La fin de la lune de miel, enfin!

J’ai toujours été à contre-courant de l’enthousiasme qui a baigné l’arrivée de Martin Saint-Louis comme entraîneur chef du CH et qui a persisté depuis. Je n’ai jamais rien eu contre lui, mais rien pour non plus. J’ai toujours pensé qu’il avait brûlé les étapes pour accéder à ce poste, et ce, principalement à cause de son statut d’ancien joueur vedette. Oui, il s’est toujours intéressé comme joueur à l’aspect collectif du jeu. Il avait peut-être de la graine de coach en lui, n’empêche que si chaque joueur qui a connu une bonne carrière dans la LNH pouvait bondir d’un seul saut du niveau pee-wee au plus haut niveau, il y aurait beaucoup de candidats sur les rangs pour un des 32 deux sièges de la chaise musicale permanente des entraîneurs en chef dans la LNH.

Ajoutez à cela la nouvelle génération de joueurs et le fait que MSL est maintenant le sixième entraîneur chef avec le plus d’ancienneté avec son équipe actuelle, on peut déjà penser que le fameux message ne passe plus très bien, surtout pour une équipe qui ne fait que perdre depuis l’arrivée en poste de Saint-Louis. Bien sûr, l’alignement montre des carences, mais on a pendu Dominique Ducharme au premier arbre car il perdait avec un alignement encore plus déficient. J’ai toujours pensé que l’engouement de plusieurs pour Saint-Louis était dû à la perception plus qu’à la réalité. Les médias étaient heureux d’avoir un gros nom comme coach, et un gars plus charismatique que le fade Ducharme qui portait à l’évidence bien mal son nom.

Aussi, je pense que Hughes et Gorton ont bien mal jugé la situation du club et les fameuses blessures sont encore venues les rattraper. L’incapacité de certains joueurs à se protéger sur la glace continue de défier l’entendement. Je regrette, mais cet aspect aurait dû être prioritaire pour MSL. Quelqu’un peut m’expliquer pourquoi Kaiden Guhle continue de vouloir pratiquer un style de jeu très robuste alors qu’il est clairement un joueur fragile victime de plusieurs commotions cérébrales dans le passé? Comment Barron a pu s’exposer ainsi mardi soir sans reconnaître qu’il tentait d’entrer du côté du joueur le plus salaud de la ligue? MSL et Robidas ont-ils averti leurs joueurs de faire attention à Trouba? Ça défie l’entendement.

Aussi, le club continue d’avoir un problème de taille. Caufield malgré tout son talent de buteur n’est pas une option viable sur un premier trio quand le coach utilise celui-ci contre le meilleur trio adverse. Le reste de son jeu est trop affecté par sa taille minuscule. Même chose en défense, quelqu’un peut m’expliquer le délire qui mène MSL à faire jouer 24 minutes par match à Lane Hutson? Deux matchs de -4 à ses quatre derniers et aucun point à ses cinq derniers. Je ne blâme pas le jeune, il n’a que 20 ans, très peu d’expérience de la LNH et comme prévu les clubs s’ajustent à son ballet en possession de la rondelle. Comme Caufield, il a un talent particulier et évident, mais comme l’ailier, il est trop petit pour devenir un défenseur top-4 fiable et complet. Lors des matchs de saison régulière où le club adverse ne sera pas agressif en échec avant, il va briller. Le problème c’est qu’en séries ces matchs-là sont très rares. Le problème c’est que MSL semble réagir comme un partisan avec Hutson. Il se laisse aveugler par le côté éclatant de son jeu, sans voir l’autre côté de la médaille.

Ceci dit, la réalité est que les Canadiens demeurent un club limité et immature. Un club qui de manière surprenante manque d’énergie et d’entrain. Perdre est une chose, mais perdre sans donner l’effort maximal est plus inquiétant. Puis il y a ce bois mort, les Gallagher, Anderson et Dvorak qui demeurent un barrage à une réelle progression. Impossible pour ceux-ci de vraiment jouer les mentors quand il sont aussi inefficaces sur la glace. Quand Jake Evans est le joueur le plus constant et efficace de ton équipe, il y a des questions à se poser.

Il faut espérer que Saint-Louis saura redresser la situation et que du leadership émergera de ce groupe de jeunes joueurs. Pour le moment on sent un groupe de joueurs désengagés qui se disent qu’ils vont vivre une autre saison de misère. Le poste de Saint-Louis n’est pas en danger cette saison. La direction saura faire patienter les partisans une autre année, puis Hughes a tellement vanté MSL, que de le congédier viendrait jeter un doute sérieux sur toute l’opération de reconstruction. Les médias ont aussi tellement encensé l’ancienne vedette de Tampa Bay, qu’avant de se retourner contre lui le cas devra s’aggraver et persister. Ceci dit, la période de grâce est terminée, MSL sera plus sujet aux critiques, et à des critiques plus acerbes, et de ce qu’on a vu à date, il les encaisse plutôt mal. Soit le club se replace et on oubliera tout cela. Sinon, l’hiver sera plus pénible que lors des trois dernières années.

Repêchage 2024: La chance de tenter un grand coup?

Le repêchage 2024 se résume à Celibrini, puis aux préférences ou besoins de chaque équipe qui parleront par la suite. On pourrait presque prendre les 15 noms suivants, les mettre dans une boîte et piger au hasard. Je ne suis pas certain que cette méthode ne serait pas aussi efficace que ce que le repêchage donnera comme résultat final dans dix ans, avec ses bons coups et ses erreurs inévitables.

Ceci dit, 2024, pour moi, a des airs de 2015, soit une année de profondeur où des joueurs choisis vers le 20e rang pourrait faire mieux que des joueurs choisis top-10. Tellement que je me demande si l’option de reculer, pour une fois, ne serait pas une bonne idée, mais pour moi, cette option pour Montréal devrait obligatoirement se doubler de l’acquisition d’un 2e choix top-15. 2024 me semble une année formidable pour se retrouver avec deux choix entre le 7e et le 15e rang. Deux très bons espoirs seront disponibles dans cette section du repêchage.

Si on se fie à la liste de Bob McKenzie, qui n’est pas un repêchage simulé, mais un sondage sur la valeur présumée des espoirs, le CH obtiendrait Cayden Lindstrom au 5e rang s’il restait là où il est. Ceci dit, on peut imaginer un échange avec Calgary qui voudrait s’assurer de repêcher Tij Iginla. Dans ce cas Montréal reculerait 9e, puis ajouter un échange avec un autre club pour un autre choix entre le 7e et le 15e rang, Montréal pourrait repêcher deux joueurs parmi Buium, Parehk, Helenius, Iginla (ou Lindstrom si Calgary prenait Iginla), Sennecke, Catton, Yakemchuk, Eiserman ou Connelly.

Bien sûr, Montréal n’aurait pas nécessairement à reculer pour concrétiser un tel scénario. Il pourrait rester au 5e rang et acquérir un choix supplémentaire. Mon point est que de reculer pourrait être avantageux car Montréal pourrait récupérer de la valeur sans perdre en qualité du joueur repêché. Par exemple, Calgary pour avancer du 9e au 5e rang pourrait donner le 28e choix 2024 obtenu de Vancouver. Le CH pourrait ensuite prendre les choix #26 + #28, plus un de ses jeunes défenseurs pour monter vers le 15e rang. Montréal sortirait du repêchage 2024 avec trois choix top-15 ou top-20. Le genre de repêchage qui peut changer l’avenir d’une franchise si le club repêche bien. Souvenez-vous de Boston en 2015 qui aurait pu repêcher Barzal, Chabot et Connor en milieu de 1e ronde. Les Bruins auraient gagné une ou deux coupes Stanley s’ils avaient mieux repêché cette année-là.

Probablement que Hughes et Gorton vont jouer fessier et se contenter de repêcher au 5e rang et peut-être tenter un autre échange à la Dach ou Newhook. Ceci dit, je préférerais qu’ils jouent d’audace et suivent un scénario semblable à celui que j’évoque ci-haut. Ce repêchage me semble vraiment être l’occasion de jouer d’audace et de compétence. Si le département de recrutement amateur des Canadiens est véritablement une force, ce serait le temps de le prouver.

Résister à la pression

Mes deux derniers textes principaux traitaient de la déprime ambiante dans laquelle s’est déroulée la deuxième moitié de saison des Canadiens. Le club était hors des séries une autre fois et l’usure qu’entraîne un processus de reconstruction se faisait sentir. On préférait ergoter sur le ménage à trois que de se réjouir de l’émergence spectaculaire de Juraj Slafkofsky. Ce qui était pourtant, et de loin, la meilleure nouvelle pour l’organisation montréalaise depuis des lunes.

Maintenant que la saison du club est loin derrière et que le repêchage approche, avec toutes les discussions de transactions qui s’y passent, la déprime s’est transformée en pression sur la direction du club. Journalistes et commentateurs de tout poils y vont de leurs suggestions de transactions, et s’ils sont flexibles sur les modalités, ils sont intransigeants sur le constat qui selon eux exige que la direction ajoute de manière significative à l’avant. Certains seraient même prêts à échanger le 5e choix au total pour prendre un raccourci vers la respectabilité, tout en sacrifiant, encore une fois, les chances de construire un club vraiment aspirant à la coupe.

Ce qui est désolant dans tout ça est de voir que plusieurs pensent que le club montréalais serait à un Trevor Zegras ou deux de devenir un réel aspirant. Ça n’a aucun sens. Ce club a besoin d’abord et avant tout d’une chose, soit de laisser ses jeunes joueurs maturer en leur donnant la chance de jouer. En défense on sait déjà que l’équipe a le talent nécessaire pour, à terme, être très solide. La clé sera d’identifier ceux qu’on voudra garder et ceux qu’on sacrifiera, mais avant tout échange il faut utiliser tout le temps nécessaire pour bien les évaluer. Cela aura le double avantage pour le club de garder les meilleurs et les mieux adaptés, mais aussi d’augmenter la valeur de ceux qui seront échangés. Je pense que Jordan Harris vaudra plus à l’été 2025 que cet été, même chose pour Hutson, Mailloux, Xhekaj, Struble ou Barron. Puis si jamais on décidait à la place d’échanger un Matheson ou un Guhle, il serait bien d’avoir une meilleure lecture du potentiel des plus jeunes. Harris et Barron ne seront pas éligibles au ballottage la saison prochaine, alors soit le club les fait jouer à Montréal ou les échange cet été. Je pense que le mieux est de les garder et de les faire jouer, et de retourner au besoin à Laval des gars comme Hutson, Mailloux, Struble et Xhekaj. Certains ne seront pas contents d’être rétrogradés, mais ainsi fonctionne le système de la LNH.

À l’avant, la direction doit penser plusieurs années à l’avance. Le club a déjà un premier trio. Celui-ci n’est pas immuable, mais les chances sont bonnes pour que le trio Caufield-Suzuki-Slafkovsky soit de retour intact en début de saison prochaine. Ensuite il y aurait la possibilité de Newhook-Dach-Roy comme deuxième unité, et Montréal a de bonnes chances de repêcher un avant avec le 5e choix au total. Selon moi, Roy demeure sous-évalué et certains lèvent encore le nez sur ce jeune à cause du fait que c’est un choix de fin de 5e ronde. Je persiste à penser que c’est un futur ailier top-6, et pour y arriver, il doit jouer dans ce rôle alors que le club ne vise pas encore la coupe. N’empêche, le club a Newhook-Dach-Roy, et viendrait peut-être s’ajouter un Iginla ou Lindstrom. À terme ça veut dire une place sur le top-6. Déjà là, il y aurait un surplus. Bien sûr, certains de ces joueurs pourraient à terme se retrouver sur un 3e trio sur un réel aspirant, mais quelle serait l’utilité l’an prochain d’amener un gars qui prendrait du temps de glace de qualité à Roy ou Newhook? Le but la saison prochaine est de progresser, tant au niveau collectif qu’individuel, tout en tentant d’éviter les blessures.

Je l’ai déjà écrit ici plusieurs fois, le but de la direction devrait être de signer comme agent libre un ailier vétéran pour un an ou deux, quitte à le surpayer. Un gars de calibre 2e/3e trio qui apporterait de la profondeur en cas que les blessures continuent et qui ne rechignerait pas s’il se retrouvait sur le 3e trio. Une espèce de meilleure version de Tanner Pearson l’an dernier. L’autre possibilité est une signature à la Tyler Toffoli par Bergevin il y a quelques années. Son contrat était tellement favorable qu’il a été facile à échanger le moment venu.

Les deux derniers trios du club, pour le moment ressembleraient à ceci:

Harvey-Pinard-Evans-Armia
Anderson-Dvorak-Gallagher

On voit que le club est prisonnier des contrats de Gallagher et Anderson. Le cas Dvorak est aussi problématique, mais il faudra le faire jouer et espérer un sursaut de sa part qui augmenterait sa valeur à la date limite des échanges. Le trio Harvey-Pinard-Evans-Armia serait un excellent 4e trio, mais je ne vois pas de problème pour la saison prochaine comme troisième unité. Encore une fois, le club n’aspirera pas à la coupe l’an prochain.

La relève à l’avant pour les deux derniers trios est assez mince, Beck et Kapanen rivaliseront pour remplacer Dvorak, et à terme, peut-être aussi Evans. Sinon il y a Tuch, Rohrer et Mesar, même si Mesar n’a pas tellement le profil pour un tel rôle. Il y a peut-être aussi Florian Xhekaj qui pourrait devenir une sorte de Pezzetta en peut-être un peu meilleur. Ceci dit, des joueurs de bas d’alignement, c’est assez facile d’en trouver.

Je pense que le questionnement à l’avant pour la direction sera plus de se demander ce qu’elle veut vraiment à terme, le jour où on pensera être prêts à rivaliser avec les meilleurs. Par exemple, si j’étais Hughes et Gorton, je m’interrogerais sur le cas Caufield. Je me demanderais si un tel joueur cadre avec le profil d’un club aspirant, et ma réflexion intégrerait sa valeur d’échange. Si Romanov a rapporté un 13e choix au total, combien rapporterait Caufield? Ottawa avait donné des choix de 1e, 2e et 3e ronde pour De Brincat avec seulement un an de contrat à faire. L’an prochain les Canadiens auront leur choix de premier tour, celui de Calgary ou Floride, son choix de 2e ronde et celui de Pittsburgh. Ajoutez à cela la valeur évoquée de Caufield et le club sera en position pour modeler son top-6 du futur vraiment à son goût, surtout si Roy émergeait vraiment la saison prochaine comme solide ailier de 2e trio, et Iginla ou Lindstrom dominait la WHL à 18 ans. Pour moi l’été où la véritable action pourrait avoir lieu n’est pas cette année, mais l’an prochain. En plus, à l’été 2025, le club sera forcé d’échanger deux défenseurs, cela s’ajoutera à ce que la direction pourra utiliser pour vraiment modeler son alignement à son goût. Avec tous ces actifs, le club sera en position pour ajouter un autre très bon attaquant, soit en s’avançant dans le top-5, ou en faisant l’acquisition d’un joueur de moins de 25 ans de fort calibre.

Il y a eu la déprime et là il y a de la pression, mais la direction du club ne doit pas céder. Si le club progresse au classement la saison prochaine et que des jeunes impressionnent, la pression tombera et la déprime fera place à l’optimisme. L’organisation montréalaise doit seulement passer de l’autre côté de la montagne. Ça ne signifiera pas la fin de la reconstruction, mais les dernières étapes seront plus faciles à encaisser. La base est bonne, l’organisation a de la profondeur, et elle a de nombreux choix et joueurs qui devront finir par être échangés. Après la phase d’accumulation, Hughes et Gorton entre dans la phase du triage et modelage menant à l’équipe finale qu’ils souhaitent avoir. Il reste encore beaucoup d’évaluation à faire et des décisions très importantes à prendre, mais je pense que cela pourra se faire avec une meilleure équipe sur la glace.

La déprime se poursuit

Il se dit et s’écrit beaucoup de choses actuellement sur la reconstruction du CH et ça revient pas mal au titre de mon précédent texte principal: La Déprime. Les partisans et les médias sont tannés d’attendre et veulent sauter des étapes. D’autres sont tout simplement déconnectés de la réalité. Je lisais ce matin un blogueur écrire qu’il manquait au CH deux à trois attaquants de grande qualité avant d’aspirer aux grands honneurs. Un club ne peut pas ajouter deux à trois attaquants de grande qualité, comme ça, du jour au lendemain. C’est impossible pour des raisons de marché, et impossible pour des raisons de plafond salarial. Il faut être déconnecté pour vrai pour penser qu’ajouter deux ou trois très bons joueurs à maturité est possible.

Pour moi, actuellement, le CH a Slafkovsky, Suzuki, Caufield, Dach et Newhook comme attaquants top-9 confirmés et dans l’intervalle d’âge voulu. Armia actuellement joue comme un top-9 et Roy n’a pas assez joué pour dire à 100% qu’il est une valeur sûre. Ceci dit, la probabilité est forte qu’il le soit. Jake Evans est aussi un 3e centre plus que correct. Le reste, n’est pas dans le portrait du futur top-9. Harvey-Pinard est une déception cette année et je le sors de l’équation.

Donc, si on exclut Armia et Evans pour le long terme, il y a quatre postes à combler sur le top-9 du club pour les saisons à venir. Comme mentionné, Roy est un fort candidat. Personnellement je crois qu’il va s’imposer. Il resterait donc trois places disponibles. Owen Beck est clairement le candidat comme futur centre du 3e trio et il pourrait être plus que ça avec de la maturité. Actuellement, Beck connaît une fin de parcours junior semblable à celle de Suzuki. Allez voir les stats des deux joueurs, c’est presque du copier-coller. Si j’ai aussi raison à propos de Beck, ça laisse deux postes sur le top-9 d’ici deux ou trois ans. Le CH a de bonnes chances de repêcher un attaquant dans l’intervalle de rangs (5-8), un Tij Iginla, par exemple. Si le choix est le bon, ça comblerait un des deux postes restants.

Après cela, pour le dernier poste, il y a Oliver Kapanen qui connaît d’excellentes séries en Finlande avec 14 points en 10 matchs. Il a doublé ses points par match entre la saison régulière (0.67) et les séries (1.4). À noter que Kapanen n’a que 20 ans. C’est un autre de ces choix avec un jeune âge relatif, étant né un 29 juillet. Un autre candidat, un peu mal-aimé, à cause de sa petite taille et de sa production décevante en OHL est Filip Mesar. Ceci dit, à date il produit en séries avec 12 points en 7 matchs. Il y a aussi Luke Tuch qui vient de terminer son stage universitaire hier. Il pourrait être un genre de Struble à l’avant, en ce sens que son style de jeu pourrait bien se transférer chez les pros et comme Struble lors de son arrivée à Laval l’an passé, c’est un joueur mature physiquement. Je ne vois pas de potentiel top-6 pour lui, mais pour apporter une présence physique sur le 3e trio, c’est une possibilité.

Ça fait donc trois candidats pour le dernier poste. Des surprises sont toujours possibles, et en plus de cela Montréal a deux choix de 1e ronde échangeables pour un autre échange à la Dach/Newhook, soit le choix de Winnipeg cette année et celui de Calgary l’an prochain, et ce, en gardant ses propres choix de 1e ronde cette année et l’an prochain. Le CH a aussi de nombreux choix de 2e et 3e rondes cette année et l’an prochain. Je ne dis pas de les échanger aveuglément, mais si la bonne occasion se présente, ils sont là.

Puis il y a tous ces défenseurs, à terme, certains seront échangés. Hughes a donc les munition pour compléter ce top-9, il faudra juste de la patience pour que tous les plus jeunes maturent assez, puis en cours de route d’autres échanges sont possibles. Si Caufield marque 40 buts l’an prochain et qu’un club est prêt à donner beaucoup pour lui, il ne serait pas intouchable. Tout ça pour dire que le CH ne manque pas d’actifs pour développer ce top-9, tant à l’interne que par voie d’échange. À part Slafkovsky et probablement Suzuki, il n’y a pas d’intouchables et bien sûr le CH doit garder l’œil ouvert pour dénicher des joueurs des autres équipes au bord de l’éclosion.

La déprime

Le moins qu’on puisse dire c’est que les Canadiens sont actuellement dans le creux de leur processus de reconstruction, si on s’en tient au moral des partisans. Selon moi, la reconstruction va bien, et il y a plusieurs signes encourageants, mais à cause du contexte d’une autre saison déraillée par les blessures, le partisan moyen est tanné de regarder son club piétiner dans les bas-fonds de la ligue.

Pourtant, à mon avis, l’organisation a fait des progrès importants cette saison, mais ils sont masqués par les blessures qui ont fait monter le nombre de défaites. Le point positif le plus important est l’émergence très notable de Juraj Slafkovsky. Le jeune a survécu à une promotion trop hâtive dans la LNH, et depuis 29 matchs il est en pleine éclosion, une éclosion surprenante tellement elle est rapide. Slafkovsky a accumulé 23 points à ses 29 derniers matchs et il semble loin d’avoir atteint son plein potentiel tout juste avant de conclure sa 20e année sur cette planète. Il y a encore beaucoup de déchets dans son jeu, de manque de constance, mais depuis 29 matchs il arrive à faire fi de cela pour quand même obtenir de très bons résultats en terme statistique.

Il semble pleinement justifier son statut de premier choix au total en 2022, et une grande partie du mérite lui revient. J’ai tendance à toujours donner le gros du mérite au joueur, qu’il devienne un joueur étoile, ou bien du blâme s’il se révèle un flop. Malgré les nombreux doutes que j’ai exprimés ici sur Slaf, et surtout sur sa promotion trop rapide, je suis heureux de voir qu’il semble se diriger vers de grands accomplissements. C’était primordial pour le succès de cette reconstruction, et même si j’ai souvent douté sur sa promotion et même sur son potentiel ultime, une partie du mérite revient aussi à Hugues, Gorton, Lapointe, Bobrov et aux dépisteurs qui les conseillent. Il faut reconnaître le bon travail, surtout en ce qui concerne une décision si importante. Slaf n’a pas eu à forcer la main de la direction pour être promu avec le grand club, au contraire, il a eu droit à un traitement de faveur, mais le crédit lui revient de ne pas s’être comporté en parvenu. Le jeune a travaillé, il semble un jeune joueur passionné, et encore une fois, le gros du crédit lui revient. Ceci dit, il devra bien sûr confirmer cette émergence spontanée dans la durée.

Autrement, l’organisation a aussi ajouté un défenseur top-4 cette saison en Jayden Struble. Celui-ci n’accumulera jamais de stats offensive faramineuses mais c’est le genre de joueur qu’un club aspirant à la coupe doit posséder. Struble vient compléter le côté gauche de la défense montréalaise qui comptait déjà Matheson et Guhle. Si un des trois doit partir d’ici l’été 2025, ce ne sera pas Struble, et ce pour toutes sortes de raisons, dont ses qualités supérieures en défensive et ce qu’il coûtera sur la masse salariale à long terme. Matheson et Guhle, eux, montrent des profils de joueurs plus similaires et si un autre jeune s’impose, à terme, selon moi ce sera un de ces deux joueurs qui sera sacrifié pour aller chercher du renfort à l’attaque.

Bien sûr, le problème le plus important demeure à l’avant, mais l’absence de Dach a tellement changé la donne cette saison, sans compter Newhook et Harvey-Pinard qui ont aussi manqué beaucoup de matchs. La fragilité des joueurs demeure un problème. Ceci dit, si on veut voir les choses avec optimisme, il faut se raccrocher à l’idée que le club a la capital d’actifs nécessaire pour améliorer l’attaque assez rapidement. Hughes devra être à la manœuvre pour que cela se concrétise et il devra éviter de surpayer, mais il aura un autre choix top-5, ainsi que de nombreux autres très bons choix au cours des deux prochains repêchages, tout cela sans compter un pipeline avec de la profondeur.

Hughes a de quoi travailler en évitant un geste inconsidéré. Il doit éviter le piège dans lequel sont tombés les Sénateurs et les Sabres en tentant d’accélérer leur processus de reconstruction. Hughes aura aussi l’espace salarial pour ajouter un ou deux agents libres surpayés sur des contrats d’une année ou deux. Le genre de vétérans qui viendraient donner du temps et de la profondeur pour la saison prochaine, et peut-être la suivante. Cela permettrait de laisser maturer des jeunes à Laval, ça apporterait de l’expérience, et selon les circonstances ces joueurs pourraient être échangés la date limite. Quand je dis des agents libres surpayés, c’est dans l’optique de les avoir sur un contrat d’un an ou deux au maximum. Alors tu paies plus par année, mais tu ne donnes pas beaucoup d’années. Une alternative à ce genre de joueur autonome est d’acquérir des vétérans surpayés avec une année ou deux de contrat restantes venant de clubs qui doivent libérer du salaire. Un peu comme l’échange Monahan, et le CH pourrait en plus obtenir des choix pour prendre ces joueurs.

Il y a plusieurs options ouvertes pour Hughes, comme de conclure un autre échange du type Dach et Newhook. Il faut aussi se rappeler que des jeunes joueurs peuvent surprendre au travers de tout cela, comme Struble cette année, même si pour moi ce n’était pas une surprise, ou bien Slaf qui a progressé de manière subite et marquée. Qui nous dit qu’un gars comme Roy, qui n’aura 21 ans qu’en août prochain, ne fera pas un bond en avant significatif. Il montre des éclairs de ce potentiel, mais il est mal entouré actuellement. Que pourrait-il faire avec Dach comme joueur de centre la saison prochaine? Ce n’est qu’un exemple. Où en seront Mailloux et Reinbacher en octobre prochain? Voilà. Les partisans et les médias sont sur la déprime, mais si on regarde un peu plus loin, il y a de la place pour l’optimisme. Une reconstruction en bonne et due forme ça prend du temps.

Hutson et la compétition en défense chez les Canadiens

Je me suis tapé tout le match USA-Suisse aujourd’hui. Une raclée de 11-3 en faveur des Américains. J’ai regardé le match pour suivre Lane Hutson et mettre un peu à jour mon évaluation de celui-ci. J’ai aussi regardé un montage sur YouTube de toutes ses présences contre la Norvège lors du match précédent. Constat? Mon évaluation est similaire, même peut-être un cran à la baisse. Je ne vois pas ce jeune comme assurément un futur joueur de la LNH. S’il y parvient, il devra progresser dans plusieurs aspects de son jeu. Sa seule force vraiment supérieure et qui le démarque est la qualité qu’il a, depuis le poste de défenseur en zone offensive, à bouger latéralement en gardant la possession de la rondelle, en la protégeant, tout en étant capable de repérer des options de passes pendant qu’il effectue ce mouvement. Ceci dit, même cette qualité particulière serait mise à rude épreuve dans la LNH face à des joueurs plus rapides et plus forts physiquement.

D’ailleurs, sur le 3e but de la Suisse, il était seul devant son gardien avec un rival pas mal plus costaud que lui. Celui-ci l’a facilement repoussé avec de recevoir la rondelle et de marquer. Le costaud suisse a tassé Hutson très facilement. Je n’imagine même pas ce que ce serait dans la LNH s’il passait professionnel en fin de saison. En passant, malgré le déluge de buts pour les Américains, Lane n’a inscrit aucun point, même pas une passe secondaire.

Bien sûr il ne s’agit que de deux matchs. Je n’y vais pas d’un jugement définitif, et je vais regarder d’autres matchs, peut-être fera-t-il mieux dans les matchs à venir, mais ce que j’ai vu à date correspond à l’idée que j’avais de ce joueur. Oui ses stats offensives dans la NCAA sont impressionnantes, mais il lui reste encore bien du chemin à faire et cette route mène vers une destination incertaine. Je peux dire que ceux qui le placent au sommet de la liste d’espoirs du CH n’ont pas la même vision, ni la même compréhension du hockey que moi, et encore moins si on projette Hutson au hockey de la LNH.

Je n’ai pas de boule de cristal, mais pour moi, il me semble clair qu’il doit au minimum jouer la saison prochaine en NCAA. Il n’est pas prêt à passer chez les pros, même pas à Laval. Ce jeune a besoin de maturer physiquement, de gagner de la force et d’améliorer son coup de patin. D’aucune façon il pourra déloger Guhle, Matheson ou Struble, ni même Harris et Xhekaj. Pour moi il est un espoir dans la catégorie des Trudeau et Engstrom, peut-être même un Norlinder ou un Beaudin. Vous trouverez peut-être que j’y vais fort avec ces comparaisons avec Norlinder et Beaudin? Peut-être, mais pour moi ça demeure une possibilité. J’ai déjà écrit ici que je voyais le plancher de Hutson comme défenseur de 3e paire et spécialiste de l’avantage numérique, mais je n’en suis plus si sûr. Prenez l’exemple de Nicolas Beaudin. Il a obtenu 25 points en 39 matchs avec Laval l’an passé et un différentiel de +17, et ce, à 23 ans. C’est encore jeune pour un défenseur. Tu regardes les stats et l’âge de Beaudin l’an dernier et tu te dis que ce gars-là a encore une chance de finir par percer dans la LNH. Cette année il n’a joué que 13 matchs avec Laval et on vient de lui permettre d’aller jouer pour le Canada à la Coupe Spengler. Ça ressemble à un club qui ne croit plus en ce joueur et qui lui permet d’aller se faire voir en Europe.

Là où je veux en venir c’est que les stats sont une chose, la capacité de jouer comme défenseur dans la LNH en est une autre. Beaudin est un ancien choix de fin de 1e ronde en 2018. On a donc déjà vu un très bon potentiel dans ce joueur. Aussi, Chicago l’a pratiquement donné au CH en retour de Cam Hillis, un flop choisi juste avant Jordan Harris, aussi en 2018, et qui joue aujourd’hui dans la ECHL.

L’exemple de Beaudin est analogue à celui des attaquants qui peuvent produire un point par match dans la LAH, qui y jouent sur le top-6 et en avantage numérique, mais lorsque rappelés dans la LNH, ils sont confinés sur le 4e trio car ils ne peuvent déloger les gars qui sont déjà sur les premiers trios. Entre un Beaudin et un Struble sur la 3e paire à Montréal il n’y a même pas de questions à se poser, et en jouant régulièrement dans la LNH, à cause de sa force en défensive, Struble pourra progresser et éventuellement jouer sur la deuxième paire. Beaudin lui n’aura jamais cette chance car il n’a pas le profil pour commencer sur la 3e paire et ne peut devancer personne sur les deux premières paires.

Pour en revenir à Hutson, c’est vraiment là où je me questionne sur quel est le parcours réaliste pour lui. Oubliez ceux qui rêvent avec des comparaisons avec Quinn Hughes et Adam Fox. Si Hutson arrive à ce niveau un jour, le processus sera plus long que pour Hughes et Fox. D’ailleurs, Adam Fox, lui, a joué trois ans à Harvard. Si c’était bon pour lui, pourquoi ça ne le serait pour Hutson? Aussi, Fox mesure 5’11 et pèse 185 lbs, Hutson ne peut que rêver d’atteindre ces mensurations un jour. De plus, Hughes et Fox sont des patineurs de très haut calibre. Du genre Mike Matheson, Hutson est très loin de cela aussi.

Dans les six défenseurs qui joueront pour le CH ce soir, tous sont plus rapides que Hutson, à part peut-être David Savard, et ça resterait à prouver. Tout ça pour dire que soit j’erre totalement dans mon évaluation, ça demeure possible, ou bien il y en a qui vont être déçus, du moins il devront patienter beaucoup plus qu’ils ne le pensaient. Si Hutson devient un défenseur d’impact un jour, ce sera bien plus long que certains ne le pensent. N’allez pas penser que Saint-Louis va faire des gros passe-droits dans la durée pour Hutson. Oui un Farrell a pu jouer en fin de saison l’an passé car l’ordre venait de Hughes pour que Farrell accepte de signer avec le CH. Slaf a lui aussi eu un passe-droit, mais bon, Hughes voulait voir son nouveau jouet de près tout de suite. Malgré tout, quand ça compte vraiment, MSL y va au mérite pour choisir les joueurs qui sont dans l’alignement. Pour l’utilisation, ce n’est pas toujours au mérite, un gars comme Gallagher joue plus qu’il ne le devrait, mais il est un boulet avec lequel MSL doit composer.

Ce soir c’est Kovacevic qui ne jouera pas car Saint-Louis a dit que Struble jouait trop bien pour être sorti de l’alignement. Cette compétition chez les défenseurs ira au mérite pour une place dans l’alignement. Struble joue à gauche, Harris est tassé à droite, Kovacevic est hors de l’alignement et Xhekaj est à Laval, et ce n’est que le début avec les Mailloux et Reinbacher qui pousseront l’an prochain. Alors Hutson n’aura pas de passe-droit si jamais il faisait la folie de prendre la voie rapide. Il aura beaucoup de compétition. C’est une raison supplémentaire pour le renvoyer dans la NCAA, le laisser travailler et maturer. Pendant ce temps il y aura des échanges avec le grand club, et le portrait va s’éclaircir un peu pour 2025/26. Ils ne joueront pas tous pour le Tricolore, et ceux qui joueront pour le club n’y joueront pas tous à long terme. L’idée c’est de garder les meilleurs et l’organisation est en très bonne position pour laisser cette compétition aller patiemment. Aussi, le besoin d’améliorer le groupe d’attaquants du club pourrait mener à un gros échange impliquant un défenseur important.

Les perspectives pour l’attaque des Canadiens

Il y a bien des interrogations actuellement sur ou s’en va l’attaque des Glorieux. Je ne surprendrai personne en disant qu’en cette matière il faudra encore faire appel à la patience. Tu ne peux pas avoir des joueurs sur le top-6 comme Anderson et Slaf qui sont aussi improductifs et penser faire les séries. Anderson ne fait pas partie du futur du CH, alors que dans dans le cas de Slaf on a encore espoir et on attend que HuGo et MSL sortent de leur bulle un peu délirante par rapport à ce jeune. Je parle bien sûr du fait qu’ils le garderaient à Montréal car il a trop de faiblesses, alors que la réalité c’est qu’il n’est juste pas assez mature, simplement pas prêt pour ce calibre de jeu. Ça va trop vite pour lui et ça frappe trop fort. Le premier pas devrait être de l’envoyer au Championnat Mondial Junior dans environ un mois, là il pourra prendre une pause de Montréal, et finalement jouer dans le bon calibre, soit du junior de haut niveau et la Slovaquie aurait un bon club si on ajoute Mesar et Dalibor Dvorsky.

D’ailleurs, quand je parle de jouer dans le bon calibre de jeu, Dvorsky est un autre très bon exemple de cette nécessité. Il était mon choix pour le CH en première ronde au dernier repêchage. Il a commencé la saison en Suède, en première division (SHL), et il ne produisait pas, aucun point en dix matchs. Finalement il a quitté la Suède et une bonne ligue professionnelle pour l’Ontario et le calibre junior majeur canadien (OHL). Un peu comme pour Mesar, tout d’un coup un espoir qui semblait décevant a retrouvé son lustre. Dvorsky a une fiche de 15 points en 12 matchs avec Sudbury. On ne parle pas encore de domination, mais le jeune en est à sa première expérience avec le jeu nord-américain. Il va continuer de progresser, né un 15 juin, il était parmi les plus jeunes joueurs de son repêchage.

Les cas de Mesar et Dvorsky, deux Slovaques, montrent tellement ce qu’aurait du être le chemin suivi par Slafkovsky. Pourquoi est-ce que ça crève mes yeux assis dans mon sous-sol au côté du poêle à bois, mais que Hughes, Gorton et Saint-Louis n’ont pas pu voir ça? Voilà une question importante et inquiétante par rapport au jugement de ces trois hommes de hockey.

Pour revenir à l’attaque du CH, il semble assez clair maintenant que même si Slaf fini par débloquer, ce sera dans deux, trois ou même quatre ans. On risque de voir Joshua Roy avoir un impact à Montréal avant Slafkovsky. Sinon le noyau à l’attaque est composé de Suzuki, Caufield, Dach et Newhook. Dach est en train de perdre une année entière d’expérience. Newhook semble s’enligner pour une saison de 45-50 points à 22/23 ans. Pas mal, à maturité on peut envisager un ailier de 55-70 points qui serait bon sur un 2e trio, un espèce de Tomas Tatar à son mieux, avec peut-être une petite coche de plus et de la production en séries.

Suzuki, lui, à 24 ans, approche de la maturité complète. Il est déjà un centre d’un point par match. Le CH dans son modèle de reconstruction n’a pas besoin d’un centre vedette à la Matthews ou McDavid, ce qu’il faudrait c’est un deuxième centre d’un point par match et donc deux premiers trios aussi productifs un que l’autre. Dach a montré qu’il a le potentiel pour être ce joueur de centre, mais sa grave blessure est un fort pas de recul et ça chamboule les plans en retardant son évaluation complète, car ce joueur de seulement 22 ans est incapable de demeurer en santé et je n’ai pas aimé la façon dont il a été blessé. Il n’aurait jamais dû se faire frapper aussi durement par un lambin comme Jared Tinordi. Les blessures demeurent un vrai problème pour cette organisation, et cette année on s’aperçoit que ce n’était pas dû au personnel médical de l’équipe qu’on a remplacé. Les joueurs se protègent mal, et certains sont assez imbéciles pour tenter de revenir trop tôt et mentent aux médecins et aux thérapeutes pour ce faire. Harvey-Pinard est le dernier cas en date, il est revenu au jeu trop tôt, et là, il en a pout six à huit semaines avant de pouvoir revenir.

Pour revenir aux perspectives de l’attaque du Tricolore, comme on peut le voir, si on enlève les vétérans de l’équation, le CH est mince à l’attaque pour le moment car il y a de nombreux points d’interrogation. Caufield manque lui aussi de maturité physique et en arrache à cinq contre cinq. La seule vraie valeur sûre à 100% chez les attaquants demeure Suzuki. Il est bon, mais en même temps pas le joueur le plus excitant. Donc, pour le moment ça donne ceci:

Caufield-Suzuki-(Roy)
Newhook-Dach-(Slaf)
Ylonen-(Beck)-RHP

Les trois joueurs entre paranthèses sont très prometteurs, mais doivent confirmer leur valeur aux positions indiquées.

À cela s’ajoutent Mesar, Heineman, Tuch, Kapanen et Farrell. À noter que Tuch, maintenant âgé de 21 ans, débloque cette année en NCAA. Il a une fiche de 13 points en 12 matchs, similaire à Lane Hutson, mais deux ans plus vieux et l’autre est défenseur, quand même, c’est encourageant dans son cas. Il est donc un espoir légitime et un rare gros attaquant dans le pipeline du CH. Cela augmente assurément sa valeur et il sera important de réussir à le mettre sous contrat. Ça ne devrait pas être très difficile car le besoin du club pour un joueur dans son genre est clair. Il sera facile de lui faire valoir que l’opportunité est là pour lui.

Ce portrait peu sembler un peu déprimant car il manque de joueurs excitants, mais si on analyse plus en profondeur on peut s’apercevoir que ce n’est pas vraiment le cas. La raison pour cet optimisme de ma part repose sur le fait que le club montréalais est assis sur un amas d’actifs qui pourront permettre d’améliorer la situation à l’attaque assez rapidement. Aussi, le club effectue une reconstruction de l’arrière vers l’avant, et les avants sont les joueurs qui nécessitent le moins de temps pour atteindre leur plein potentiel. Actuellement on développe la défense, ce qui prend plus de temps, et les bons attaquants pourront arriver un peu plus tard pour compléter le tableau.

Donc, HuGo se retrouvent avec Monahan, Anderson, Dvorak, Pearson, Savard et Allen comme monnaie d’échange d’ici la date limite des transactions. Ces joueurs, s’ils restent en santé, devraient pouvoir rapporter deux choix de fin de 1e ronde et deux choix de 2e ronde, plus quelques choix plus tardifs. Le surplus de jeunes défenseurs devrait aussi servir à compléter des échanges. Un gars comme Jordan Harris pourrait y passer. Le CH qui a déjà trois choix de 1e ronde et trois choix de 2e ronde pour les deux prochains repêchages se retrouverait avec cinq choix de 1e ronde et cinq choix de 2e ronde plus cinq choix de 3e ronde au minimum lors des deux prochaines années. Le club pourrait donc être agressif en combinant des choix pour s’avancer en 1e ronde, ou être en mesure de faire des offres très alléchantes pour d’autres très bons jeunes avants. Il y a plein de combinaisons possibles, mais ce qui est clair c’est que le club a les munitions pour aller à la guerre. Il s’agit juste de conclure les bonnes transactions. Mais il me semble que le CH est en mesure avec tous ces actifs d’ajouter trois très bons espoirs en attaque, soit par voie d’échange pour des jeunes joueurs déjà repêchés, ou en repêchant plusieurs fois dans le top-12. Avec trois jeunes très bons jeunes espoirs de plus dans le pipeline, ce ne serait qu’une question de temps pour qu’u très bon top-9 voit le jour. Ceci dit, ça n’empêcherait pas le club d’acquérir quelques vétérans l’été prochain pour servir de pont pour l’intégration de jeunes joueurs. Le club aura l’espace salarial pour faire un nouvel échange à la Monahan, ou signer un joueur autonome de qualité pour un an ou deux, même s’il faut l’attirer en surpayant un peu. Avec la floppée de jeunes sur des contrats de recrue, le CH a cette latitude. Ceci dit, il est clair que le club est encore à au moins trois ans de devenir un club vraiment solide qui peut aspirer aux séries à chaque année. Aussi, il faudra voir où mènera l’expérience Martin Saint-Louis. Je n’ai jamais partagé l’enthousiasme générale pour l’entraîneur-chef du CH. Je reste à être convaincu qu’il a ce qu’il faut. Malgré tous les éloges qui lui ont été faits, la progression du club est difficilement perceptible depuis son arrivée. La saison actuelle a encore le potentiel de virer à la débâcle.

État de la situation en ce début de saison

Premier match de la saison hier et on a vu qu’un vrai match de la LNH avec des alignements complets c’est bien différent d’un match pré-saison. Tout va plus vite, ça frappe plus fort, il n’y a plus de retenue. Des jeunes comme Matthew Knies et Fraser Minten qui avaient impressionné pour les Leafs en matchs pré-saison contre Montréal ont été quasi invisibles hier soir. Je nomme deux avants des Leafs car ils ont fait le club, ce que des Roy et Heineman n’ont pu faire pour le CH, mais pour moi ça montrait bien l’écart de niveau de jeu, alors imaginez ce qu’est cet écart lorsqu’on parle du saut du junior ou de la NCAA vers la LNH. C’est un énorme saut, demandez à Sean Farrell ce qu’il en pense. Ce n’est qu’un exemple, mais pour moi ça montre bien la difficulté pour un jeune joueur de faire ce saut avec succès. Selon moi, Minten, 19 ans, sera retourné dans la OHL après quelques matchs. On a probablement voulu le récompenser pour un très bon camp tout en lui faisant voir ce qu’est la LNH lors de vrais matchs contre des équipes complètes qui jouent pour vrai. Ça permet de mieux comprendre pourquoi Mailloux et Roy sont à Laval. Il vaut mieux y aller pas à pas avec ces jeunes. On l’a vu avec Slafkovsky l’an passé, monter trop vite est contre productif. Il n’y a rien à gagner à une graduation trop rapide.

Assez parlé de Toronto, du côté de Martin Saint-Louis, il a pris des décisions d’ancien joueur qui respecte les vétérans, et donc, la hiérarchie du vestiaire. Il a choisi Allen pour le premier match et cela a probablement coûter la victoire. Ceci dit, je ne conteste pas sa décision. Il donne la chance à son vétéran, ensuite il donnera la chance à Montembeault, alors que Primeau devra compter sur un mauvais début de saison d’un des deux gars devant lui pour avoir sa chance, ou bien une blessure pourrait lui ouvrir la porte. Je pense que c’est la bonne façon de faire.

En défense on voit que David Savard est plus lent que jamais, mais son poste n’est pas en danger. Il arrive encore à compenser par le style de jeu qu’il pratique et par son expérience et son calme. Pour le reste de la défense Matheson et Guhle sont indélogeables, Kovacevic assez bien établi pour le moment, alors qu’il y aura de la compétition entre Harris, Xhekaj et Barron. On risque de voir une rotation. Il est très tôt pour porter un jugement, mais des trois, Harris est celui dont l’avenir à Montréal me semble le plus incertain. Il n’a pas très bien paru au camp, et son match d’hier a été correct, sans plus. Vous ne serez pas surpris si je vous dis que je le trouve petit et à court dans les batailles physiques le long des rampes et devant le but. Pour moi, à date, Harris est un espèce de Victor Mete en un peu plus gros et meilleur, mais pas par une très grande marge. Si Hughes ne fait pas de sentiment, il pourrait être un de ces jeunes défenseurs gauchers qui seront échangés d’ici deux ans. Je suppose que l’évolution des Trudeau, Norlinder, Struble et Engstrom jouera un rôle dans cette décision. Si un de ceux-ci domine sa ligue cette année, il forcera, à terme, une prise de décision. Ceci dit, pour résumer l’état de la défensive du CH, on peut dire que contrairement à l’offensive, il n’y a pas vraiment de bois mort et de cas problématique. Savard ne nuit pas à l’équipe. Il lui reste une dernière année de contrat l’an prochain, et dans l’intervalle il donne le temps aux Mailloux, Reinbacher et Barron de mûrir. En d’autres mots, le CH est gras dur en défense pour un club à ce stade de son processus de reconstruction. Si la défense gagne des championnat, je pense que le club a la qualité et la quantité pour y parvenir dans quelques années. La suite sera simplement un processus compétitif de sélection entre tous ces très jeunes prétendants.

À l’avant la situation est moins rose. Il y a du bon, du moyen et du mauvais. Ce n’est pas problématique à ce stade-ci du processus, mais il y aura clairement de l’élagage à faire en cours de saison et du bois mort à ramasser. Une analyse objective de la situation mène à penser que le CH s’oriente vers un club basé sur quatre bons trios mais sans super vedette. Il n’y a pas de Matthews dans l’organisation montréalaise, mais ce n’est pas grave selon moi car le hockey est un sport d’équipe où il faut de l’équilibre, de la profondeur et de la cohésion. On l’a vu hier, les maillons forts des Leafs sont très forts, mais les maillons faibles sont trop faibles. Dans le cas montréalais, on se dirige clairement vers un modèle où le maillon le plus faible sera en fait un maillon de bonne qualité, au-dessus de la moyenne. On se dirige vers un club sans faiblesse flagrante, mais sans attaquants très dominants. Ceci dit, Kirby Dach donne des signes très encourageants. Pourrait-il devenir une espèce de Ryan Getzlaf d’ici deux ans, et le premier centre du CH? Ce n’est pas impossible du tout. Dans ce cas Suzuki deviendrait un centre #2 de luxe, une sorte de centre #1b. Montréal aurait sa version du duo Bergeron-Krejci, ou bien Getzlaf-Kessler. Vous voyez ce que je veux dire, deux très bons centres complets, mais pas des Crosby ou McDavid. Si vous ajoutez Owen Beck d’ici deux ans comme troisième centre vous êtes en voiture pour dix ans à cette position. Si Dvorak revient en bonne forme, ça permettra à Saint-Louis de placer Monahan à l’aile jusqu’à la date limite des transactions où Dvorak pourrait être échangé.

La position d’ailier est plus problématique à ce stade-ci du processus. Le CH n’a pas pour le moment d’ailier complet élite. Il a un très petit buteur spectaculaire en Caufield qui doit encore prouver qu’il peut jouer une saison complète. Caufield c’est une sorte de Lane Hutson qui joue à l’aile et orienté comme buteur. Heureusement pour lui il est ailier, cela pourrait devenir une option pour Hutson et là je serais beaucoup plus optimiste et enthousiaste à son sujet. L’aile c’est une position où on peut « cacher » un très petit joueur comme Caufield. Ceci dit, Hutson est plus grand que Caufield, mais toujours pas mal plus léger, mais à terme ça pourrait devenir une option pour lui, la position d’ailier étant la moins difficile défensivement et celle où un joueur moins physique peut s’en tirer s’il a le flair pour éviter les mauvais coups. Pour revenir à Caufield, celui-ci n’a que 22 ans et j’espère le voir gagner encore un peu de poids et de force. Comprenez bien que je ne tente pas de dénigrer Caufield, juste d’avoir une vision réaliste du joueur. Il est purement offensif, donc incomplet, mais tant qu’il pourra marquer des buts à un rythme élevé et éviter les blessures il sera un atout pour le club. Son talent de buteur est exceptionnel et prouvé au niveau de la LNH. C’est déjà beaucoup.

Sinon le club a un ailier qui est à l’autre extrême du spectre en Slafkovsky. Il montre des signes de progression depuis le début du camp, mais il y a encore bien des choses à améliorer. Dans son cas je ne peux pas me plaindre qu’il est trop petit, mais c’est parfois à se demander s’il n’est pas trop gros. Il a probablement toujours dominé physiquement dans les calibres inférieurs, et dans la LNH il semble parfois surestimer sa force et se protège mal. Ceci dit, il est clair qu’il a le potentiel pour devenir une bête dans cette ligue avec plus d’expérience. Il a plusieurs atouts, mais il lui reste à mettre tout ça ensemble. Je persiste à penser qu’il n’aurait jamais dû jouer à Montréal l’an passé, et cela a joué dans mon négativisme à son égard. Même s’il devient le joueur espéré, jamais je ne penserai que c’est à cause qu’il a joué dans la LNH à 18 ans. En fait, selon moi, ce sera malgré cela.

Autrement il y a Newhook, la nouvelle acquisition de Hughes. Si son premier match est un présage de ce qui suivra, ce sera un autre bon coup de l’ancien agent de joueurs. Une chose est sûre, Newhook a un coup de patin supérieur, ça pourrait bien cadrer avec un centre cérébral comme Dach. Un match est un très faible échantillon, alors on verra pour la suite. Il y a un autre petit ailier a très bien fait hier, je parle bien sûr de Raphael Harvey-Pinard, il n’est pas gros, mais il est assez costaud et il sait bien se protéger sur la glace. Ça le distingue d’un jeune Gallagher à qui on l’a souvent comparé. RHP n’a pas ce style kamikaze, même s’il n’a qu’une façon de jouer et c’est avec un effort maximum en tout temps. Il est très responsable défensivement et a un flair certain en attaque. Je m’attends à le voir faire mentir ceux qui doutent encore de lui. Aussi, je m’attends à le voir progresser encore car il a peu d’expérience au niveau de la LNH. L’expérience rentre donc encore. C’est le genre de joueur vers lequel un entraîneur va toujours revenir. D’ici deux ans il sera un gars qui se promènera entre le 3e et le 2e trio au gré des circonstances. Ylonen semble aussi bien progresser, il a la vitesse élite, et un lancer supérieur. MSL lui donne maintenant des responsabilités défensives, du temps en désavantage numérique. C’est un autre joueur qui est en train de s’acclimater au calibre de la LNH. Sa capacité d’adaptation déterminera jusqu’où il pourra se rendre.

Voilà, dans l’alignement actuel je ne vois que ces ailiers dans les plans futur du CH. Il est clair que Gallagher et Pearson ne font pas partie de ce futur. Ça laisse Josh Anderson sur la clôture. Il a 29 ans avec trois autres années de contrat après cette saison. Il n’est pas un fardeau pour le club, il a encore sa vitesse supérieure et son gabarit imposant. Alors il n’y a pas d’urgence à l’échanger. Dans son cas j’adopterais une position attentiste et idéalement opportuniste. En d’autres mots, si un club à la date limite est prêt à surpayer pour l’obtenir car il pense qu’il est leur pièce manquante, je n’hésiterais pas à conclure une telle transaction. Sinon, comme déjà mentionné, il n’est pas un fardeau pour le club et il apporte de la vitesse et du gabarit à un groupe d’attaquants assez limité de ce côté. Bien sûr, dans un monde idéal, après le temps des fêtes, Roy et Heineman viendraient prendre les places de Gallagher et Pearson. Ça donnerait ceci comme alignement sans Dvorak qui serait échangé:

Caufield-Suzuki-Roy
Newhook-Dach-Slafkovsky
Harvey-Pinard-Monahan-Anderson
Heineman-Evans-Ylonen

Comme vous le voyez, je demeure un partisan de Roy. L’an prochain Beck pourrait remplacer Monahan et éventuellement Kapanen pourrait remplacer Evans. Sinon, la relève à l’avant est limitée et le surplus en défense pourrait, à terme, servir à renforcer l’attaque. On peut voir malgré tout que c’est un groupe d’attaquants relativement petits, avec seulement Dach, Slafkovsky et Anderson comme gabarits imposants. Monahan, Suzuki, Roy, Heineman, et peut-être Evans et Ylonen sont ni gros ni petits, puis il y a Newhook, RHP comme petits et Caufield comme très petit. Donc, en définitive, le club a un groupe d’attaquants de taille moyenne. Je suis sûr que HuGo, idéalement, voudront améliorer cet aspect, surtout que Anderson ne fait pas partie du plan à long terme. Voilà. C’est mon constat à ce stade-ci. Ça vaut ce que ça vaut. Je ne prétends pas avoir la science infuse.

Construire pour durer

J’ai parlé l’autre jour du fait que le CH, par la force des choses, se retrouve avec un pipeline très profond, mais sans future super vedette à la McDavid. À l’ère du plafond salarial, ce modèle n’est pas nécessairement vilain. Vegas vient de gagner une coupe sans joueur exceptionnel dans leur alignement. Ceci dit, Hughes a dit depuis son embauche que son but est de bâtir un club qui sera aspirant à la coupe de manière pérenne. Cela me porte à parler de nouveau d’une chose que j’ai souvent évoquée sur ce blogue, c’est-à-dire l’importance de ne pas dépenser ses actifs pour faire un coup sur le court terme et de viser l’établissement d’un processus de rajeunissement systémique à l’interne. Pour ce faire un pipeline profond est nécessaire, et s’il est bien géré, cela peut permettre une telle approche de gestion.

Bon j’ai pris un peu des grands mots pour exposer ma conception des choses, mais après mon exemple de tirage sur les feuilles de carottes pour expliquer mon approche patiente avec les espoirs, je vais y aller d’une autre comparaison agricole. En plus des carottes, je cultive aussi mon ail, et à mes premières années, à chaque automne je payais pour acheter de nouvelles gousses pour les semences et je mangeais l’ail que j’avais fait pousser. Ce processus était coûteux à chaque année et je me suis dit qu’il vaudrait mieux payer encore plus pour cultiver un surplus d’ail et utiliser le surplus pour semer pour l’année suivante et ne plus avoir à dépenser pour les semences. Donc, une partie de mon ail ne serait pas cultivé pour être mangé, mais bien pour soutenir une production autosuffisante année après année.

Si on applique cet exemple à la gestion d’un club de hockey, il est important de noter que la seule façon par laquelle ça pourrait fonctionner, c’est si un club a un surplus de bons joueurs dans son organisation, ça inclut tous les joueurs, vétérans, jeune vétérans, jeunes joueurs au niveau de la LNH, espoirs et même la banque de choix au repêchage. Si un club a un bon surplus il lui est possible de gérer en visant l’autosuffisance car il y a un nombre de places limité avec le grand club, et le respect du plafond salarial limite aussi le type de joueurs qui peuvent cadrer dans un alignement. En d’autres mots, tu peux avoir des hauts salariés, mais il faut aussi des bons joueurs à salaire plus abordables pour monter un club aspirant, d’où l’importance d’avoir des jeunes joueurs de qualité qui peuvent donner de bonnes saisons à un coût raisonnable. Le CH espère ce genre de saisons actuellement de Kirby Dach, Alex Newhook, Mike Matheson, Kaiden Guhle, Jordan Harris et quelques autres. Mais, si ces joueurs s’épanouissaient de manière importante dans les années à venir, le club ne pourrait pas tous les garder avec des augmentations salariales importantes. C’est là qu’un pipeline profond entre en jeu. Si la relève est bonne, le club peut échanger un très bon joueur au sommet de sa valeur en sachant qu’il a des jeunes pour assurer la suite, ou qu’il a les actifs pour acquérir un autre bon jeune joueur pour remplacer celui qui part. Mon surplus de gousse d’ail évoqué plus haut, ça fait partie de ce que j’ai souvent appelé la masse critique de talent. C’est le fait d’avoir tellement de bons joueurs dans une organisation, des espoirs aux vétérans, pour pouvoir vraiment gérer avec les ressources internes le roulement de personnel au fil des ans tout en maintenant un club aspirant.

Ce modèle est l’inverse de ce que Toronto a fait avec cinq joueurs vedettes à forts salaire et le reste du club étant un ramassis de toutes sortes de joueurs, sans compter que Toronto a constamment dilapidé ses hauts choix de repêchage pour obtenir de l’aide à court terme pour les séries. Il y a aussi la méthode Julien Brisebois à Tampa Bay. Il a hérité d’un très bon club de Yzerman bâti par le repêchage, mais quand il a approché de la coupe, il a décidé lui aussi de renoncer à maintenir un repêchage de qualité et a décidé d’acheter des joueurs de soutien de qualité en échangeant ses hauts choix. Les exemples de ce type d’échanges par Tampa sont nombreux, les plus récents étant les acquisition de Tyler Jeannot et Brandon Hagel, mais Brisebois avait fait de même pour David Savard, Barclay Goodrow, Blake Coleman, Ryan McDonagh et JT Miller. Tout ça sans compter un joueur comme Alex Killorn qu’ils a décidé de garder une année de trop et qui a mené à sa perte pour rien en retour comme joueur autonome sans compensation.

Je pense qu’un club avec suffisamment de profondeur organisationnelle peut éviter de tomber dans ce genre de pièges et quand même finir par gagner la coupe. Prenez Toronto, ils sont maintenant à la merci de Matthews et Nylander. Si ces deux joueurs refusent de prolonger leur contrats, les Leafs seront forcés de se lancer de nouveau dans une reconstruction, et ce, sans rien avoir accompli. Au moins, Tampa, malgré un club en déclin et un pipeline presque vide, a deux coupes pour justifier les gestes qu’ils ont posés. Finalement, le but de ce texte c’est qu’à mon avis HuGo ont les mains pleines. Non le CH ne gagnera pas la coupe la saison prochaine, mais si les dirigeants gèrent bien tous les actifs qu’ils ont actuellement, incluant la banque de choix et la flexibilité salariale, ils ont ce qu’il faut pour établir un club gagnant et aspirant à la coupe qui pourrait maintenir ce statut pendant longtemps. Oui la valeur du pipeline reste à confirmer, il y a un intervalle de possibilités entre le plancher et le plafond, mais si ce pipeline ne dépassait pas de beaucoup le plancher, ce serait quand même pas mal bon, et si ça s’approchait du plafond, alors il est sûr que la coupe reviendrait à Montréal dans la décennie à venir. Ceci dit le pipeline actuel est une chose, sa gestion en est une autre. Il faut espéré que Hugo sauront agir avec clairvoyance, patience et sagesse.