être trop long pour être pratique. Je n’ai pas vraiment de sujet qui m’inspire pour écrire un nouveau texte. Alors une première sur ce blogue, seulement quelques lignes pour vous inviter à aborder le sujet hockey qui vous intéresse. Je reviendrai avec plus de substance quand les choses reprendront ou si Hughes nous surprend avec une transaction majeure.

Le retour à la réalité sera difficile

Le repêchage est terminé. Dans le cas des Canadiens les journalistes et commentateurs ont parlé d’audace et cela a été vu de façon très positive. Peut-être est-ce le sage en moi qui parle, mais l’audace est célébrée quand elle mène à des résultats positifs, et ça on ne le sait que plus tard dans le cas du repêchage, en cas inverse, à terme, l’audacieux reçoit le bonnet d’âne. Ceci dit, même si je fais partie de la faible minorité qui n’est pas convaincue de la totalité des derniers gestes du club, je me dois de laisser la chance au coureur car il y a trop de facteurs dont je suis incertain. Slafkovsky et Dach me semblent des points d’interrogations, des paris, mais j’avoue ne pas les connaître suffisamment pour y aller d’une condamnation ferme de ces décisions. Par exemple, j’étais sûr que Bergevin avait cafouillé dans sa gestion des cas Danault et Gallagher. Je connaissais très bien ces joueurs et il n’y avait pas de doutes dans ma tête, Bergevin avait agi dans ces deux cas à l’inverse du bon sens. Dans le cas de Slafkovsky et Dach, il faudra du temps et un suivi des joueurs pour voir comment tout cela va tourner.

Donc, je vais me garder une petite gêne avant de dénoncer les gestes posés. Ceci dit, si c’est moi qui avait pris les décisions, j’aurais clairement choisi Wright et je n’aurais pas fait la transaction pour Dach. Mais, encore une fois, il se peut que ces décisions soient bonnes. Seul l’avenir le dira, et il se peut qu’au final, Slafkovsky et Wright deviennent tous deux de très bons joueurs de valeur à peu près équivalente. Pour le reste du repêchage, je préfère ma liste à celle du CH. Bien sûr, si Lane Hutson gagne deux ou trois pouces il pourrait être un vol de ce repêchage, car le talent est là. Owen Beck m’apparaît comme un choix sans beaucoup de potentiel élite. Basu et Godin dans leur balado disaient que selon leurs contacts, la plafond de Beck était celui d’un joueur de 3e trio, et pas sûr que ce soit au centre. Ça vaut ce que ça vaut, mais pourquoi prendre un tel joueur en tout début de 2e ronde? Filip Mesar est rapide et habile, il semble y avoir un potentiel offensif, mais pour un Slovaque la petite taille en première ronde n’était pas un problème, alors qu’on a passé sur Jordan Dumais en fin de 3e ronde. Il est moins rapide que Mesar, mais son hockey IQ est supérieur et on parle de deux rondes d’écart. C’est difficile à comprendre de la part d’un club du Québec. Vinzenz Rohrer, lui, était sur ma liste, alors je suis heureux de ce choix. Il est très jeune. C’est donc un pari sur 6 à 12 mois de progression supplémentaire par rapport aux joueurs nés dans la première moitié de l’année d’éligibilité. Cédrik Guindon me semble aussi un bon pari en fin de 4e ronde. 59 points en 68 matchs sur un club faible, mais 34 points à ses 30 derniers matchs. Les autres joueurs choisis me laissent froid. Il y aura peut-être une surprise parmi ceux-ci, on ne sait jamais, mais je n’y compte pas. Pour moi il n’y a que six joueurs avec, à divers degrés, une chance de faire carrière en LNH.

De toute façon, ce repêchage sera jugé en très grande partie sur le choix de Slafkovsky. S’il y a eu erreur majeure sur ce choix, le reste ne compensera pas le déficit, même si certains autres choix tournent plutôt bien. Aussi, si cette organisation est sérieuse, elle doit changer ses dépisteurs au Québec et nommer quelqu’un qui pourra être plus influent. Que le dépisteur suédois du club, qui n’a accumulé que des flops en Vejdemo, Olofsson et Norlinder ait toujours préséance sur les dépisteurs québécois n’a aucun sens. J’aurai la non sélection de Jordan Dumais sur le cœur longtemps car j’ai la conviction que ce jeune va réussir.

J’ai lu et écouté pas mal de commentaires cette semaine autour du repêchage, et il y a plusieurs choses qui me font tiquer. Je dirais que la plus importante est le mythe du « développement ». J’utilise les guillemets car pour moi, cette idée de développement est le plus grand fantasme qui existe dans le monde du hockey. L’idée qu’un club aurait des coachs avec une baguette magique pour tourner des joueurs déficients en joueurs d’impact de la LNH est ridicule. L’idée qu’un club est capable de faire ça et qu’un autre ne le pourrait pas, dans la LNH moderne, avec toutes les ressources qui existent est une vue de l’esprit. Ça n’existe pas dans la réalité.

Tous les clubs offrent un coaching et un encadrement professionnel similaires à ses joueurs. Certains clubs sont certainement un peu meilleurs que d’autres pour une période donnée, mais la différence au final n’est pas significative. Ce n’est pas cela qui fait la différence entre le succès et l’échec d’un joueur. 90% du résultat final dépend du joueur lui-même, de son talent de base, de sa marge de progression inachevée au moment de son repêchage, de sa volonté de réussir, de son engagement et de sa discipline comme athlète. 90% du résultat est dans le joueur au moment de son repêchage, et le 10% restant dépend du coaching et de l’encadrement, mais il n’y a pas de club où cet aspect sera totalement nul.

Donc, cette histoire de développement se joue à la marge, sur le 10% que je dis être extérieur au joueur lui-même. Ça laisse peu de d’espace de manœuvre aux coachs d’un club pour faire une différence. On voit que la possibilité de différence de « développement » par une équipe par rapport à une autre est au mieux marginale. Je donne des pourcentages empiriques, mais pour moi c’est proche de la réalité. Les meilleurs joueurs ne jouent pas ou jouent très peu en AHL. Après leur repêchage, la très grande majorité retournent jouer pour une équipe de calibre inférieur où les coachs ne sont pas ceux de l’équipe de la LNH. Prenez, par exemple, Jordan Harris. Il s’est écoulé quatre années depuis par son repêchage par le CH. Il n’a participé à aucun camp d’entraînement de l’équipe et n’a été coaché que par le personnel de son université. Joshua Roy qui a explosé la saison passée après avoir été repêché par le CH. Allez-vous me dire que c’est le système de « développement » du club qui est la cause de ce retournement spectaculaire de situation? Bien sûr que non, ça vient du joueur en très grande partie et un peu de son encadrement au niveau junior.

Six joueurs repêchés sur onze en 2018 par le club montréalais n’ont pas signé de contrat avec le club, et ce, sans avoir été « développés » par les coachs de l’organisation. Le club a simplement fait le constat que ces jeunes n’avaient pas ce qu’il fallait pour espérer percer un jour dans la LNH. L’idée de tenter de les « développer » était inapplicable. Le talent était simplement insuffisant. Je me répète, cette histoire de « développement » est un fantasme de dépisteurs frustrés qui veulent reporter sur des coachs leurs erreurs de repêchage. Si Slafkovsky n’a pas ce que les bonzes du CH ont vu en lui, ce n’est pas Martin Saint-Louis qui va le sauver, comme Saint-Louis n’a pas sauvé Caufield et Suzuki la saison dernière.

C’est croire que des joueurs de ce calibre sont de petites choses bien fragiles que de penser qu’un coach va faire la différence. Caufield, Saint-Louis ou pas, aurait fini par retrouver le fond du filet. Le jeune était juste pris dans un club en plein marasme qui jouait pour avoir la tête du coach. À mon avis, la crème finit le plus souvent par remonter à la surface, et si elle ne le fait pas, c’est qu’il y avait une faille ailleurs chez l’individu. Une faille qui n’a rien à voir avec son talent de joueur de hockey et sa volonté de réussir. Le seul aspect où je pense qu’une équipe peut avoir un impact négatif sur un joueur, c’est si elle le fait graduer trop vite, et ça n’a rien à voir avec un système de développement, ça dépend de la politique de gestion hockey d’une équipe. Un DG devrait toujours pencher du côté de la prudence avec un jeune joueur. Le faire graduer une année trop tard plutôt qu’une année trop tôt. C’est simple.

Bien sûr, un autre aspect qui peut ralentir la progression vers la LNH d’un jeune joueur est la question de son utilisation par l’équipe et des vraies opportunités qui lui sont données, mais encore là, ce n’est pas une question de « développement » supérieur ou inférieur. Parfois c’est simplement circonstanciel, dépendant de la situation du club, mais généralement, ces joueurs qui sont retardés pour ce genre de raisons vont finir par avoir leur chance pour l’équipe qui les a repêchés, ou pour une autre. Si Kirby Dach réussit à Montréal, il tombera dans ce cas de figure, soit celui d’un joueur talentueux qui avait juste besoin de plus de temps pour s’établir et atteindre son plein potentiel. Les circonstances comptent au hockey comme dans la vie en général, mais les vrais finissent par trouver la bonne occasion et ne la manquent pas.

Tout ça pour dire, que ce qui compte vraiment, c’est le repêchage et que c’est un art qui implique en lui-même un fort taux d’échec. Les journalistes auront beau nous bassiner avec leurs histoires de « développement », pour moi c’est n’importe quoi. Le succès ou l’échec est déjà inscrit dans chacun de ces joueurs en assumant que chacun aura droit à l’encadrement nécessaire de la part des équipes qui les ont repêchés. La plupart ne signeront jamais de contrat avec ces équipes. Dans les deux à quatre prochaines années, il n’auront pas démontrer mériter un contrat de la LNH. C’est ainsi. Ça se joue au repêchage.

Pour revenir à la réalité des Canadiens, ne vous attendez pas à ce que Slafkovsky ait un grand impact à Montréal cette année. Si j’étais DG, je lui trouverais un club junior en OHL. Slafkovsky a été repêché par les Otters d’Érié, un des pires clubs de la OHL l’an passé. Je demanderais donc à Érié de l’échanger à une équipe aspirante, et il y jouerait une saison entière en espérant le voir dominer offensivement. Ce jeune a besoin de jouer dans une ligue où il pourra accumuler beaucoup de points. Le problème, c’est que ça n’arrivera pas. HuGo ne seront jamais assez audacieux pour poser ce geste. Le CH va encore avoir une mauvaise équipe cette année, Slafkovsky n’a rien à gagner à jouer à Montréal la saison prochaine. Je lui ferais jouer le plus de matchs pré-saison possibles, je lui donnerais peut-être quelques matchs réguliers si il en avait assez montré au camp, puis je l’enverrais dans le junior. Le même plan que je prônais pour Wright. J’essaierais que Slafkovsky et Mesar se retrouvent tous les deux sur la même équipe en OHL. Les droits de Mesar appartiennent aux Rangers de Kitchener.

J’y irais de cette façon car encore une fois la prochaine saison sera difficile à Montréal et je pense que la direction devrait être très claire sur ce point dès le départ et l’envoi de Slafkovsky dans les rangs junior marquerait un grand coup. Ce serait une façon sans équivoque de bien faire comprendre que les Canadiens ne sont pas là pour le court terme. Le club n’agit pas à la façon des Hawks de Chicago, il n’est pas question de stratégie de la terre brûlée, mais la saison prochaine ne sera pas facile et le succès de cette saison ne se comptera pas en nombre de victoires. Ce qui compte sera de donner de l’expérience aux jeunes joueurs tout en maintenant une culture d’équipe basée sur une éthique de travail irréprochable.

Aussi, Martin Saint-Louis aurait intérêt à remettre les pendules à l’heure et à faire comprendre à certains journalistes énervés qu’il n’est pas un alchimiste, qu’il ne transforme pas le plomb en or. Je persiste à croire que la plus grande force de Saint-Louis, c’est sa personnalité. Il semble un très bon communicateur, et aussi un bon motivateur, mais je reste à être convaincu de ses talents de coach et de sa maîtrise d’une façon de jouer pour son club. Tout cela semblait très flou lors de son dernier point de presse l’an dernier, et pour ajouter à cela, il a perdu Luke Richardson. Je vois un danger au niveau du coaching la saison prochaine. Comme je l’ai souvent mentionné, l’an prochain, Saint-Louis sera l’homme en charge dès le départ. Si ça dérape, ce sera lui le pilote, le responsable et il sera pointé du doigt et on lui posera des questions différentes de celles de l’an passé où il agissait plus comme un préposé au nettoyage après sinistre. L’audace va faire connaissance avec la réalité du marché montréalais la saison prochaine, et le réservoir d’indulgences qui était à ras bord depuis l’arrivée de la nouvelle direction va aller en diminuant et les tensions avec les médias et les impatients en augmentant. La lune de miel semble se poursuivre, mais en réalité, elle est terminée. La vraie histoire commence pour HuGo, Saint-Louis et compagnie. Plus ça ira, plus ils auront de compte à rendre.

Mon repêchage simulé pour les Canadiens

Bon, après un léger sursaut ce blogue est toujours aussi tranquille. J’ai reçu mon courriel de renouvellement de l’hébergeur. J’ai jusqu’au 15 juillet pour me décider. Avant cela, je vais y aller d’un nouveau texte, peut-être le dernier? J’ai décidé d’y aller avec un repêchage simulé pour le CH en assumant quelques échanges étant donné que le CH regorge de choix. J’ai basé mes échanges en me fiant à une charte déterminant une valeur numérique aux différents choix en y allant avec prudence, donc, en donnant plus que ce que la charte donne comme valeur (voir le lien à la fin du texte). Je n’ai jamais fait cet exercice auparavant, car je ne suis pas un dépisteur de salon, alors prenez mes choix avec des pincettes. C’est basé sur mes lectures, mon analyse du profil du joueur et sur des visionnements limités sur internet. Ceci dit, j’ai des critères de sélection qui me sont propres, soit le talent en premier, l’âge relatif pour les choix hors du top-20, l’indice de masse corporelle du joueur (plus il est bas, plus il y a de place à progression, en théorie). Aussi, cette année je privilégie les joueurs d’avant lors des premières rondes. Je considère que le CH a déjà sa relève en défense dans son pipeline avec Guhle, Mailloux, Struble et Harris qui s’ajoutent à Romanov. Tout ça sans compter les Norlinder, Fairbrother, Xhekaj, Trudeau, Kostenko et Sobolev. Un ou deux de ces joueurs, à terme, pourraient causer une surprise. Le CH a aussi un bon pipeline de gardiens avec Primeau, Dobes, Dichow et Vrbetic. Ceci dit, je vais en ajouter un dans les rondes tardives. Donc, mon focus sera sur des attaquants talentueux parmi les plus jeunes de leur années de repêchage, à part pour le premier choix au total, ensuite j’entends prendre des défenseurs parmi les plus jeunes de leur année d’éligibilité et avec un potentiel offensif.

1 Shane Wright

Je l’ai répété, je pense que Wright souffre d’un anti-effet de récence. En d’autres mots, il est sur le radar depuis trop longtemps au goût de certains. Cela a permis de voir plus ses défauts que ses qualités et on néglige son historique comme talent élite. Un jeune qui compte 39 buts en OHL lors de sa saison 15 ans doit avoir un talent rare. Pour moi il combine l’attrait d’un choix sûr, on ne peut prendre un futur flop au #1, tout en maintenant un plafond très élevé. Je pense que cette année moyenne par rapport aux attentes est une aberration. Il va rétablir son statut de futur joueur de très haut niveau dès l’an prochain si le CH a la sagesse de le retourner dominer en OHL.

26 Gleb Trikozov

Oui prendre un russe si tôt est un pari. Bien sûr, être Kent Hughes j’aurais plus d’informations sur les intentions de ce jeune, et je pourrais prendre une décision plus éclairée. Ceci dit, Trikozov est né le 12 août 2004, il a donc encore 17 ans. Il est un des plus jeunes joueurs de cette cuvée. Il montre des statistiques en MHL (junior majeur russe) similaires à celles de Kucherov au même âge. C’est un ailer droit qui mesure 6’01 » et pèse 185 lbs. Il a donc des chances de jouer pro à 6’02 » et 205 lbs. Il est rapide, excellente vision, bonnes mains et bon marqueur. Son jeu défensif est à améliorer, mais c’est vrai pour la plupart des jeunes joueurs offensifs de son âge. Il est classé entre #8 et #66 sur les différentes listes. La liste consensus de Bob McKenzie l’avait au #64 cet hiver, mais il devrait être classé plus haut sur la liste finale. Le CH pourrait probablement aussi le prendre au #33. Ceci dit, il y a quand même une possibilité qu’il ne soit plus là au #26.

33 David Goyette

Un Québécois qui a tergiversé entre la voie de la NCAA et de la CHL. Il s’est finalement retrouvé cette année en OHL, à Sudbury, sur une mauvaise équipe, la troisième pire au classement final de la ligue. Goyette n’avait donc pas beaucoup de support pour produire cette année. Il a terminé la saison premier marqueur de son club avec 73 points en 66 matchs et le 2e marqueur de l’équipe n’a amassé que 50 points. On peut donc penser que s’il avait été mieux entouré il aurait pu amasser 85-90 points. Goyette est né en mars, il n’est donc pas parmi les plus jeunes, mais ni parmi les plus vieux. Il est né au milieu de l’année d’éligibilité. Dans son cas, c’est la faiblesse de son équipe qui me fait penser qu’il sera sous-évalué, puis lui aussi a manqué une année à cause de la covid. Il y a donc du rattrapage possible dans son cas. C’est un centre de 5’11 » et 174 lbs qui pourrait jouer à l’aile au niveau professionnel. Il est classé entre les rangs #19 et #50 sur les différentes listes.

49 Adam Sykora

Transaction. Le CH échange les choix #62, #92 et #98 au Kraken de Seattle en retour des choix #49 et #58. Ici j’y vais une autre fois avec le critère de l’âge relatif. Sykora est un ailier de 5’10 » et 170 lbs qui est né le 7 septembre 2004, ce qui en fait avec Vincenz Rohrer un des plus jeunes joueurs qui sortiront dans le top-100. Son fait d’arme cette année est d’avoir joué pour la Slovaquie au championnat du monde sénior au mois de mai et d’y avoir bien paru. Il y a obtenu deux buts et une passe en six matchs. Sykora est classé entre #38 et #100 sur les diverses listes.

58 Jordan Dumais

Jordan Dumais est né un 15 avril, alors comme David Goyette il se situe dans le milieu de son année d’éligibilité. Il jouait pour un club moyen à Halifax. C’est un petit ailier de 5’09 » et 165 lbs qui n’a pas un coup de patin au-dessus de la moyenne. Il a donc peu de choses sur papier qui militent en sa faveur, sauf une, il a accumulé des points à un rythme incroyable pour un joueur de 17 ans de sa stature. Il a une excellente vision et un sens du hockey très au-dessus de la moyenne. Avec une telle production à 17 ans (109 points en 68 matchs), Dumais montre des stats similaires à des joueurs qui sont sortis dans le top-10 au repêchage, les Huberdeau, MacKinnon, Drouin, Ehlers, Meier, Dubois, etc… Donc, je fais ce choix juste parce que je ne peux ignorer cette production élite. Ensuite, ce sera à Dumais de gagner en force et en vitesse, mais le sens du hockey ne s’enseigne pas et Dumais en a à revendre. Dumais est classé entre #48 et #95 sur les différentes listes.

66 Nicholas Moldenhauer

Malgré son nom, Moldenhauer n’est pas un Allemand ou un Autichien, c’est un Ontarien. Il a eu une histoire particulière. Il a peu joué l’an passé, alors qu’il devait jouer pour Ottawa en OHL il s’est retrouvé aux États-Unis où il a pu jouer 6 matchs en USHL et 13 matchs dans un club Midget du New-Jersey. Cette année il a décidé de continuer un USHL avec le Steel de Chicago, le club où Sean Farrell a joué. Toutefois la guigne s’est acharnée sur lui. Il a raté le début de saison à cause d’une infection virale, puis a subi une sérieuse coupure par la lame de patin d’un adversaire qui a nécessité une intervention chirurgicale. Il a finalement pu jouer 41 matchs où il a accumulé 43 points. Il est né un 25 mai, ce qui en fait un joueur relativement jeune. Il mesure 5’11 et pèse 170 lbs. C’est un des meilleurs patineurs de cette année de repêchage. Je l’ai choisi à cause des embûches qu’il a rencontré qui ont à mon avis réduit sa valeur. Je pense qu’il est une aubaine en début de 3e ronde. Il est classé entre #53 et #112 sur les différentes listes.

70 Vincenz Rohrer

Transaction, le CH échange les choix #127 et #128 au Devils en retour du choix #70. Ici je reviens à mon critère de sélection favori, l’âge relatif. Avec Adam Sykora, Rohrer sera le plus jeune joueur choisi lors des trois premières rondes de ce repêchage. Il est né le 6 septembre et s’il était né 10 jours plus tard il n’aurait été éligible que l’an prochain. L’idée ici est de repêcher à rabais un joueur de talent qui n’a pas montré tout son potentiel car il était désavantagé par son jeune âge. Rohrer est un ailier droit de 5’11 » et 170 lbs. Il a obtenu 48 points en 64 matchs pour Ottawa en OHL, une équipe assez faible située dans le dernier tiers du classement de la ligue. Rohrer n’était pas bien entouré puisque ses 48 points lui ont permis de terminer premier compteur de son équipe. Donc, s’il avait joué pour un meilleur club, il est loisible de penser qu’il aurait pu approcher un point par match à un si jeune âge. Rohrer présente donc la totale, jeune âge et équipe faible. C’est un choix basé sur le fait qu’il a beaucoup de marge de progression. Il est classé entre 59 et 126 sur les différentes listes.

75 Artem Duda

Premier défenseur choisi dans cette liste. J’ai décidé de le choisir car Duda est un défenseur offensif et avec le facteur russe cette année il pourrait être encore disponible au rang #75. C’est un gaucher de 6’01 » et 180 lbs né au milieu de l’année d’éligibilité, soit le 8 avril 2004. En MHL (junior majeur russe) il a accumulé 41 points en 52 matchs de saison régulière et 17 points en 18 matchs des séries. Pour un défenseur russe, c’est une excellente production car en Russie on ne pousse pas les défenseurs à l’attaque. Il est classé de #47 à #81 sur les différentes listes.

162 Elmeri Laakso

Un autre défenseur. Cette fois encore j’y vais avec la jeunesse relative du joueur. Laakso est né le 9 juillet 2004, il a encore 17 ans. C’est un défenseur gaucher de 6’01 » et 185 lbs. Il a joué surtout au niveau junior cette année, mais aussi en Metsis et Liiga au niveau professionnel. Il était sur l’équipe U-18 de la Finlande et a obtenu des points à tous ces niveaux. Le seul classement que j’ai trouvé pour lui est #195 par McKeens et #66 pour les joueurs européens par la centrale de recrutement de la LNH. Cela laisse croire qu’il pourrait toujours être disponible au rang #162.

194 Niks Fenenko

Un troisième défenseur parmi les plus jeunes de ce repêchage, étant né le 18 août 2004. Fenenko est originaire de Lettonie et a joué cette année pour Baie-Comeau dans la LHJMQ. C’est un gaucher de 6’01 et 180 lbs. Il accumulé 40 points en 62 matchs. C’est vraiment excellent pour un défenseur qui a joué toute l’année à 17 ans, surtout que Fenenko ne jouait pas pour une bonne équipe. Il a terminé quatrième compteur de son équipe derrière trois attaquants de 19 et 20 ans. Je ne sais pas si Fenenko sera toujours disponible au rang #194, mais il est classé #124 chez les patineurs nord-américains, donc, si on ajoute les européens, ça mène vers ce rang.

216 Jan Spunar

Un gardien Tchèque de 6’03 » et 185 lbs. Il a le physique de l’emploi et des bonnes stats dans le junior en Tchéquie. L’idée ici est d’ajouter un gardien au pipeline qui a les caractéristiques physiques du gardien moderne de la LNH. Spunar est aussi né un 30 mai, il vient donc d’avoir 18 ans et est du côté plus jeune de son année de repêchage.

Voilà. Bien sûr, le vrai repêchage du CH sera très différent, mais ça montre l’approche que je voudrais voir le CH prendre. Des attaquants dans le top-70, puis des paris sur des défenseurs à potentiel offensif parmi les plus jeunes du repêchage et un gardien en Europe ou en NCAA qu’ils pourront suivre pendant quatre ans en espérant une progression heureuse.

Les Canadiens obtiennent le premier choix au total pour 2022

La chance a joué en faveur du CH et ceux-ci ont remporter la loterie du repêchage 2022 et ainsi le premier choix au total. C’est évidemment une bonne occasion d’ajouter un joueur très prometteur au pipeline de l’équipe. Ceci dit, l’opinion générale des recruteurs de la LNH est qu’en 2022 il n’y a pas de joueur exceptionnel qui sera disponible, ou, à tout le moins, qui se présente comme telle de manière claire à tous. Un choix avisé pourrait donc permettre d’obtenir un joueur de très bonne qualité, mais pas un joueur qui aura un impact très rapide dans l’alignement d’une équipe.

Le joueur qui est identifié depuis trois ans déjà comme favori pour être repêché premier au total cette année est Shane Wright, un centre ontarien de 6’01 et 190 lbs qui a obtenu i.5 points par match cette année avec Kingston dans la OHL. Wright avait obtenu le statut rare de joueur exceptionnel qui lui avait permis d’évoluer dans le circuit ontarien dès l’âge de 15 ans. Wright est né le 5 janvier 2004. Il est donc du côté plus vieux des joueurs à leur première année d’éligibilité. À sa première saison, à 15/16 ans en OHL, il avait fait honneur à son statut d’exceptionnel avec une production de 39 buts et 66 points en 59 matchs. Pour un joueur si jeune, cette production laissait entrevoir un joueur au potentiel très élevé, proche de l’exceptionnel. Au même âge, Connor McDavid avait obtenu 25 buts et 66 points en 63 matchs. Malheureusement pour Wright, il n’a pas eu de saison 16/17 ans l’an passé, mais au championnat U-18 en mai 2021, il avait obtenu 14 points en 5 matchs, dont 9 buts, ce qui laissait penser qu’il était encore sur une trajectoire très élevée. Toutefois, cela ne s’est pas poursuivi au rythme anticipé cette année en OHL, non pas que Wright ait été mauvais, mais son début de saison a été lent, et il n’a pas pu atteindre les deux points par matchs qu’on attend d’un espoir de très haut niveau, d’une future vedette offensive assurée. Au lieu de cela, il a produit un cran en dessous, à 1.5 points par match. Une bonne production, mais pas celle qui était espérée de sa part. Ceci dit, tout le monde sait que la progression des espoirs n’est pas toujours linéaire, mais pour les futurs exceptionnels comme Crosby, McDavid et Matthews, il n’y a pas trop de fluctuations. Mais, encore une fois, il faut se rappeler que Wright a rater une année critique dans son processus de maturation. Pourrait-on voir un rebond plus tard et un retour à son statut de future grande vedette. Ce n’est pas impossible, mais c’est impossible à prévoir avec certitude. Ce que l’on sait avec certitude toutefois, c’est que c’est un joueur de grand talent qu’on dit mature pour son âge et dédié à réussir sa carrière. En d’autres mots, il a une bonne tête.

Voilà ce que je peux dire sur Shane Wright. À mon avis il sera le choix du CH car c’est un centre, une position à valeur ajoutée. Aussi parce que c’est un choix présentant un haut degré de sécurité. En d’autres mots, son plancher est élevé, il a donc peu de chances d’être un pur flop. L’autre raison, c’est qu’il n’y a pas un autre joueur qui se démarque pour remettre en cause la position de Wright comme favori. À mon avis, si le CH n’est pas convaincu qu’il y a un choix clair au rang #1, il pourrait peut-être se laisser tenter par un échange. C’est peu probable, à mon avis, mai pas totalement impossible. À première vue, si le CH s’en tient à échanger seulement des choix de repêchage, il y a deux scénarios qui semblent plus apparents que d’autres. Le premier serait d’échanger le premier choix à Colombus pour les choix #6 et #12. L’autre possibilité, serait de transiger avec Arizona pour le choix #3 et #30 et #34. Le CH se retrouverait donc avec les choix #3, #29, #30, #33 et #34. Si le CH pense avoir identifié des Romanov et des Ylonen dans ce repêchage, ce serait quatre tirs de qualité à la cible et le club aurait quand même le troisième choix au total. Ce scénario serait valide si le CH se sent à l’aise de manière très similaire avec trois joueurs en début de repêchage et qu’il pense qu’il y a la profondeur nécessaire pour que repêcher quatre fois entre 29 et 34 vaille la peine.

Le pion dans l’œil du cyclone (variation sur un même thème)

Ce texte a été initié comme une simple réponse sur le sujet précédant, mais il revient encore sur le traitement dichotomique, voire manichéen, des cas Ducharme et Saint-Louis. Cette façon de présenter les choses est sans nuance, sans contexte, et, ce faisant, totalement injustifiée.

On tente encore d’entretenir l’illusion que Saint-Louis serait à lui seul responsable de l’amélioration de certains jeunes joueurs. Ce n’est bien sûr pas le cas. La plus grande qualité de Saint-Louis c’est sa nouveauté, ce qui ne le diminue pas par ailleurs. Ça, et l’absence de pression dans laquelle l’équipe évolue depuis son arrivée. Le congédiement de Ducharme a dédouané tout le monde de toute critique, de toute responsabilité pour l’état lamentable du club lors du départ du coach galeux. À lire et entendre certains, Ducharme aurait été une sorte de demi-dieu qui contrôlait absolument tout et par qui tout passait, et il aurait ainsi aplati le niveau de jeu et d’engagement de tous ses joueurs. Quelle puissance il avait ce Ducharme pour un coach qu’on a décrit comme sans charisme. À son départ il est devenu le paratonnerre parfait qui a attiré tous les blâmes possibles et imaginables. C’était un dictateur qui décidait de tout, n’écoutait personne et dégradait tout ceux qui étaient en contact avec lui. Ses assistants entraîneurs sont soudainement redevenus respectables depuis son départ.

Les joueurs ont entendus tout le monde dire qu’ils étaient bons au fond, et que tout était de la faute de leur ancien coach. Saint-Louis, lui, est arrivé après un tel destructeur sans jugement, le Poutine des entraîneurs de hockey. Comment pouvait-il mal paraître? Surtout qu’en plus, tout était perdu. Lorsque Saint-Louis gagnait lors de sa bonne séquence, les blessés et les Toffoli échangés ne comptaient pas dans l’équation. Cela ajoutait à la grandeur du petit magicien maintenant à la barre du club. Aujourd’hui, après deux défaites cuisantes contre de très bonnes équipes, on invoque les échangés et les blessés, même l’horrible Jeff Petry qui a été le frondeur numéro un impliqué dans la chute de Ducharme. On oublie aussi le retour d’Edmundson en défense pour remplacer Chiarot. Ducharme a eu des alignements plus maigres que celui du CH hier soir, mais dans son cas, ça n’a jamais servi d’excuse. Il était mauvais, c’était indiscutable, comme il semble indiscutable aujourd’hui pour certains que Saint-Louis est le Midas du coaching.

Je me répète, mais lorsqu’en parfaite santé, le CH est un club de milieu de peloton, même avec les départs de Chiarot, Toffoli, Lehkonen et Kulak, des ajouts seront faits pour la saison prochaine. Ceci dit, le club était-il affaibli par les blessures et les échanges hier soir? Absolument. Mais ce club avait connu pire plus tôt en saison avec des blessures simultanées à ses trois premiers gardiens de buts.

Le vrai test pour Saint-Louis sera la saison prochaine lorsqu’il y aura un enjeu et qu’il frappera sa première séquence de défaites, quelques matchs où ses joueurs ne donneront pas l’effort nécessaire. La première fois où il devra rétrograder un vétéran qui ne travaille pas assez, ou qui n’arrive plus à suivre. En d’autres mots, le jour où Saint-Louis coachera vraiment en situation compétitive on pourra commencer à juger sa véritable valeur. Je ne suis pas en train de prédire qu’il échouera. Non. Tout ce que je dis c’est qu’alors il devra faire face au vrai travail de coach. Ce qu’on voit actuellement n’est rien d’autre qu’un long camp d’entraînement et d’évaluation. Les résultats sont secondaires, Saint-Louis l’a répété après les deux derniers matchs. C’est le temps où il est de bon ton de parler du processus car il n’y a pas de pression de gagner.

Ducharme n’a jamais eu cette période de grâce. Lorsqu’il a remplacé Julien il devait gagner pour faire les séries. Il n’y est pas arrivé seul. Ses joueurs se sont levés, en particulier Carey Price. L’automne suivant, il n’y avait plus de Price, plus de Weber, de Danault, d’Edmundson, de Perry et de Kotkaniemi. Les joueurs n’avaient pas le goût de repartir la machine si rapidement après avoir joué du hockey à très haute intensité, surtout pas après avoir perdu autant de joueurs importants. Le résultat a été une débandade collective agrémentée des blessures à la pelle. Les joueurs n’avaient pas le goût de jouer, ils ont laissé tomber Ducharme, les blessures se sont accumulées, les choses sont allées de mal en pis dans une spirale descendante parfaite. Au lieu de prendre une part du blâme les joueurs ont décidé, comme toujours, de pointer le coach du doigt, et ils ont eu sa tête, et en même temps, ils venaient de trouver leur source de motivation pour le reste de la saison, soit de montrer que c’était Ducharme le problème, pas eux. Ainsi ils justifieraient leur moitié de saison catastrophique, et le bénéficiaire de cette dynamique serait le coach remplaçant qui saurait très bien qu’il serait dans son intérêt de participer au discours de disculpation des joueurs. S’il voulait les mettre de son côté. il serait dans son intérêt de blâmer l’ancien système. Ajoutez à cela qu’il y a eu un changement de DG en cours de route, que Bergevin vivait sur du temps emprunté dès le début de saison, et vous aviez une autre raison pour les joueurs de ne rien craindre. Le nouveau DG a congédié Ducharme pour nommer un ami à sa place, alors lui aussi avait intérêt à être positif et à ne rien dire pour défendre Ducharme. Si Bergevin avait signé une prolongation de contrat l’été passé, les choses auraient été bien différentes. Bergevin aurait eu intérêt à aider et défendre Ducharme. Les joueurs auraient su qu’il était solidement en poste et qu’il serait beaucoup plus difficile de tout faire passer sur le dos du coach.

Je n’ai pas souvenir d’un coach ayant eu une première année en poste aussi rocambolesque que Ducharme. Il a remplacé Julien par interim, son club s’est rendu en finale de la coupe, une première en 28 ans. Molson qui voulait congédier Bergevin cet été a eu peur et n’a l’a pas fait. Bergevin toujours DG a donc offert un contrat de trois ans à Ducharme, et le jovialiste de Molson a accepté par lâcheté. Résultat des courses, Bergevin lui n’a pas obtenu de prolongation, contrairement à son coach, un non sens absolu. Par le fait même, ces décisions incongrues de Molson ont affaibli la chaîne d’autorité. Au-delà de ça, Bergevin avait pris deux très mauvaises décisions lors des deux années précédentes, l’offre hostile à Aho qui n’avait aucune chance de réussir. Un geste qui montrait un fort manque de jugement et qui a ultimement mené à la perte d’un récent choix, 3e au total du club, en Kotkaniemi. Ensuite, il a offert de manière beaucoup trop émotive un contrat complètement exagéré et injustifié à Gallagher. Ce contrat a frustré Danault qui voulait aussi une prolongation et qui se savait bien plus important à l’équipe que l’unidimensionnel Gallagher qui profitait en plus de jouer avec lui. Danault a donc quitté après d’excellentes séries laissant un trou béant dans l’alignement et des responsabilités fortement accrues pour Suzuki cette année. La position de Bergevin était donc légitimement très affaiblie. Oui il avait redressé le repêchage du club ces dernières années, mais au niveau de la gestion des contrats il a fait preuve de graves manques de jugement. Il vivait sur du temps emprunté et le manque de courage de Molson a permis à la situation de pourrir.

Le vrai responsable, au fond, c’est Geoff Molson et son obsession de faire les séries à chaque année. Il a décrété un « reset » en 2018, et deux ans plus tard il le déclarait terminé, ce qui était totalement insensé. De plus, l’offre à Aho allait à l’encontre de l’idée de « reset » et Molson a clairement eu son mot à dire dans cette histoire. Il a donc très mal appuyé son DG, et ça explique sûrement l’actuelle direction bicéphale du club avec Gorton qui est là pour supporter Hughes et éviter les crampes au cerveau coûteuses. Le moins que je puisse dire c’est que j’ai digressé par rapport à mon intention initiale de défendre encore une fois Ducharme et de calmer l’enthousiasme débridé par rapport à Saint-Louis. Ceci dit, ma digression montre que tout est lié dans une organisation, et que c’est une accumulation de mauvaises décisions qui mène à une catastrophe comme celle qu’on a vue cette année et que dans toute cette histoire le pauvre Ducharme n’a été qu’un pion pris dans l’œil du cyclone. Mettre le désastre qu’a été cette saison sur ses seules épaules est un pur non sens. La responsabilité est multiple et ce qu’on voit actuellement n’est que la suite de l’histoire avec de nouveaux visages, sauf l’ineffable Molson qui est toujours là, mais qui semble avoir compris qu’à la base il était le plus coupable de tous.

Le magicien qui fait apparaître un bouc émissaire malgré lui

Dominique Ducharme et Martin Saint-Louis ont joué en même temps pour l’équipe de hockey de l’université du Vermont dans leur jeune vingtaine. Un sort étrange les a reliés de nouveau cet hiver, presque 30 ans plus tard, mais cette fois ils n’étaient pas en même temps pour la même équipe. Un a succédé à l’autre, toutefois, s’ils étaient encore coéquipiers, je pense bien que Saint-Louis serait le premier à venir à la défense de Ducharme. Mais ils ne sont plus coéquipiers depuis longtemps, et il ne fait pas bon oser défendre Dominique Ducharme pas les temps qui courent. Si vous voulez passer pour un attardé, osez prendre le risque de dire ou d’écrire que Ducharme n’est la raison première, voire unique, des déboires historiques qu’a connu la Sainte-Flanelle cette saison.

Peut-être ai-je un goût pour les causes désespérées, mais je m’y lance. Pour moi, la chose la plus importante au hockey, entre équipes vaguement du même calibre, c’est l’effort au jeu. Un club moins fort en battra souvent un plus fort si la différence d’effort entre les deux équipes lors d’un matche donné est importante. Ce que je vois essentiellement depuis l’arrivée à la barre de Martin Saint-Louis, c’est un club qui travaille mieux, c’est vrai, mais surtout plus fort, et j’ai tendance à penser que l’équipe travaille mieux car elle travaille plus fort. La mollesse, la nonchalance et le désengagement collectif, ça ruine toute possibilité de bien travailler. Pour moi, ce constat est la base de tout. Après ça, il y a les circonstances particulières, et durant cette saison, elles ont toujours été à l’encontre de Ducharme. Ce n’est pas une recherche d’excuses, les faits sont là et ils sont têtus.

Selon les nouveaux dirigeants du CH, lors de leur nomination, Ducharme devait au moins terminer la saison. Cette affirmation c’est avérée fausse, même si elle n’était pas mensongère au moment où elle a été exprimée. Pourquoi? J’ai regardé les feuilles de matchs du CH lors des 10 derniers matchs de Ducharme, question de me rafraîchir la mémoire. Le pauvre était pris avec un Cayden Primeau atroce, et en même temps, laissé à lui-même, devant le filet. McNiven a agit comme substitut lors d’un match contre le Wild, sinon, après ça, un Montembault blessé au poignet a servi comme substitut et Primeau était tellement faible que Montembeault a dû finir des matchs avec son poignet blessé. J’aurais voulu voir Saint-Louis avec de telles passoires dans les buts. Après toutes les blessures survenues cette saison et les pertes de joueurs de la saison précédente, cette blessure à Montembeault a été le coup de grâce à Ducharme.

Lors de ses six dernières présences devant le filet du CH, Primeau a obtenu des pourcentages d’arrêts de 0.844, 0.667, 0.875, 0.929, 0.794, 0.714. Lors de ces six matchs, Montembeault, jouant blessé, a obtenu des pourcentages de 0.867, 0.625, 0.571, 1.000 et McNiven lors de sa seule apparition en relève à Primeau, 0.571. En d’autres mots, le CH, à la fin de l’ère Ducharme n’avait plus de gardien de calibre LNH en santé. On voit que Montembeault lors du dernier match de Ducharme n’a pas accordé de but en 31 minutes en relève à Primeau, signe que sa blessure était guérie ou proche de l’être. Après ça, Montembeault a retrouvé de bons pourcentage d’arrêts, à part deux matchs, et Hughes est allé cherché Hammond pour aider Saint-Louis à ne pas perdre à cause d’un gardien exécrable.

Difficile de ne pas voir qu’on a laissé Ducharme à lui-même. Il y a un contexte très important pour expliquer la liquidation de Ducharme, et la mise sur un piédestal de Saint-Louis. Encore une fois, je ne dénigre pas Saint-Louis. Je pense qu’il est et sera un bon coach. Je pointe juste vers le fait qu’on a laissé couler Ducharme juste avant le retour de conditions plus avantageuses pour l’arrivée Saint-Louis, l’ancien joueur vedette.

Pour moi, les dés étaient pipés, et en disant cela je ne dis pas que le club aurait connu le même regain si Ducharme était resté en poste. Cela n’aurait clairement pas été le cas. Petry et compagnie avaient décidé d’avoir la tête de Ducharme. Il était condamné malgré ses compétences. Les p’tits choux avaient décidé qu’ils voulaient la tête d’un autre coach. En plus, le congédiement de Ducharme avait l’avantage de désigner un responsable pour les déboires de l’équipe, en autant que les joueurs donnent un meilleur effort sous les ordres du remplaçant surprise. C’est ce qu’ils ont fait, et Ducharme a très mal paru aux yeux de l’observateur non averti, ou naïf. Les joueurs ont tellement travaillé plus fort que Saint-Louis s’est vu du jour au lendemain attribué toutes les vertus, le bougre d’homme pouvait transformer l’eau en vin. Saint-Louis avait beau se défendre d’y être pour rien sur bien des aspects, améliorés subitement, les journalistes n’en démordaient pas. Ils venaient de découvrir un magicien, et celui-ci, contre sa volonté, par un concours de circonstances, a fait de Ducharme le bouc émissaire par excellence.

La réalité, pourtant, c’est que Ducharme demeure un entraîneur compétent un entraineur du niveau de la LNH. Ce que l’on a vu cette saison dans son cas est une illusion négative. Tout était tout croche dans l’organisation dès le début de la saison avec un DG en sursis qui venait de commettre de nombreuses gaffes qui avaient affaibli son club. La déferlante de blessures a suivi, avec Price, Allen et Montembeault blessés, Ducharme a dû s’en remettre à un Cayden Primeau qui n’était pas prêt à jouer derrière un club qui avait démissionné. Ce qui fait qu’à la fin on a mis la tête de Ducharme au bout d’une pique et on a dit que c’était lui l’unique coupable. La preuve? Regardez le regain sous Saint-Louis le magicien, l’ancien joueur vedette de la LNH.

Voilà! J’espère que Ducharme a du soutien moral autour de lui car malgré que son avenir financier soit maintenant assuré, ce qu’il a vécu cet hiver, comme injustice professionnelle, c’est dur à battre. Le pire c’est que 99.9% des partisans, des journalistes et des commentateurs gobent la version pointant Ducharme comme l’unique responsable. Les mêmes qui applaudissaient l’octroi du contrat boulet de Gallagher aux dépends de Danault et l’offre hostile à Aho. Je sais que j’ai l’air méprisant dans mes propos, mais c’est surtout en réaction au mépris général dont Ducharme est l’objet. Je ne pense pas que Ducharme soit nécessairement un grand entraîneur. Ceci dit, il n’aura probablement pas de deuxième chance de prouver sa valeur au niveau de la LNH. Cette question n’aura donc probablement jamais de réponse. Le pauvre restera pris avec cette image trompeuse de pur incompétent, de coach qui n’est pas de calibre pour la LNH. Je n’ai trouvé personne l’ayant défendu et ayant remis les choses en contexte. J’ai donc décidé de le faire, même si sur celle-là, les événements ne pourront jamais prouver si j’ai tort ou raison. Le pauvre Ducharme a été avalé, digéré, et expulsé en morceaux, victime parfaite d’une tempête parfaite.