Où en est la reconstruction du CH?

Texte signé Demongris

Les semaines du repêchage et des joueurs autonomes sont une période charnière pour mettre en place les pièces pour la construction d’une équipe. Essayons de voir où en est le processus de reconstruction du CH.

Plusieurs évaluent les joueurs en fonction de leurs habiletés et leurs statistiques offensives pour comparer la qualité des équipes de la LNH et identifier celles qui peuvent aspirer à gagner la coupe Stanley.

Comme en cuisine où la qualité d’un plat dépend de la qualité et de la diversité des ingrédients, il faut à mon avis rechercher diverses compétences élites et regrouper le tout dans un fort concept d’équipe pour bâtir une équipe championne.

C’est une analyse à parfaire mais voici ce qui, à mon avis, est idéalement requis, et qui est acquis ou qui manque encore au CH, pour devenir une équipe aspirante aux grands honneurs:

Un gardien #1. Le discours à la mode est qu’on a juste besoin d’un gardien « hot » dans les séries éliminatoires. Impossible, sinon extrêmement difficile, à planifier sans la découverte d’une drogue de performance pour gardiens de but. À défaut d’un Price ou d’un Vasiliesky, on doit au minimum avoir un gardien qui est constant et qui ne fait pas perdre de matchs à son équipe. J’ai le pressentiment que le CH a déjà ce gardien en Montembeault. À suivre.

Un Top 3 en défense. Idéalement, un défenseur #1 élite qui peut jouer 25 minutes par partie dans toutes les situations, un défenseur spécialiste de l’offensive et un défenseur spécialiste de la défensive. Le CH n’a probablement pas le premier, a potentiellement le deuxième (Mailloux ou Hutson) et probablement pas encore le troisième (Struble?). Ce troisième pilier, souvent oublié et sous-évalué, est le défenseur que tu choisis toujours d’envoyer sur la glace pour préserver ton avance d’un but quand le feu est pris avec une pénalité à écouler en fin de partie. Le type de défenseur qui semble bloquer plus de tirs que son gardien, qui est robuste, qui coupe les passes, qui semble toujours trouver les retours et être celui qui dégage son territoire. Un David Savard à remplacer éventuellement par un profil comparable mais plus rapide pour le hockey moderne. Même s’il n’est pas garanti que le CH a dans son organisation tous ces profils élites, la qualité générale des prospects à la défense laisse croire que le CH pourrait avoir à terme, soit par des transactions ou du développement, l’équilibre requis entre l’efficacité en défensive et en offensive pour être une équipe aspirante à la coupe.

Un joueur de centre élite de premier trio. On n’a pas de joueur de centre actuellement étiqueté clairement #1 élite mais on a du potentiel de ce côté avec un centre 1A et 1B (Suzuki et Dach) et peut-être un autre prospect avec ce potentiel au repêchage 2023 (Smith?).

Un scoreur élite. Celui qui est un poison sur l’attaque massive et qui est en mesure de compter des buts de toutes les façons et de tous les endroits sur la patinoire. Celui qui demeure dangereux à 1-0 dans une partie dominée par la défensive. Le CH vient de sécuriser cette pièce avec la signature de Caufield à long-terme. Espérons que les Slafkovsky et Roy sauront apporter le complément de buteurs requis pour une offensive équilibrée.

Un joueur de centre élite en défensive. Celui qui joue systématiquement contre le premier trio adverse. Qui est sur la glace pour protéger une avance d’un but. Qui est spécialiste des mises en jeu. Et qui peut compter des buts importants en séries éliminatoires. Un genre de Carbonneau. Le CH l’avait en Danault. On l’a stupidement laissé aller pour une différence salariale de 500K$. Est-ce que Beck peut être ce genre de joueur? Faudrait au moins se donner le temps de le voir au niveau de la LNH avant de l’échanger. Un constat ici: les fans n’ont aucun problème à échanger un prospect comme Beck qui annonce cette excellence en défensive avec un plafond limité en offensive mais on refuse de transiger un Mailloux qui excelle en offensive mais que certains évaluent faible en défensive.

De la robustesse. On a vu lors des dernières séries éliminatoires qu’une équipe championne doit pouvoir résister à l’intimidation pour performer. Le CH a ce qu’il faut en défensive avec Xhekaj, Edmunston et Mailloux. Mais pas à l’avant, sauf Anderson et… dans une moindre mesure Pezzetta. C’est la raison pour laquelle je n’échangerais pas Anderson avant de l’avoir remplacé par un joueur régulier en mesure de répondre aux tentatives d’intimidation.

De la rapidité. Lorsqu’il a été nommé, HuGo Boss disait vouloir assembler une équipe rapide. Bien qu’il y ait des joueurs avec ce profil (Matheson, Guhle, Barron, Anderson, Caufield, Dach et Ylonen), il y a encore trop de joueurs qui sont lents (Armia, Gallagher, Dvorak, Pezzetta). Il faudra pallier à ce problème au fur et à mesure de la transformation de l’équipe.

De la profondeur. Le CH n’annonce pas une équipe qui pourra se fier à quelques vedettes pour gagner. Ce qui n’est pas une mauvaise nouvelle en soi. Compte tenu que deux de ses joueurs élites potentiels (Caufield et Hutson) sont petits, le CH devra s’assurer de compléter son équipe avec des joueurs ayant de bons gabarits, de la rapidité, de la hargne, une bonne conscience défensive et de bonnes habiletés générales. C’est bien parti à la défense mais c’est à travailler à l’avant. Il faudrait plus de joueurs avec le profil d’Emil Heineman. Je n’en vois pas beaucoup dans l’organisation. Il faudra probablement combler ce besoin par des transactions et, éventuellement, sur le marché des joueurs autonomes.

Le CH est avancé dans sa reconstruction mais il arrive à une étape où il doit aller chercher les ingrédients qui lui manquent et ils sont à mon avis nombreux. C’est pourquoi la patience est encore de mise afin d’éviter les raccourcis qui pourraient faire régresser l’équipe.

Auston Matthews à Montréal?

Bon. Le sujet précédent arrive proche de sa limite de 500 réponses. Je n’ai pas d’inspiration pour un nouveau sujet de mon cru, je vais donc m’amuser un peu avec une proposition de transaction entre les Canadiens et les Maple Leafs faite par TSN. Le Toronto Sport Network propose d’échanger Auston Matthews à Montréal contre Cole Caufield, Mike Matheson et le 5e choix au total du repêchage 2023 qui appartient au CH.

Feriez-vous cet échange? Pour ma part il y aurait une première condition à rencontrer, soit que Matthews signe un contrat de huit ans avec le CH dès la transaction conclue pour 12 M$ par année. Si Matthews acceptait une telle entente, j’irais de l’avant avec la transaction. Certains seront peut-être surpris de mon point de vue, étant donné que je prône généralement la jeunesse et une gestion responsable de la masse salariale, mais dans ce cas-ci, le CH obtiendrait de loin le meilleur joueur impliqué dans la transaction et la ligne de centre du CH deviendrait une des meilleures de la ligue. En plus, le CH grossirait son top-6, et la défense du CH est assez profonde du côté gauche pour encaisser la perte de Matheson. Pour ce qui est du 5e choix au repêchage, ça demeure un actif incertain même s’il peut à terme rapporter un très bon joueur.

Après cette transaction, le CH se retrouverait avec cet alignement potentiel:

Slafkovsky(0.95M$)-Matthews(12M$)-Dach(3.4M$)
Harvey-Pinard(0.83M$)-Suzuki(7.9M$)-Anderson(5.5M$)
Ylonen(0.9M$)-Dvorak(4.5M$)-Armia(3.4M$)
Hoffman(4.5M$)-Evans (1.7M$)-Gallagher(6.5M$)
Pezzetta (1M$), Belzile (0.75M$)
Total:52.2 M$

Guhle(0.9M$)-Savard(3.5M$)
Harris(1.4M$)-Barron(0.9M$)
Xhekaj(0.8M$)-Kovacevic (0.8M$)
Wideman(0.8M$)
Total:9,1M$

Montembeault (1M$)-Primeau(0.9M$)
Total:1.9M$

Masse salariale totale pour 23 joueurs: 63.2 M$

On voit qu’il y aurait un peu plus de 20 M$ de disponibles sous le plafond. Ceci dit, il ne faudrait pas partir en peur avec ça, car plusieurs jeunes devront recevoir des augmentations de salaires au cours des années à venir. Ceci dit, pour l’an prochain, ça permettrait au CH de faire d’autres échanges du type Monahan avec Calgary l’an passé. Edmundson et Allen seraient échangés, quoi que le départ de Matheson pourrait permettre de garder Edmundson jusqu’à la date limite l’hiver prochain. Dvorak et Anderson seraient aussi des candidats potentiels pour être échangés et dans ces transactions le CH pourrait prendre du salaire pour un an, le but étant d’obtenir plus en retour. tout en facilitant les échanges.

À Laval il y aurait Roy et Farrell comme candidats pour des rappels à l’attaque, alors que Beaudin, Struble et Trudeau seraient les candidats en défense. Ce scénario mise sur un Slafkovsky qui gagnerait en confiance en jouant avec Matthews. Edmundson et Allen pourraient rapporter chacun un choix de 2e ronde si le CH ne prend pas de salaire dans les transactions. Le CH aurait un choix de fin de 1e ronde et trois choix de 2e ronde pour cette année et toujours le choix de 1e ronde de Calgary en 2024 ou 2025 obtenu pour Monahan qui pourrait rapporter gros. Le club a aussi un choix de 2e ronde supplémentaire en 2024 obtenu du Colorado dans l’échange Lehkonen. L’utilisation avisée de la masse disponible pour cette année pourrait rapporter d’autres choix de 1e ronde. Aussi, si on échange Dvorak, l’équipe pourrait se risquer à ramener Monahan pour un an à quelque chose comme 2,5M$ par année. L’ajout d’un ou deux vétérans agents libres sur des contrats d’un an pourraient aussi être une possibilité. Si le CH ne fait pas les séries, ils deviendraient du matériel à échange à la date limite.

Cet alignement en serait un de transition, le temps de purger l’alignement de Dvorak, Anderson, Hoffman et Armia et d’espérer l’émergence d’une couple de jeunes avants. La défensive serait aussi très jeune, même chose dans les buts. Ce serait un risque, et c’est là que l’évaluation devra être la bonne. Ces jeunes pourraient-ils progresser avec autant de responsabilités? Si la réponse est non le club pourrait garder Edmundson jusqu’à la date limite des transaction. Lui et Savard pourraient aider les jeunes face aux hauts et aux bas d’une saison et aider à stabiliser l’ensemble par leur simple présence.

Au final, la raison pour laquelle je serais en faveur d’une telle transaction est que je pense que Matthews est un joueur de concession malgré les déboires en séries de Toronto. Ovechkin a peiné avant d’arriver à mener son club à la coupe. Toronto avait une mauvaise fondation, celle des Canadiens me semble bien meilleure, même si l’alignement proposé est très jeune et immature. Le CH a la masse critique de talent qu’il faut pour monter un bon club autour de Matthews avec une structure salariale saine. Avec 20 M$ de disponibles, et un autre 20 M$ qui le deviendra avec les départs éventuels de plusieurs vétérans, le club aura les ressources pour payer ses bons jeunes joueurs qui montent à des salaires raisonnables, puis sur huit ans, le 12 M$ par année de Matthews diminuerait en pourcentage de la masse totale et Matthews est assez bon pour éviter de faire des jaloux. Il aiderait des jeunes comme Slafkovsky à mieux paraître et à gagner en confiance. Mais bon, ce texte est juste pour le plaisir car cette transaction n’arrivera pas.

Les Canadiens arrivent à la fameuse masse critique de talent

J’ai souvent parlé du concept de masse critique de talent, c’est à dire le point où un club compte tellement de talent dans son organisation que le but premier n’est plus d’en obtenir encore plus, mais de le maximiser pour que cela se reflète dans le rendement de l’équipe et que celle-ci devienne aspirante à la coupe. Ceci dit, la masse critique peut être atteinte sans que cela ne mène à des résultats de haut niveau dans l’immédiat. À mon avis, le CH a un des meilleurs bassins de jeunes joueurs de la LNH. L’immaturité actuelle de ces jeunes joueurs fait que le club ne sera pas aspirant à la coupe l’an prochain, mais quand elle viendra, et avec ce qu’on ajoutera avec les deux choix de première ronde à venir en juin, il me semble clair que le club approche du point d’inflexion et que cette saison devrait être la dernière où l’équipe fréquentera les bas-fonds du classement. Ceci dit, le CH a tellement de profondeur à certaines positions, que des choix devront être faits. Il y a clairement beaucoup d’élagage et de consolidation à faire. Cette tâche sera parfois délicate car il y aura un danger d’échanger trop tôt de futurs très bons joueurs, surtout en défense. Il y aura aussi un recalibrage à effectuer en cours de route pour s’assurer de ne pas avoir un groupe de joueurs d’avant trop petits. Toutefois, le CH aura le luxe d’être patient avec plusieurs de ces jeunes joueurs. Le club devrait remonter au classement l’an prochain, mais n’aspirera pas à la coupe. Il n’y a donc pas d’urgence d’y aller pour de grosses transactions impliquant des jeunes joueurs dont la valeur maximale reste à être atteinte.

La première étape sera d’échanger Joel Edmundson avant le repêchage. Ça demeure un bon joueur lorsqu’il est en santé, mais il y a tellement de jeunes défenseurs gauchers qui poussent, que le club ne peut garder deux vétérans à cette position. Matheson lui joue d’une façon qui forcera le club à le garder. Il semble avoir finalement réussi à mettre tous ses atouts en action en même temps et à leur plein potentiel, tout en minimisant les erreurs mentales. Actuellement il joue comme un défenseur élite de la LNH. De la façon dont il joue depuis une vingtaine matchs il produirait 70 points sur une saison complète. De plus, il est sous contrat pour trois autres saisons à un impact sur la masse de 4.75 M$. À ce prix il sera une formidable aubaine, et advenant un échange, il pourrait rapporter beaucoup. En plus de Matheson, je vois le club garder David Savard au moins jusqu’à la prochaine date limite des échanges la saison prochaine, et si le club se bat pour une place en séries, jusqu’à l’été 2024. Ça laisse donc seulement quatre places pour les jeunes en défense la saison prochaine. Donc, cet alignement:

Matheson-Savard
Guhle-Barron
Xhekaj-Kovacevic
Harris-Wideman

À Laval on devrait retrouver Trudeau, Struble, Mailloux et Norlinder comme jeunes en maturation. En plus de cela, Hutson et Engstrom vont continuer leur progression en NCAA et en SHL. À terme Mailloux devrait remplacer Savard du côté droit, puis ce sera l’embarras du choix du côté gauche. Harris sera-t-il muté à droite éventuellement? Xhekaj a une très forte valeur à cause de son aspect physique et dissuasif. Le club pourrait-il décider d’échanger Matheson en 2024 ou 2025 contre un attaquant élite? C’est là que des décisions difficiles et très importantes devront être prises.

À l’avant le portrait n’est pas aussi rose. Il y a de bons joueurs et de bons jeunes, mais il manquent clairement au moins un autre espoir A+ ou un autre très bon jeune à la Kirby Dach. À mon avis, le club ne doit pas faire de rachat de contrat. Il n’y a rien qui presse. Drouin et Monahan devraient quitter cet été à moins de revenir sur un contrat d’un an à faible salaire. Hoffman devrait être échangé à la date limite la saison prochaine, et j’échangerais Dvorak si une offre décente m’était présentée avant le repêchage. Dans le cas de Josh Anderson, si une excellente offre m’était faite, je l’échangerais lui aussi. Il est trop vieux pour être toujours bon quand ça va compter vraiment. Ça laisserait Gallagher et Armia comme boulets. Armia pour deux autres année et Gallagher pour encore quatre ans. Quel mauvais contrat!!! Ceci dit, avec le nombre de jeunes joueurs qui seront sur des contrats abordables de recrues, le contrat de Gallagher peut être absorbé pour les années à venir sans trop nuire à l’équipe, puis il y a toujours la possibilité qu’il se retrouve un jour sur la liste des blessés à long terme, car c’est sûr qu’il va se blesser sérieusement de nouveau. Le gars veut encore, mais il est très usé. Donc, pour l’an prochain je vois un alignement de ce genre à l’avant.

Caufield-Suzuki-Harvey-Pinard
Hoffman-Dach-Ylonen
Gurianov-Evans-Armia
Pezzetta-Belzile-Gallagher

J’enverrais Slafkovsky débuter l’année à Laval, avec Roy et Farrell. Il y aurait du talent offensif pour jouer avec lui. Imaginez un trio Roy-Farrell-Slafkovsky avec le Rocket, avec Riley Kidney en plus comme option. À moins de repêcher Connor Bédard en juin, aucun joueur repêché en 2022 ou 2023 ne graduerait. Si Luke Tuch décidait de passer pro, il irait lui aussi à Laval. Mesar retournerait dans le junior en Ontario, même chose pour Owen Beck. Heineman retournerait aussi à Laval en début de saison. Plus tard en saison, en cas de blessures ou d’échange, les rappels se feraient au mérite, pas selon le statut du joueur. Le message serait clair, il faut faire ses classes, puis forcer la main de la direction et mériter son poste. Les exemples de Harvey-Pinard, Ylonen, Belzile et Barron sont là pour montrer la voie à suivre.

Dans les buts, le club aura une décision importante à prendre dans le cas de Cayden Primeau. Il a joué un bon match contre les Flyers hier, mais ce n’était pas de la forte opposition. La logique semble pointer vers un duo Montembeault-Primeau avec Allen qui serait échangé car Primeau ne pourra plus retourner à Laval sans passer par le ballottage l’automne prochain. Le risque de le perdre sans rien obtenir en retour serait important. Il faut se souvenir que Primeau n’aura que 24 ans la saison prochaine. Ça demeure jeune pour un gardien, en fait, c’est vers cet âge, et même un peu plus vieux, que la plupart des gardiens graduent dans la LNH. Montembeault a gradué pour de bon à 25 ans l’an passé, justement après avoir été perdu au ballottage par la Floride. Il faudra aussi voir si Jakub Dobes veut passer pro. Si Primeau gradue avec le CH, il y aura de la place à Laval. Si Allen est échangé, le club pourrait transiger pour acquérir un autre jeune gardien pour jouer à Laval l’an prochain.

En conclusion on peut dire que l’avenir du club à la défense est assuré. À l’avant il y a plus de points d’interrogation. Que donneront les les Slafkovsky, Roy, Kidney, Farrell, Kapanen et Tuch? Le club frappera-t-il dans le mille au prochain repêchage avec ses deux choix de première ronde? La profondeur en défense devrait permettre d’effectuer d’autres transactions à la Romanov-Dach pour améliorer l’attaque. Il y a aussi la possibilité de transiger pour obtenir un jeune gardien prometteur, mais oubliez une transaction pour Yaroslav Askarov. Nashville ne l’échangera pas. Tu n’échanges pas ce genre de joueur. Donc, à mon avis, avec tous les joueurs déjà dans l’organisation et avec deux choix de première ronde en 2023 et 2024, Montréal a en main les actifs nécessaires pour mener à un club aspirant è la coupe d’ici trois ans. À ce stade-ci la question n’est pas de savoir si le club a assez de talent et d’actifs de valeur, il faut voir si Hughes et Gorton joueront leur cartes de la bonne façon, s’ils feront les bons choix lors des deux prochains repêchages et s’ils feront des transactions avisées en évaluant bien les joueurs qu’ils possèdent déjà et en étant patients. Le club n’est pas prêt à être aspirant la saison prochaine car le groupe n’est pas assez mature et il y a encore des changements à apporter, en particulier, l’échange de vétérans qui ont encore une bonne valeur mais qui ne cadrent pas avec la finalité du plan dans trois ans et au-delà. Il y a aussi la chance à la loterie qui pourrait avoir une forte influence sur l’ensemble. Un choix top-3 cette année rapporterait un attaquant de haut niveau. Il sera intéressant de suivre cette histoire.

Date limite des transactions

On entend un peu tout et son contraire actuellement à propos de la date limite des transactions. La situation est confuse. L’an passé on savait que Toffoli, Chiarot et Kulak partiraient, ils étaient en santé, et les choses se sont déroulées pas mal comme prévu. Il y a eu des rumeurs à propos de la possibilité de voir d’autres vétérans être échangés, mais ce n’était pas vraiment sérieux.

Cette année, la situation est bien différente. Les deux joueurs qui semblaient avoir la meilleure valeur d’échange, Monahan et Edmundson sont blessés, mais seraient assez proches d’un retour au jeu. Certains disent qu’ils ne seront pas échangés à cause de cela, mais un gars bien branché comme Darren Dreger de TSN dit que si Monahan est proche d’un retour au jeu, il pourrait tout de même y avoir de l’intérêt de la part de certaines équipes. On peut imaginer un échange conditionnel où le retour pour le CH dépendrait du nombre de matchs joués par Monahan avec sa nouvelle équipe.

Sinon, un gars comme Stéphane Waite prône l’échange de Jake Allen pour donner une vraie chance à Cayden Primeau d’ici la fin de la saison avec le grand club. Il argue que même si Primeau n’arrivait pas à s’imposer, le CH pourrait trouver un substitut pour Montembeault l’an prochain assez facilement. Aussi, si Primeau était couci-couça avec le CH d’ici la fin de la saison, ça lui permettrait fort probablement de passer le ballottage l’automne prochain et le CH pourrait lui donner une autre saison d’expérience en AHL.

Autrement, je vois deux autres joueurs qui pourraient rapporter un bon retour, soit Anderson et Dvorak. Le CH est en position de force dans ces deux cas car rien ne les oblige à les échanger. Les deux sont sous contrat pour deux autres saisons ou plus. Hughes peut donc attendre l’offre impossible à refuser, un peu comme celle pour Lehkonen l’an passé. Jusqu’à la dernière minute Lehkonen restait avec le CH. Le club détenait encore ses droits RFA pour une autre saison, mais quand l’occasion d’obtenir Barron s’est présentée, Hughes n’a pu résister et a récolté un choix de 2e ronde 2024 en prime. Une offre similaire pour Dvorak le sortirait de Montréal, et si un club offrait un espoir du calibre de Barron et un choix de fin de 1e ronde, Anderson partirait probablement lui aussi.

Cette logique, en théorie, devrait aussi s’appliquer à David Savard, mais je vois mal Hughes le transiger. Bien sûr, chaque joueur a son prix, enfin, presque. Mais dans le cas de Savard, à moins qu’un club ne surpaye de manière très claire, je le vois rester à Montréal. Avec Matheson, il forme une paire de vétérans gaucher/droitier importante pour stabiliser la défensive du club en permettant aux jeunes d’avoir de bons exemples à suivre et de ne pas être trop sous pression.

Une fois toutes ces possibilités épuisées avec les gros morceaux, il ne reste que la garnotte. Celle-ci se compose des Dadonov, Drouin, et peut-être Hoffman, mais pour ce dernier, c’est peu probable car il a une autre année de contrat à faire. Le CH peut-il recevoir des choix tardifs en retour de Dadonov et Drouin? C’est possible, mais loin d’être certain. Les deux jouent mieux depuis quelques temps. Ceci dit, ce ne sont pas des joueurs fiables ou au style de jeu taillé pour les séries. Ce serait des options de profondeur pour un club aspirant. Des joueurs pour remplacer un blessé du top-9 pendant quelques matchs, tout au plus.

Les Canucks ont bien repêché, vraiment?

Pour faire changement j’ai décidé d’écrire un texte sur une autre club que les Canadiens. Ce qui m’a donné l’envie d’écrire ce texte est un article du journaliste de La Presse, Alexandre Pratt, qui traite de ce qu’il appelle la dérive des Canucks de Vancouver. Ce n’est pas l’aspect dérive de la direction qui a piqué ma curiosité, c’est l’affirmation de Pratt voulant que les Canucks avaient bien repêché et ne devraient donc pas se retrouver dans leur marasme actuel. Cela a piqué ma curiosité car sans avoir regardé de près, je n’avais pas l’impression que Vancouver faisait partie des meilleurs clubs au repêchage. J’ai donc vérifié ça de plus près et ça me semble intéressant, surtout dans la situation actuelle du CH. Je sais, je ne peut m’empêcher de ramener ça au club montréalais, mais vous allez voir où je veux en venir.

Premièrement, établissons que de 2007 à 2012, le repêchage des Canucks a été un désert complet. Ils n’ont repêché aucun vrai bon joueur. C’était le temps des jumeaux Sedin et cela menait à des choix tardifs de 1e ronde, à part en 2008, où ils avaient le choix #10 et ont floppé en choisissant Cody Hodgson. Ils n’ont pas non plus frappé un bon joueur hors de la première ronde. Ça fait donc six années de dèche complète, et en 2005 et 2006, ils n’avaient pas cassé la barraque non plus, en récoltant seulement Michael Grabner (#14) en 2006 et Mason Raymond (#51) en 2005. À noter toutefois qu’ils ont eu la malchance de perdre tragiquement le défenseur Luc Bourdon, choisi 10e en 2005, juste devant Anze Kopitar. Donc, en ajoutant ces deux très faibles années, ça donne huit ans avec seulement Garbner et Raymond comme joueurs moyens de calibre LNH. Les deux ont à peine jouer plus de 500 matchs en LNH et Grabner n’en a joué que 20 pour les Canucks. Cette séquence 2005-2012 est pire que la séquence 2008-2015 du CH où le club montréalais a tout de même réussi repêcher Gallagher, Galchenyuk et Lehkonen comme vrais bons joueurs de la LNH.

Le décor d’arrière-plan étant établi, voyons ce que les Canucks ont fait depuis 2013. Cette année-là, ils avaient le choix #9 et ont jeté leur dévolu sur Bo Horvat. Très bon choix, mais rien d’autre, et flop avec Hunter Shinkaruk au rang #24, juste avant Michael McCarron du CH. En 2014, Vancouver a les mains pleines encore une fois avec deux choix de première ronde, mais contrairement à l’année précédente ils ratent leur coup avec Jake Virtanen au rang #6 et ont choisi un bon joueur en Jared McCann au rang #24, juste avant David Pastrnak, mais McCann n’a joué qu’une saison à Vancouver avant d’être échangé. Pour une rare fois ils ne font pas chou blanc après la première ronde en repêchant le gardien Tatcher Demko en deuxième ronde. Celui-ci est leur gardien #1 actuellement. Ils ont aussi frappé dans les rondes tardives en repêchant Gustav Forsling, mais celui-ci n’a jamais joué pour les Canucks étant lui aussi échangé très rapidement. Forsling fait aujourd’hui partie du top-4 en Floride.

En 2015, très bonne année de repêchage en général, Vancouver s’en sort bien en repêchant Brock Boeser au rang #23, mais on reprend la tradition du chou blanc hors de la première ronde. En 2016, repêchage catastrophique, les Canucks ont le 6e choix et trouve le moyen de choisir Olli Juolevi juste devant Matthew Tkachuk, mais aussi devant d’autres défenseurs comme Sergachev, McAvoy et Chycrun, tous trois sortis entre les rangs #9 et #14. Puis, sans surprise, ils n’ont pu compenser leur erreur par un bon choix plus tardif, zéro encore une fois hors de la première ronde. En 2017, ils ont encore un haut choix de repêchage, cette fois il frappe dans le mille avec Elias Pettersson, mais encore une fois ils n’obtiennent rien de bon dans les rondes subséquentes, et ce malgré le fait qu’ils avaient deux choix de deuxième ronde et un choix au début de la troisième ronde et quatre autres choix plus tardifs ensuite. Les Canucks frappent et ratent avec des choix top-10, deux en quatre à ce stade-ci depuis 2013, et chou blanc ou presque par la suite. Arrive 2018 et un autre choix top-10. Au rang #7 ils font un bon choix avec Quinn Hughes, mais absolument rien ensuite. 2018 est la dernière année, à ce stade-ci, où on peut juger avec pas mal de certitude les choix tardifs, et le moins que l’on puisse dire, c’est que de 2005 à 2018, les Canucks ont été tout simplement abominables hors du top-10 où ils ont repêché très peu de bons joueurs, et les rares qu’ils ont obtenus, pour la plupart ils se sont dépêchés de les échanger avant de connaître leur vraie valeur. Le dernier en lice qui devrait y passer est Brock Boeser.

Donc, c’est bien beau de regarder Horvat, Pettersson, Boeser et Hughes et de se dire que les Canucks ont bien repêché, mais c’est oublier Virtanen et Juolevi, et surtout, c’est oublier la médiocrité sans nom de l’équipe lorsqu’elle repêche hors du top-10. Pour ajouter au problème, même s’il est encore tôt pour porter un jugement définitif sur les années à partir de 2019, ça ne semble pas meilleur. En 2019, avec le choix #10, les Canucks ont choisi Vasili Podkolzin, un joueur qui n’a rien montré à date pour justifier son rang de sélection. Cette année-là, Nils Hoglander semble un bon choix, sans plus, en deuxième ronde, mais il n’y aura probablement rien d’autre par la suite car ce sont six choix très tardifs. En 2020, ça risque d’être un chou blanc complet, le club avait son premier choix en troisième ronde. On était déjà en mode achetez maintenant, payez plus tard, avec l’échange pour JT Miller. Même chose en 2021, le premier choix en est un de fin de deuxième ronde. Là aussi les probabilités sont très faibles d’obtenir un joueur de la LNH, même un joueur moyen. Non, Vancouver n’a pas choisi Joshua Roy en cinquième ronde. Ils avaient pourtant deux choix juste avant que le CH ne le prennent. Finalement, en 2022, ils avaient gardé leur choix de première ronde, le #15, et ils ont choisi Jonathan Lekkerimaki qui ne casse rien en SHL cette année.

Donc, comme vous avez pu le voir, Vancouver est loin d’être un club qui a bien repêché. C’est un club qui a été très mauvais après les jours de gloire des frères Sedin, ce qui leur a donné six choix top-10 en sept ans entre 2013 et 2019 et qui frappe seulement pour 50% avec ces six choix, si on assume que Podkolzin ne renversera pas la vapeur. Ajoutez à cela la catastrophe absolue qu’a été leur repêchage hors du top-10 depuis 2005, puis leurs tentatives de raccourcis des dernières années en échangeant des choix de première ronde pour de l’aide immédiate. Il est donc facile de comprendre pourquoi ce club est là où il est actuellement, c’est-à-dire en plein marasme.

La plupart des clubs champions des 25 dernières années ont profité de très haut choix de repêchage pour acquérir des pièces maîtresses pour leur future équipe championne, mais ils ont aussi connu un certain succès dans les rondes suivantes. Bien sûr, le taux de succès baisse rapidement après les 20 premiers rangs, mais un club doit être capable d’y repêcher au moins une couple de très bons joueurs en quelques années. C’est vrai pour Vancouver, mais c’est vrai pour toutes les équipes. Regardez combien les Oilers peinent à émerger comme aspirants légitimes malgré McDavid, Draisatl et RNH. Edmonton est un autre exemple de médiocrité au repêchage hors du top-10, alors que des clubs comme Chicago, avant leurs trois coupes, Boston, Tampa Bay ou plus récemment Caroline, y ont excellé.

Ça nous ramène au CH. Le club a bien repêché dans le top-10, Galchenyuk, Sergachev, Kotkaniemi et Slafkovsky, mais a très mal géré par la suite. Ce qui fait qu’il ne restera bientôt que Slafkovsky comme résultat concret de ces quatre choix, Josh Anderson ultimement obtenu pour Galchenyuk pourrait être échangé pour un bon retour. Le CH pourrait recycler cet actif un peu comme ils ont fait avec Pacioretty qui donne aujourd’hui Suzuki. Sergachev sera une perte sèche car Drouin ne rapportera rien, ou si peu. Kotkaniemi c’est maintenant Dvorak. Ça pourrait éventuellement donner un choix de fin de première ronde. Puis, pour Slafkovsky, il faut espérer. Il ne sera pas un pur flop à mon avis, mais il est difficile de se faire une idée claire de son plafond à l’heure actuelle.

Ce qui pourrait sauver le CH si on compare à l’exemple de Vancouver, c’est son repêchage hors du top-10 qui est bien meilleur pour ce qu’on en sait actuellement, Lehkonen (Barron), Romanov (Dach), Harris, Guhle, Caufield et Ylonen. Puis le pipeline repêché hors du top-10, Primeau, Mailloux, Struble, Hutson, Trudeau, Farrell, Roy, Beck, Mesar, Kidney et Kapanen. Sans oublier Xhekaj mis sous contrat comme joueur junior non repêché. Puis il y a les deux repêchages à venir où le CH a déjà deux choix de première ronde et en ajoutera probablement d’autres. Ils ne réussiront pas tous, certains seront échangés pour cause de redondance, comme Romanov, mais il est clair que le CH ces dernières années a globalement bien repêché, sans être parfait, et que le club a une profondeur dans son pool de jeunes joueurs qui vient d’un bon repêchage hors du top-10. Donc, le CH a ce que Vancouver n’a jamais réussi à obtenir, bien repêcher hors du top-10, et l’histoire montre que c’est très important pour bâtir un club aspirant à la coupe.

https://www.lapresse.ca/sports/chroniques/2023-01-24/canucks-de-vancouver/une-equipe-a-la-derive.php

La fin de la lune de miel

Elle aura duré longtemps pour Martin Saint-Louis, la lune de miel, mais il semble bien qu’elle soit finalement terminée. La réalité a enfin rattrapé l’ancien joueur vedette propulsé entraîneur chef depuis les rangs pee-wee. Je l’avais écrit ici lors du congédiement de Dominique Ducharme, le coach n’était pas le problème majeur du CH. Le problème qui explique le mieux la chute du CH depuis sa présence en finale de la coupe Stanley est la perte de Philippe Danault. On le voit actuellement, il y a un trou béant au poste de deuxième centre. Sean Monahan avait bien tenu le rôle de Danault en début de saison, mais depuis qu’il est à l’écart du jeu, on a vu Suzuki incapable de maintenir son niveau de jeu. Bien sûr l’absence d’un bon deuxième joueur de centre n’explique pas en totalité la chute de rendement de l’équipe, il y a eu d’autres pertes, mais c’est un facteur important et dont on ne parle pas assez. En l’absence de Danault ou Monahan à ce poste, le club n’a connu qu’un mois relativement bon, et c’est l’hiver passé après l’arrivée de Saint-Louis à la barre de l’équipe, qui a alors roulé pour une douzaine de matchs sur l’adrénaline. On avait identifié le coupable, Ducharme, les joueurs étaient ainsi dédouanés, mais après ce mois de regain, le club s’est remis à perdre jusqu’à finir dernier au classement général.

Cet automne on a vu l’arrivée de quatre défenseurs recrues qui ont surpris, et qui continuent de bien faire malgré les circonstances, mais on se rend compte de l’importance que l’arrivée de Monahan eu. Sa présence a redonné un appui nécessaire à Suzuki et son absence ne peut donc que se faire sentir. Je me répète, mais Monahan arrivait à apporter sensiblement ce que Danault apportait, soit un jeu défensif fiable et une production offensive de 50-55 points sur 82 matchs. Aussi, sa présence au centre du deuxième trio avait permis d’envoyer Kirby Dach à l’aile du premier trio. Certains pensaient que Christian Dvorak pourrait remplacer Danault et que sa faible saison l’an passé résultait du fait de s’être retrouvé sur une équipe troublée, mais on voit cette saison que Dvorak est un centre assez ordinaire de troisième trio.

Ce texte n’a pas pour but de rabaisser Martin Saint-Louis, juste de réitérer mon opinion selon laquelle Saint-Louis a été malencontreusement mis sur un piédestal par la faune médiatique depuis son arrivée. J’ai donc l’air de le rabaisser, mais ce n’est pas le cas car il est là où je l’ai toujours vu, c’est-à-dire un ancien joueur vedette avec un certain charisme, et une expérience riche du hockey professionnel, mais un gars qu’on a promu essentiellement à cause de son passé de joueur vedette qui voulait un jour devenir entraîneur chef dans la LNH. Un homme qui certainement connaît très bien le hockey, mais un coach qui apprend sur la job et qui ne peut pas à long terme rendre ce club meilleur que les joueurs qui le composent, et qui ne peut pas non plus faire maturer ses jeunes joueurs à un rythme plus élevé que leur rythme naturel. L’expérience ne s’achète pas, c’est vrai pour Saint-Louis, et c’est vrai pour ses jeunes joueurs.

Le portrait que je brosse semble bien négatif, mais il ne l’est pas. Saint-Louis, malgré son inexpérience comme entraîneur a assez de bagage et de qualités personnelles pour tenir la barre, garder le cap et permettre justement à ses jeunes de ne pas s’enliser totalement. Cette année devait en être une autre difficile et sans Monahan c’est que l’on voit. Ceci dit, Monahan est un joueur fragile de 28 ans qui ne cadre pas dans le futur à moyen terme de cette équipe. Son acquisition a été le meilleur coup de Hughes, un cadeau tombé du ciel par un concours de circonstances où le CH, avec Price qui s’en allait sur la LTIR, était une des seules équipes avec la masse salariale disponible pour conclure un échange avec Calgary. Ceci dit, Monahan devrait bientôt revenir au jeu et Hughes ne devrait pas risquer bien longtemps qu’il se blesse de nouveau avant de l’échanger pour un choix de fin de première ronde et un espoir B, ou un espoir A et un choix de 3e ronde. Vous avez le choix entre une transaction sur le modèle Toffoli ou Lehkonen.

Ce que cette saison démontre jusqu’à maintenant c’est que le CH doit s’améliorer à l’avant. Le club a déjà des espoirs intéressants, Slafkovsky, Roy, Beck, Farrell, Mesar et quelques autres. Ceci dit, il y a clairement un manque pour s’assurer d’une suite positive. Il se peut que Beck deviennent ce fameux deuxième centre et que Roy deviennent un ailier offensif de grande qualité, mais en ce moment le club ne peut pas se fier sur un tel dénouement. L’ajout d’un ou deux autres espoirs offensifs de niveau A viendrait consolider le futur du club. Une autre transaction à la Kirby Dach pourrait aussi être envisagée pour accélérer le processus. Je veux dire par là l’acquisition d’un espoir au lieu d’un choix de repêchage. Ceci dit, les clubs comme Chicago, prêts à brader des jeunes joueurs talentueux, ne courent pas les rues. Hughes doit continuer sa pratique opportuniste, comme pour Dach, Monahan et le premier choix non protégé de Floride. Il reste plusieurs vétérans de bonne valeur à être échangés d’ici le repêchage de 2023, Monahan, Dvorak, Anderson, Matheson et Edmundson, sans compter le bois mort qui partira à la fin de la saison, Drouin, Byron et Dadonov. Parmi les vétérans actuels il pourrait ne rester que Gallagher, Armia et Hoffman parce qu’ils sont tous impossibles à échanger au vu de leur situation contractuelle. Si les échanges de vétérans se concrétisent, Hughes aura la latitude salariale pour acquérir à faible prix d’autres vétérans avec une ou deux années de contrats restantes, histoire de boucher des trous à court terme.

Si on regarde l’alignement potentiel pour l’an prochain, on voit bien que les trous sont à l’avant où il manque aussi de la grosseur. Il n’y aura pas de solution miracle pour l’an prochain qui devrait aussi être une saison difficile pour le club si HuGo restent fidèles à l’idée d’être patients et de reconstruire en évitant les raccourcis. Roy, Kidney et Farrell vont passer pro, reste à voir si un ou deux d’entre eux sera prêt à faire le saut directement avec la CH. Mailloux et Struble devraient donner leurs premiers coups de patin professionnels à Laval. À terme le club pourrait avoir un surplus en défense et pouvoir faire un échange à la Romanov. Beck et Mesar devraient retourner jouer une dernière année junior. Le risque le plus important qui guette le club est la tentation du raccourci avec un gros échange de jeunes actifs contre de l’expérience. Il y a aussi le risque de répéter un échange de type Drouin-Sergachev, soit pour Pierre-Luc Dubois ou Alexis Lafrenière.

Caufield-Suzuki-XXXXX
Slafkovsky-Dach-Hoffman
Armia-XXXXX-Gallagher
Pezzetta-Evans-XXXXX
Ylonen-Richard-Heineman

Guhle-Savard
Xehkaj-Barron
Harris-Kovacevic
Wideman

Allen-Montembeault

L’héritage de Bergevin

J’ai répété ici que depuis 2016, le repêchage du CH s’était nettement amélioré, surtout depuis 2018 et l’adoption d’une stratégie d’accumulation de choix. Tout le monde est d’accord pour dire que Bergevin a erré à plusieurs reprises dans l’octroi de contrats, mais du côté des échanges il a aussi été très bon. Je persiste à croire que son bilan ne justifiait pas un congédiement, même chose pour Trevor Timmins, mais il est clair que l’usure du temps avait fait son œuvre. Bergevin était usé au niveau émotif à cause de la pression du marché de Montréal et ses gaffes contractuelles prenaient le dessus sur ses bons échanges et la qualité du repêchage car les résultats de celui-ci n’étaient pas encore apparents.

Presqu’un an après son départ, on se rend compte de la qualité de son héritage. J’ai souvent vanté la qualité du pipeline du club en défense, et maintenant que certains de ces joueurs ont gradué, cette qualité est confirmée, Harris, Guhle et Xhekaj sont passés directement avec le grand club, sans besoin de jouer dans la ligue américaine. Voilà qui confirme mes vues sur le fameux développement. Ces trois défenseurs n’ont pas été poussés trop rapidement vers la LNH. Harris a gradué à presque 22 ans, Xhekaj à 21 ans et demi et Guhle à 20 ans et demi. Les trois font tellement bien que HuGo devront se demander ce qu’ils feront de Edmundson et/ou Matheson d’ici la date limite des transactions. Xhekaj semble pouvoir jouer à droite, ce qui pourrait permettre d’échanger un seul vétéran. Si Edmundson reste en santé, la demande pour lui devrait être forte car il a le profil parfait pour le jeu des séries. Ça laisserait le CH avec cet alignement en défense:

Guhle-Savard
Matheson-Xhekaj
Harris-Kovacevic
Wideman

Kovacevic est une belle trouvaille du département de dépistage professionnel du CH. Puis il y a Barron qui mature à Laval. En voilà un que Colorado a fait graduer top tôt l’an passé. Barron aurait dû jouer sa dernière année junior, comme Guhle. Barron n’est que deux mois plus vieux que Ghule, mais étant né en 2001, il avait le droit d’aller en AHL l’an passé, alors que Guhle né en janvier 2002 n’avait pas ce droit. Ajoutez à ce portrait Mailloux, Struble et peut-être Lane Hutson dans trois ans. L’avenir en défense semble assuré. Il manque peut-être le fameux défenseur super élite à la Makar ou Hedman, mais la qualité des trois paires pourrait compenser ce manque, puis rien ne dit que le CH n’a pas déjà ce futur #1.

Pour revenir spécifiquement à Bergevin, de l’alignement actuel du CH il laisse Suzuki, Caufield, Dvorak, Anderson, Drouin, Gallagher, Hoffman, Evans, Armia, Pezzetta, Edmundson, Savard, Guhle, Harris, Xhekaj, Wideman, Allen et Montembeault. À cela il faut noter que Dach a été obtenu essentiellement contre Romanov, un bon échange de Hughes, mais rendu possible grâce à la profondeur du pipeline à gauche en défense. Il y a aussi Matheson obtenu pour Petry et Poehling. Donc, de l’alignement actuel du club, il n’y a que Slafkovsky, Monahan, Dadonov et Kovacevic qui sont des acquisitions de Hughes. Ajoutez à cela Barron obtenu contre Lekhonen, Mesar et Heineman obtenus contre Toffoli, le 1er choix de Floride en 2023 contre Chiarot et tout le reste du pipeline du CH repêché sous Bergevin entre 2017 et 2021 (Primeau, Struble. Mailloux, Ylonen, Roy, Farrell, Tuch, Kidney, Kapanen, RHP, etc…)

HuGo ont fait un bon travail par la suite avec de bons échanges et un bon premier repêchage effectué essentiellement avec l’équipe de dépisteurs de Bergevin et Timmins. Bergevin avait fait son temps à Montréal, mais il est faux de dire que ça c’est terminé en catastrophe. Il est clair que la saison passée a été déraillée par l’accumulation de blessures et la fatigue mentale après un très court été et une défaite en finale. Cela a coûté à Ducharme son poste, mais cette année, à tête reposée, avec un influx de bonne jeunesse, on voit que l’organisation n’était pas en mauvaise santé. Des gaffes comme la contrat de Gallagher et la perte pour rien de Danault ont beaucoup nui à Bergevin, mais les observateurs perspicaces savaient qu’une relève de qualité s’amènerait bientôt en renfort. Ceux qui continuent de voir un génie, ou un magicien en Martin Saint-Louis sont déconnectés de la réalité. MSL n’a rien à voir avec la tenue des jeunes défenseurs cette année. Il a juste hérité de bons jeunes joueurs. Comprenez-moi bien, MSL fait un bon travail malgré son inexpérience, mais les jeunes sont bons car ils ont le talent nécessaire et n’ont pas été montés trop vite.

La prochaine étape pour Hugo est de ne pas se laisser aveugler par le succès relatif du club actuellement. Le travail de rajeunissement doit être complété. Le pire scénario serait de tout tenter pour faire les séries cette année et de ne pas échanger les vétérans qui doivent l’être et de finir trop haut au classement pour rien. Le club doit ajouter des choix et des jeunes joueurs et il doit repêcher dans le top-10 en 2023. Le club semble avoir quatre jeunes joueurs top-6 pour l’avenir en Suzuki, Caufield, Dach et Slafkovsky. il en manque deux. un choix top-10 ne serait pas de refus pour combler un de ces postes. Pour le futur 3e trio, il y a beaucoup de candidats déjà dans l’organisation et peut-être un futur top-6. L’organisation possède la fameuse masse critique de talent. Maintenant, il s’agit seulement d’en rajouter une couche en échangeant des vétérans et en acceptant de souffrir une autre année pour obtenir un autre haut choix de repêchage. Le bateau est presqu’arrivé à bon port. il reste juste à garder le cap encore un peu.

Hughes et Gorton auront-ils la vision et la patience?

J’ai moi aussi regardé le match d’hier, parfois d’un seul œil tellement c’était plate. On commence à entendre l’excuse que Slaf ne joue pas avec d’assez bons joueurs pour vraiment se faire valoir. C’est drôle, Mesar et Beck ne jouent pas avec de meilleurs joueurs et paraissent mieux. Malgré cela, je n’ai pas entendu ou lu un seul journaliste ou commentateur connu évoquer l’idée d’envoyer Slaf dans le junior.

Je parlais de Draisatl hier comme joueur élite qui a joué junior à 18 ans. Deux autres me sont venus en tête, deux Québécois, et deux 3e au total, comme Draisatl. Je parle de Huberdeau et Dubois. Huberdeau a même joué la première moitié de la saison 2012/13 dans le junior à 19 ans à cause du lock-out de 2012. Je ne comprends pas pourquoi personne n’évoque cette possibilité pour Slaf. Ça dégonflerait la balloune médiatique, ça sortirait le jeune de Montréal et de l’analyse quotidienne de ses performances.

Il pourrait enfin jouer une saison complète avec des joueurs de son âge dans une bonne ligue (OHL), et le CH pourrait s’assurer qu’il soit échangé pour un bon club et joue avec Mesar sur le même trio. Il est là le meilleur chemin pour laisser ce jeune gagner en maturité et en confiance, tout en s’adaptant au jeu nord-américain et au mode de vie.

Je lisais Mathias Brunet aujourd’hui, et il en est rendu à prôner de garder Slaf à Montréal pour donner un bonbon aux partisans impatients. Si c’est ce qui se passe, ça voudra dire que rien n’aura changé dans l’organisation du CH. Le club n’a pas besoin de Slaf cette année, ni de Beck, Mesar ou Roy. Retournez-moi tous ces jeunes dans le junior et laissez-les maturer. Le club a déjà un surplus de joueurs d’avant sous contrats de la LNH. M. Brunet suggère ces trios sans Slaf:

Caufield-Suzuki-Hoffman
Dadonov-Dvorak-Gallagher
Pitlick-Dach-Anderson
Drouin-Evans-Armia

Monahan, Pezetta, Byron

Après les échanges de la date limite, le club pourra rappeler Harvey-Pinard et Ylonen. Il y a aussi Belzile et Richard qui pourraient venir combler des trous en fin de saison. Le club ne fera pas les séries. Un autre très haut choix en 2023 serait souhaitable. Le but du CH cette saison est de faire progresser ses jeunes tout en perdant honorablement la plupart du temps. Cette saison devrait être la saison des victoires morales pour le grand club, complémentées par une bonne progression du bassin d’espoirs du club.

L’an prochain, Dobes, Dichow, Mailloux, Struble, Trudeau, Slaf, Heineman, Mesar, Beck, Roy, Farrell, Kidney, Smilanic, Tuch, et Biondi vont passer pro, ou pourraient le faire. Le Rocket de Laval sera finalement la pépinière espérée. Tous ne réussiront pas, certains seront échangés, mais on voit qu’il y a de la qualité et de la profondeur. Ce qui reste à prouver pour cette organisation c’est de montrer qu’elle peut avoir la patience requise pour laisser ce groupe d’espoirs maturer. Dans l’alignement d’avants cité précédemment, il n’y a que Suzuki, Caufield et Dach qui représentent le futur du club. Tous les autres sont là pour assurer la transition. C’est la même chose pour Edmundson, Savard et Wideman. Matheson, Ghule, Harris et Barron sont, en théorie, dans le portrait à plus long terme. Dans les buts Primeau et Montembeault pourraient être dans le portrait à plus long terme. Ça dépendra de leurs performances lors de la saison à venir.

Cette revue rapide des ressources en joueurs du CH montre bien que cette année doit en être une où on travaillera sur les bases en vue des saisons à venir. Il n’y a rien qui appelle la promotion rapide de jeunes joueurs. Encaisser une autre année difficile au classement est la chose à faire d’un point de vue de gestion des effectifs. Bien sûr le coach et les joueurs tenteront de gagner tous les matchs, mais il revient à Hughes et Gorton de voir au-delà et de bien gérer le message et les attentes. Cela peut être fait même dans le marché impatient de Montréal. La nouvelle administration bénéficie encore d’un énorme capital de sympathie. Plusieurs journalistes et commentateurs boivent leurs paroles et s’ébaubissent devant chacun des gestes qu’ils posent. HuGo peuvent se permettre de dépenser une partie de ce capital de sympathie pour s’assurer que le club pourra encore une fois repêcher très haut en juin prochain, tout en laissant maturer leur jeunesse.

Continuez la discussion

On m’a réclamé un nouveau sujet car le précédant commençait à être trop long pour être pratique. Je n’ai pas vraiment de sujet qui m’inspire pour écrire un nouveau texte. Alors une première sur ce blogue, seulement quelques lignes pour vous inviter à aborder le sujet hockey qui vous intéresse. Je reviendrai avec plus de substance quand les choses reprendront ou si Hughes nous surprend avec une transaction majeure.

Le retour à la réalité sera difficile

Le repêchage est terminé. Dans le cas des Canadiens les journalistes et commentateurs ont parlé d’audace et cela a été vu de façon très positive. Peut-être est-ce le sage en moi qui parle, mais l’audace est célébrée quand elle mène à des résultats positifs, et ça on ne le sait que plus tard dans le cas du repêchage, en cas inverse, à terme, l’audacieux reçoit le bonnet d’âne. Ceci dit, même si je fais partie de la faible minorité qui n’est pas convaincue de la totalité des derniers gestes du club, je me dois de laisser la chance au coureur car il y a trop de facteurs dont je suis incertain. Slafkovsky et Dach me semblent des points d’interrogations, des paris, mais j’avoue ne pas les connaître suffisamment pour y aller d’une condamnation ferme de ces décisions. Par exemple, j’étais sûr que Bergevin avait cafouillé dans sa gestion des cas Danault et Gallagher. Je connaissais très bien ces joueurs et il n’y avait pas de doutes dans ma tête, Bergevin avait agi dans ces deux cas à l’inverse du bon sens. Dans le cas de Slafkovsky et Dach, il faudra du temps et un suivi des joueurs pour voir comment tout cela va tourner.

Donc, je vais me garder une petite gêne avant de dénoncer les gestes posés. Ceci dit, si c’est moi qui avait pris les décisions, j’aurais clairement choisi Wright et je n’aurais pas fait la transaction pour Dach. Mais, encore une fois, il se peut que ces décisions soient bonnes. Seul l’avenir le dira, et il se peut qu’au final, Slafkovsky et Wright deviennent tous deux de très bons joueurs de valeur à peu près équivalente. Pour le reste du repêchage, je préfère ma liste à celle du CH. Bien sûr, si Lane Hutson gagne deux ou trois pouces il pourrait être un vol de ce repêchage, car le talent est là. Owen Beck m’apparaît comme un choix sans beaucoup de potentiel élite. Basu et Godin dans leur balado disaient que selon leurs contacts, la plafond de Beck était celui d’un joueur de 3e trio, et pas sûr que ce soit au centre. Ça vaut ce que ça vaut, mais pourquoi prendre un tel joueur en tout début de 2e ronde? Filip Mesar est rapide et habile, il semble y avoir un potentiel offensif, mais pour un Slovaque la petite taille en première ronde n’était pas un problème, alors qu’on a passé sur Jordan Dumais en fin de 3e ronde. Il est moins rapide que Mesar, mais son hockey IQ est supérieur et on parle de deux rondes d’écart. C’est difficile à comprendre de la part d’un club du Québec. Vinzenz Rohrer, lui, était sur ma liste, alors je suis heureux de ce choix. Il est très jeune. C’est donc un pari sur 6 à 12 mois de progression supplémentaire par rapport aux joueurs nés dans la première moitié de l’année d’éligibilité. Cédrik Guindon me semble aussi un bon pari en fin de 4e ronde. 59 points en 68 matchs sur un club faible, mais 34 points à ses 30 derniers matchs. Les autres joueurs choisis me laissent froid. Il y aura peut-être une surprise parmi ceux-ci, on ne sait jamais, mais je n’y compte pas. Pour moi il n’y a que six joueurs avec, à divers degrés, une chance de faire carrière en LNH.

De toute façon, ce repêchage sera jugé en très grande partie sur le choix de Slafkovsky. S’il y a eu erreur majeure sur ce choix, le reste ne compensera pas le déficit, même si certains autres choix tournent plutôt bien. Aussi, si cette organisation est sérieuse, elle doit changer ses dépisteurs au Québec et nommer quelqu’un qui pourra être plus influent. Que le dépisteur suédois du club, qui n’a accumulé que des flops en Vejdemo, Olofsson et Norlinder ait toujours préséance sur les dépisteurs québécois n’a aucun sens. J’aurai la non sélection de Jordan Dumais sur le cœur longtemps car j’ai la conviction que ce jeune va réussir.

J’ai lu et écouté pas mal de commentaires cette semaine autour du repêchage, et il y a plusieurs choses qui me font tiquer. Je dirais que la plus importante est le mythe du « développement ». J’utilise les guillemets car pour moi, cette idée de développement est le plus grand fantasme qui existe dans le monde du hockey. L’idée qu’un club aurait des coachs avec une baguette magique pour tourner des joueurs déficients en joueurs d’impact de la LNH est ridicule. L’idée qu’un club est capable de faire ça et qu’un autre ne le pourrait pas, dans la LNH moderne, avec toutes les ressources qui existent est une vue de l’esprit. Ça n’existe pas dans la réalité.

Tous les clubs offrent un coaching et un encadrement professionnel similaires à ses joueurs. Certains clubs sont certainement un peu meilleurs que d’autres pour une période donnée, mais la différence au final n’est pas significative. Ce n’est pas cela qui fait la différence entre le succès et l’échec d’un joueur. 90% du résultat final dépend du joueur lui-même, de son talent de base, de sa marge de progression inachevée au moment de son repêchage, de sa volonté de réussir, de son engagement et de sa discipline comme athlète. 90% du résultat est dans le joueur au moment de son repêchage, et le 10% restant dépend du coaching et de l’encadrement, mais il n’y a pas de club où cet aspect sera totalement nul.

Donc, cette histoire de développement se joue à la marge, sur le 10% que je dis être extérieur au joueur lui-même. Ça laisse peu de d’espace de manœuvre aux coachs d’un club pour faire une différence. On voit que la possibilité de différence de « développement » par une équipe par rapport à une autre est au mieux marginale. Je donne des pourcentages empiriques, mais pour moi c’est proche de la réalité. Les meilleurs joueurs ne jouent pas ou jouent très peu en AHL. Après leur repêchage, la très grande majorité retournent jouer pour une équipe de calibre inférieur où les coachs ne sont pas ceux de l’équipe de la LNH. Prenez, par exemple, Jordan Harris. Il s’est écoulé quatre années depuis par son repêchage par le CH. Il n’a participé à aucun camp d’entraînement de l’équipe et n’a été coaché que par le personnel de son université. Joshua Roy qui a explosé la saison passée après avoir été repêché par le CH. Allez-vous me dire que c’est le système de « développement » du club qui est la cause de ce retournement spectaculaire de situation? Bien sûr que non, ça vient du joueur en très grande partie et un peu de son encadrement au niveau junior.

Six joueurs repêchés sur onze en 2018 par le club montréalais n’ont pas signé de contrat avec le club, et ce, sans avoir été « développés » par les coachs de l’organisation. Le club a simplement fait le constat que ces jeunes n’avaient pas ce qu’il fallait pour espérer percer un jour dans la LNH. L’idée de tenter de les « développer » était inapplicable. Le talent était simplement insuffisant. Je me répète, cette histoire de « développement » est un fantasme de dépisteurs frustrés qui veulent reporter sur des coachs leurs erreurs de repêchage. Si Slafkovsky n’a pas ce que les bonzes du CH ont vu en lui, ce n’est pas Martin Saint-Louis qui va le sauver, comme Saint-Louis n’a pas sauvé Caufield et Suzuki la saison dernière.

C’est croire que des joueurs de ce calibre sont de petites choses bien fragiles que de penser qu’un coach va faire la différence. Caufield, Saint-Louis ou pas, aurait fini par retrouver le fond du filet. Le jeune était juste pris dans un club en plein marasme qui jouait pour avoir la tête du coach. À mon avis, la crème finit le plus souvent par remonter à la surface, et si elle ne le fait pas, c’est qu’il y avait une faille ailleurs chez l’individu. Une faille qui n’a rien à voir avec son talent de joueur de hockey et sa volonté de réussir. Le seul aspect où je pense qu’une équipe peut avoir un impact négatif sur un joueur, c’est si elle le fait graduer trop vite, et ça n’a rien à voir avec un système de développement, ça dépend de la politique de gestion hockey d’une équipe. Un DG devrait toujours pencher du côté de la prudence avec un jeune joueur. Le faire graduer une année trop tard plutôt qu’une année trop tôt. C’est simple.

Bien sûr, un autre aspect qui peut ralentir la progression vers la LNH d’un jeune joueur est la question de son utilisation par l’équipe et des vraies opportunités qui lui sont données, mais encore là, ce n’est pas une question de « développement » supérieur ou inférieur. Parfois c’est simplement circonstanciel, dépendant de la situation du club, mais généralement, ces joueurs qui sont retardés pour ce genre de raisons vont finir par avoir leur chance pour l’équipe qui les a repêchés, ou pour une autre. Si Kirby Dach réussit à Montréal, il tombera dans ce cas de figure, soit celui d’un joueur talentueux qui avait juste besoin de plus de temps pour s’établir et atteindre son plein potentiel. Les circonstances comptent au hockey comme dans la vie en général, mais les vrais finissent par trouver la bonne occasion et ne la manquent pas.

Tout ça pour dire, que ce qui compte vraiment, c’est le repêchage et que c’est un art qui implique en lui-même un fort taux d’échec. Les journalistes auront beau nous bassiner avec leurs histoires de « développement », pour moi c’est n’importe quoi. Le succès ou l’échec est déjà inscrit dans chacun de ces joueurs en assumant que chacun aura droit à l’encadrement nécessaire de la part des équipes qui les ont repêchés. La plupart ne signeront jamais de contrat avec ces équipes. Dans les deux à quatre prochaines années, il n’auront pas démontrer mériter un contrat de la LNH. C’est ainsi. Ça se joue au repêchage.

Pour revenir à la réalité des Canadiens, ne vous attendez pas à ce que Slafkovsky ait un grand impact à Montréal cette année. Si j’étais DG, je lui trouverais un club junior en OHL. Slafkovsky a été repêché par les Otters d’Érié, un des pires clubs de la OHL l’an passé. Je demanderais donc à Érié de l’échanger à une équipe aspirante, et il y jouerait une saison entière en espérant le voir dominer offensivement. Ce jeune a besoin de jouer dans une ligue où il pourra accumuler beaucoup de points. Le problème, c’est que ça n’arrivera pas. HuGo ne seront jamais assez audacieux pour poser ce geste. Le CH va encore avoir une mauvaise équipe cette année, Slafkovsky n’a rien à gagner à jouer à Montréal la saison prochaine. Je lui ferais jouer le plus de matchs pré-saison possibles, je lui donnerais peut-être quelques matchs réguliers si il en avait assez montré au camp, puis je l’enverrais dans le junior. Le même plan que je prônais pour Wright. J’essaierais que Slafkovsky et Mesar se retrouvent tous les deux sur la même équipe en OHL. Les droits de Mesar appartiennent aux Rangers de Kitchener.

J’y irais de cette façon car encore une fois la prochaine saison sera difficile à Montréal et je pense que la direction devrait être très claire sur ce point dès le départ et l’envoi de Slafkovsky dans les rangs junior marquerait un grand coup. Ce serait une façon sans équivoque de bien faire comprendre que les Canadiens ne sont pas là pour le court terme. Le club n’agit pas à la façon des Hawks de Chicago, il n’est pas question de stratégie de la terre brûlée, mais la saison prochaine ne sera pas facile et le succès de cette saison ne se comptera pas en nombre de victoires. Ce qui compte sera de donner de l’expérience aux jeunes joueurs tout en maintenant une culture d’équipe basée sur une éthique de travail irréprochable.

Aussi, Martin Saint-Louis aurait intérêt à remettre les pendules à l’heure et à faire comprendre à certains journalistes énervés qu’il n’est pas un alchimiste, qu’il ne transforme pas le plomb en or. Je persiste à croire que la plus grande force de Saint-Louis, c’est sa personnalité. Il semble un très bon communicateur, et aussi un bon motivateur, mais je reste à être convaincu de ses talents de coach et de sa maîtrise d’une façon de jouer pour son club. Tout cela semblait très flou lors de son dernier point de presse l’an dernier, et pour ajouter à cela, il a perdu Luke Richardson. Je vois un danger au niveau du coaching la saison prochaine. Comme je l’ai souvent mentionné, l’an prochain, Saint-Louis sera l’homme en charge dès le départ. Si ça dérape, ce sera lui le pilote, le responsable et il sera pointé du doigt et on lui posera des questions différentes de celles de l’an passé où il agissait plus comme un préposé au nettoyage après sinistre. L’audace va faire connaissance avec la réalité du marché montréalais la saison prochaine, et le réservoir d’indulgences qui était à ras bord depuis l’arrivée de la nouvelle direction va aller en diminuant et les tensions avec les médias et les impatients en augmentant. La lune de miel semble se poursuivre, mais en réalité, elle est terminée. La vraie histoire commence pour HuGo, Saint-Louis et compagnie. Plus ça ira, plus ils auront de compte à rendre.